L’Atlético : Au Bout Du Rouleau ?

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Depuis le début de saison l’Atlético de Madrid déçoit. Partis favoris, les Colchoneros ne trouvent pas la formule. Après avoir enchaîné les matchs nuls et connu une nouvelle défaite ce week-end, face à Mallorca, le club madrilène doit absolument se ressaisir. Sans quoi, l’équipe du Cholo Simeone ne verra même pas les lueurs de l’Europe après l’hiver.

Cela ne fonctionne pas. Avec plus d’une quinzaine de matchs dans les pattes, il est toujours impossible pour l’Atlético de Madrid de dégager une véritable identité de jeu, ainsi qu’une stabilité prévenant des buts encaissés, beaucoup trop nombreux par rapport aux saisons précédentes. Jan Oblak a été battu 16 fois en Liga, 7 en Ligue des champions, contre 25 sur toute la saison dernière en championnat, de quoi inquiéter sur les capacités défensives de cet Atleti new age. 

Les titulaires tournent et la motivation ne semble pas être au rendez-vous. Diego Simeone, lui-même, a admis que ses joueurs, après la dernière rencontre face à l’AC Milan (0-1), « auraient pu faire de meilleurs choix pour amener plus de situations de but. » Un schéma qui semble se répéter à chaque match des Colchoneros. Ce week-end, l’entraîneur Argentin, a même laissé sous-entendre qu’il ne savait pas vraiment ce qui clochait : « parfois, c’est difficile de savoir pourquoi plusieurs situations se répètent. Nous sommes dans une phase où nous devons réagir et contrer ce qui pêche. Avant cela n’arrivait pas d’encaisser deux buts, lorsqu’il y avait que deux tirs, mais maintenant cela arrive. »  Résultat : marquer est compliqué, défendre l’est tout autant et les Indios se retrouvent en grande méforme.

Une équipe instable…

Le club rouge et blanc patauge dans la mélasse. Si au classement, l’Atlético pointe à la 4eme place, et donc pas loin du top 3 (avec un match en retard), l’équipe traverse une crise importante. Aussi bien au niveau du jeu développé sur le terrain que dans la tête des joueurs. Car si certains comme Rodrigo de Paul sont bel et bien à la page, la majorité du groupe stagne. A tel point qu’un manque cruel de motivation est à dénoter sur le terrain. Les hommes du Cholo donnent même l’impression de sous performer, ou de ne pas chercher à se dépasser. Une notion pourtant présente, normalement, dans l’ADN de l’Atlético de Madrid, et connue sous l’appellation « grinta ».

Champions en titre, les Colchoneros ont démontré l’an dernier qu’ils étaient capables d’évoluer dans un système différent et dans une approche plus ambitieuse. Problème, face à des blocs bas, même censés être moins solides que ceux des « grandes » équipes, l’Atleti n’y arrive pas. Pire, les joueurs présents sur le terrain manquent de justesse technique, perdent beaucoup de ballons et n’arrivent pas à mettre la vitesse d’exécution nécessaire en transition. Certains pointent à moins de 80¨% de passes réussies (Joao Félix possède un ratio de 78,3, Correa 79,7% et Luis Suarez 74,9%). Tout cela sans compter les enchaînements dans la surface de réparation, et les occasions qui relèvent plus d’exploits individuels. Il y a péril dans la demeure rojiblanca et ce n’est pas la désormais célèbre assise défensive du Cholo qui sauvera les meubles. Elle a, elle aussi, déserté les lieux. 

 

Photo by Icon sport – Diego SIMEONE – Estadio Wanda Metropolitano – Madrid (Espagne)

…. prise entre deux feux !

