Il a fêté ses 30 ans le 8 février dernier mais n’a plus foulé une pelouse depuis le 25 avril 2021. La situation d’Ander Capa dérange les supporters de l’Athletic Club, qui n’hésitent pas à apporter leur soutien au latéral droit. Personne ne peut affirmer qui de la direction ou de l’équipe technique est fautive mais une chose est sûre : l’Athletic est tout sauf exemplaire dans cette affaire.
Ander Capa célébrait ses 30 ans au lendemain d’une victoire difficile de ses coéquipiers. Contre l’Espanyol lundi, les Leones sont parvenus à remonter un 0-1 pour finalement s’imposer à San Mamés par 2-1. Un succès de luxe permettant aux Basques de se rapprocher considérablement des places européennes. On se permet de rêver de jouer le jeudi soir à travers le Vieux Continent mais également d’imaginer, secrètement, une place en finale de Copa. En somme, tout semble aller pour le mieux à Bilbao depuis le début d’année.
Mais la situation d’un joueur tâche ce paysage idyllique. Ander Capa, reconnaissable à son large sourire et à la moustache qu’il arbore fièrement, est privé de terrain depuis la saison dernière. Sans que personne ne sache réellement pourquoi. Le 8 février sur EiTB, Xabi Eskurza, le représentant d’Ander Capa, a en tout cas assuré que son client « veut trouver un accord avec l’Athletic et renouveler pour les prochaines années. » Eskurza est d’ailleurs un ancien joueur du club basque, dans lequel il a joué plus de 130 matchs au début des années 1990. Questionné le même jour par Mundo Deportivo, l’autre latéral droit Oscar De Marcos a assuré que les « les joueurs compatissent de la situation d’Ander Capa et souffrent avec lui. »
Ander Capa a pris du temps à se révéler
Né dans la ville portuaire de Portugalete, Ander Capa rejoint le centre de formation de l’Athletic à l’âge de 10 ans. Les opportunités l’envoient finalement dans la province voisine du Gipuzkoa, où il débute avec l’équipe première de la SD Eibar en 2012. Le moustachu est un enfant du coin, qui n’a jamais quitté les frontières d’Euskal Herria. En mai 2018, il revient finalement à Bilbao pour tenter sa chance dans l’équipe qu’il a toujours soutenue. Les débuts sont cependant difficiles. L’Athletic est alors aux ordres d’Eduardo Berizzo et l’entraîneur argentin ne compte pas intégrer le Portugalujo dans ses plans. Jusqu’à l’arrivée de Gaizka Garitano – qui fut le coach de Capa lors de sa première saison à Eibar –, le mental du joueur est affecté et un risque de déprime se fait sentir.
En janvier 2019, soit un mois après la destitution de Berizzo, un journaliste d’EiTB l’interroge sur sa relation avec l’ancien coach. « Il est possible que j’ai senti qu’il n’avait pas confiance en moi, pose calmement le numéro 21, j’avais l’envie de jouer mais il ne m’a donné ni les opportunités ni la continuité pour le faire et cela m’a découragé », confie Ander Capa qui a pourtant continué de travailler sans relâche. La joie revient avec Garitano, qui met directement le latéral en confiance. Comme il l’avait fait à Eibar en 2012, Gaizka rappelle à Ander qu’il a toutes les qualités pour être sur le rectangle vert. Dès lors, les supporters découvrent véritablement un défenseur solide – 1 mètre 75 pour 75 kg de muscles – et capable d’accélérations brutales dans son couloir.
Des supporters qui ne peuvent que l’apprécier
L’une des actions les plus mémorables du latéral a sans doute eu lieu le 16 août 2019. Lors du premier match de la saison, Ander Capa profite d’une une-deux en touche pour s’élancer rapidement vers le point de corner du Barça. Au moment opportun, il frappe du pied droit un centre qui arrive sur un certain Aritz Aduriz. La suite de l’action est l’une des plus connues. L’attaquant réalise une mémorable retournée acrobatique, signant ainsi le dernier but de sa longue carrière en Espagne. Par cette passe décisive, Capa est lié au joueur le plus apprécié de l’histoire récente du club basque. Pour les supporters, ce n’est pas anodin.
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La personnalité joyeuse du Portugalujo participe également à sa bonne réputation. Malgré la concurrence entre lui et De Marcos – également apprécié des supporters depuis les grandes heures de l’Athletic en Europa League –, les Athleticzales ont hâte de voir l’assurance que démontre Ander Capa peu importe l’adversaire. L’homme de 30 ans est également passeur décisif en avril 2021, pour son dernier match en date. Dès la 7e minute de jeu, le latéral combine avec Alex Berenguer et lui adresse finalement un centre dévié que l’ailier reprend parfaitement de la tête. L’ancien du Torino ouvre le score et l’Athletic s’imposera par 2-1 face à l’Atlético de Madrid.