Quand les nouvelles recrues tentent de faire avancer le jeu vers l’avant, certains n’hésitent pas à temporiser, et faire des passes en retrait. La mésentente est telle qu’un problème de rythme s’installe pendant les rencontres. Koke, auteur d’une saison dernière parfaite, apparaît comme dépassé au milieu de terrain, incapable de réellement lire à travers le jeu. C’est le rôle qu’Antoine Griezmann essaie de remplir, sans pour autant vraiment y parvenir. Les centres de Marcos Llorente eux, ne sont pas aussi efficaces que ceux de Kieran Trippier, et Yannick Carrasco tombe souvent dans ses travers de soliste, quitte à laisser son couloir vide et la possibilité à l’adversaire de contrer rapidement. 

Tiraillé entre philosophie de jeu plus ambitieuse ou retour au passé, Diego Simeone n’aligne pas tout le temps le même système non plus. En Ligue des champions, comme en championnat, les Colchoneros se retrouvent donc à alterner entre un 3-5-2 et un 4-4-2. Les vieux travers ont la vie dure et le passé les rattrape sans cesse. Souvent mené l’Atleti se retrouve à courir après le score, provoquant une lassitude mentale et physique qui désormais se constate au grand jour. Les matchs faciles n’existent presque pas pour les Indios et lorsque, enfin, ils ouvrent le score lors d’une rencontre le temps semble s’arrêter. Que faire dans cette situation ? Laisser l’adversaire venir ? L’Atleti n’a ni les moyens, ni les joueurs pour le faire. Enfoncer le clou ? Une défense aux aboies pourrait en pâtir. Même Jan Oblak n’affiche pas la sérénité d’antan. Diego Simeone lui semble avoir peur de prendre le virage décisif et désormais obligatoire vers une équipe peut-être plus déséquilibrée défensivement (mais est-ce possible de faire pire ?), mais aussi plus dangereuse pour l’adversaire.

Et en parlant du passé, Antoine Griezmann n’est plus le même joueur qu’il y a deux ans. Il n’est donc plus apte à orienter le jeu, à distribuer, à décrocher et à marquer, comme il le faisait dans ses années charnières à l’Atlético.

Quand ça ne veut pas…

En plus des problèmes tactiques, identitaires et de motivation, l’Atléti n’a pas été chanceux avec les blessures. João Felix a été absent des terrains pendant des mois pour cause de blessure au pied, puis de Covid. Les défenseurs d’El Cholo (Giménez, Hermoso, Trippier ou Savic) ont eux aussi été absents, ou continuent à l’être. Ce mardi, le latéral droit anglais ne jouera pas. Le Monténégrin sera aussi à compter parmi les pièces manquantes du puzzle de Diego Simeone, de même que Josema Giménez. C’est là que le recrutement estival pose question alors que les pépins en charnière inquiétaient déjà la saison dernière. En ce sens le prêt de Nehuen Pérez à Udinese a étonné plus d’un observateur. 

Des blessures à répétition qui poussent à s’interroger sur la préparation physique des joueurs. Et il n’y a pas qu’à l’arrière qu’on craint les pépins physiques. Thomas Lemar, lui aussi, est sujet à des torsions musculaires fréquentes. Pourtant, la différence est réelle quand il se trouve hors et sur le terrain. Car tout n’est pas à jeter dans ces quatre mois et demi de compétition. Le match opposant l’Atlético au Bétis (3-0) a prouvé que l’Atlético pouvait attaquer en équipe et défier les défenses adverses. La première période contre Liverpool à domicile, a vu les Madrilènes revenir au score (2-2), de manière offensive, et appliquée. Dans une bonne dynamique, ils auraient même pu remporter le match.

C’est certainement ce qu’il faudra aller chercher pour éviter de trop sombrer, en championnat et en Ligue des champions. Des changements drastiques, une prise de conscience, et un recrutement défensif lors du mercato d’hiver, sont à espérer pour les Colchoneros. En attendant, ils devront impérativement gagner à Porto pour ne pas condamner leur saison. Défi qu’ils essaieront de relever. Comme le disait Koke après la défaite face à Majorque, « c’est une finale. Nous devons nous améliorer et bien travailler. »

Julie Marchetti (@MarchettiJulie)

 

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