Une blessure et puis plus rien
Mais c’est également durant ce match que tout a basculé pour Capa. Il est remplacé à la mi-temps après une violente blessure au genou droit, causée involontairement par la chute de son compagnon de toujours Dani García. Lorsque la déchirure partielle de son ligament est confirmée, les supporters apprennent avec regrets son absence pour deux à trois mois. Ce sera finalement plus du triple puisque dix mois plus tard, le natif de Portugalete n’a toujours pas remis sur le pied dans une rencontre officielle. Pourtant, au moment de sa blessure, Ander Capa enchaînait les bonnes prestations.
Au moins jusqu’à avril, sa place dans l’équipe n’est d’ailleurs pas remise en question par l’arrivée de Marcelino – qui avait remplacé Gaizka Garitano en début d’année 2021. Mais lors de la présaison estivale, alors que les médecins lui donnent le feu vert, Ander Capa est mis de côté et ne tarde pas à se blesser de nouveau, cette fois aux ischio-jambiers. À la fin du mois d’août, il prend place sur le banc pour ne plus jamais le quitter. En octobre, les médias spécialisés commencent à s’interroger sur le « cas Capa » et apparaissent les premières rumeurs concernant sa mise au placard.
Le contrat d’Ander termine en juin 2022 et aucun accord n’a été trouvé. Joueur et direction n’arriveraient donc pas à s’entendre car le latéral voudrait un salaire trop important. De ce fait, Ander Capa serait mis sur le banc en guise de punition. Mais cette version ne convainc pas tous les supporters. Du propre aveu du défenseur, l’Athletic « est l’équipe de sa vie », il paraît donc surprenant qu’il soit prêt à la quitter dans ces conditions.
Marcelino à la rescousse de la direction ?
Dans un contexte électoral – les socios voteront pour la présidence de l’Athletic avant l’été –, la situation de Capa fait tache. Elle s’ajoute aux nombreux reproches faits par les supporters à l’égard de l’actuel président Aitor Elizegi. Il est ainsi accusé d’avoir donné pour consignes à Marcelino de ne pas aligner le joueur jusqu’à ce qu’il accepte de prolonger selon les conditions posées par l’ancien chef cuisinier. Avec l’espoir de mettre fin aux rumeurs, l’entraîneur a pris la parole début novembre pour clarifier la situation du latéral droit. « J’aimerais que tout le monde comprenne ceci, si Capa ne joue pas, c’est que j’ai pris cette décision », assène l’ancien coach du Valencia. « Si le club ne veut pas qu’il joue, alors il ne le mettrait pas à ma disposition », a poursuivi Marcelino, affirmant que chaque décision sportive est prise par lui, et lui seul.
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Lors de cette conférence de presse, le coach a justifié son choix par les lois du football. « C’est ainsi qu’est fait ce sport. Quand un joueur se blesse, un autre le remplace et si l’équipe gagne, il reste en place », fait savoir Marcelino, rappelant au passage ses vingt ans de métier. De ce fait, il a également affirmé prendre en compte les besoins de ses Leones et qu’un départ de Capa sera envisagé si le latéral le souhaite. Le fait est qu’Ander n’a pas quitté l’Athletic cet hiver et qu’il est désormais libre de négocier avec n’importe quelle équipe depuis janvier.
Ander Capa toujours soutenu par les supporters
Par son intervention, Marcelino a donné l’impression de défendre la direction. Quelques semaines plus tard, cette dernière a pourtant fait savoir qu’elle ne se représentera pas pour un second mandat. De son côté, Ander Capa est toujours dans l’attente de ses premières minutes de jeu. La situation devient gênante pour les supporters, qui ne comprennent toujours pas pourquoi un joueur de cette qualité est traité ainsi. Lors de la récente victoire contre l’Espanyol, nombreux sont ceux à avoir donné de la voix au slogan « Ander Capa askatu » (Libérez Ander Capa, en Français).
C’est donc au lendemain de ce match que le principal concerné a pris la parole sur les réseaux sociaux. Alors qu’il fête ses 30 ans, Ander Capa a tenu à remercier les supporters. « C’est grâce à vous que je garde le sourire, car il n’y a pas de meilleurs supporters. Ce sont eux qui ne m’ont jamais abandonné et qui ont cru en moi quand j’en avais le plus besoin », a-t-il ainsi remercié ses soutiens sur Instagram. La publication a été très bien reçue et même Raúl García n’a pas manqué de la commenter, quand Núñez, Yeray, Iñigo ou encore Iñaki l’ont aimée. « Ce soutien est vital pour lui », a ensuite assuré l’agent du joueur.
— ANDER CAPA (@AnderCapa) February 8, 2022
Traiter ainsi un joueur est pourtant à l’opposé des valeurs d’exemplarité que souhaite véhiculer l’Athletic. À ce jour, ni Marcelino ni la direction n’ont repris la parole au sujet du latéral. Les supporters se permettent cependant de rêver d’un prochain président qui rétablira le dialogue avec Ander Capa. Avant qu’il ne soit trop tard. Car un bon joueur en fin de contrat ne passe jamais inaperçu et le Torino comme Mallorca ont déjà fait savoir leur intérêt…
Jérémy Lequatre-Garat
@Euskarade
