Nico Almiñana est prĂ©parateur physique et entraĂźneur Ă l’AcadĂ©mie du Valencia CF. Avec la Cadete A FundaciĂłn, il rĂ©alise un travail de fond pour former les JosĂ© Luis GayĂ et Carlos Soler de demain. Pour ÂĄFuria Liga!, il nous a accordĂ© un entretien pour dĂ©tailler son travail au quotidien ainsi que le fonctionnement de la cantera che.
Nico Almiñana, quel a été votre parcours pour arriver au Valencia CF ?
Depuis petit, Ă 5 ou 6 ans, jâai commencĂ© Ă jouer au football. Jây ai jouĂ© jusquâĂ lâannĂ©e passĂ©e. Lors de mon Ă©tape en Juvenil (les U19, ndlr) on mâa donnĂ© lâopportunitĂ© dâentraĂźner les plus petits du club de mon village. En y pensant… jâai un peu honte (rires) parce quâil y a des choses que je ne referais pas. Mais cette premiĂšre expĂ©rience m’a aidĂ© Ă Ă©voluer et progresser. Par la suite, je suis passĂ© au club du village dâĂ cĂŽtĂ© qui avait de meilleures catĂ©gories et jâai pris des Ă©quipes de football Ă 11. AprĂšs, je suis parti Ă Valence pour Ă©tudier Ă lâUniversitĂ© et jâai entraĂźnĂ© dans le club oĂč je jouais. Et en derniĂšre annĂ©e de Sciences de lâActivitĂ© Physique et du Sport, jâai eu lâopportunitĂ© de faire mes stages au Valencia CF dans le dĂ©partement de prĂ©paration physique avec Rafa Maicas que je remercierai toujours parce quâil mâa Ă©normĂ©ment appris. LâannĂ©e suivante, jâai eu lâopportunitĂ© dâentrer Ă lâAcadĂ©mie en entraĂźnant le football Ă 8, avec les 6-7 ans. Et comme jâai toujours aimĂ© la prĂ©paration physique, jâai aidĂ© par ci par lĂ les jours oĂč je ne devais pas forcĂ©ment travailler. Et Ă partir de tout ce travail et ces efforts, de toutes ces annĂ©es Ă apprendre et se former, jâai eu lâopportunitĂ© dâĂȘtre prĂ©parateur physique du Cadete A (U16, gĂ©nĂ©rations 2006-2007, ndlr) et de travailler en salle avec lâĂ©quipe rĂ©serve et les Juveniles pour lâentraĂźnement de force.
Pouvez-vous expliquer quelles sont vos fonctions dans le staff technique du Cadete A FundaciĂłn ?
On est trois dans le staff. Il y a Paco Cuenca qui est lâentraĂźneur principal, Fernando MartĂn comme adjoint et moi en tant que prĂ©parateur physique. Ils sâoccupent plus des contenus mĂ©thodologiques. Je mâoccupe de faire une planification des contenus que nous voulons travailler, pas seulement les nĂŽtres en tant quâĂ©quipe, mĂȘme si notre responsable du dĂ©partement de prĂ©paration physique, Miguel Alonso, nous laisse beaucoup de libertĂ©. En gros, ce sont des contenus conditionnels, de qualitĂ© du mouvement, de force, etc⊠Je fais une planification plutĂŽt annuelle dans mon cas mais, finalement, le football câest de semaine en semaine et il y a beaucoup de modifications. Mon objectif est que les jeunes performent au maximum et soient le plus disponible possible. En plus de la planification de la semaine, je mâoccupe de la partie en salle de musculation, de la force qui est la capacitĂ© reine en prĂ©paration physique. Jâaide aussi le staff concernant les exercices. En fait, jâaide dans tout ce que je peux aider, par exemple regarder les vidĂ©os des matchs oĂč je donne mon point de vue. Nous les prĂ©parateurs physiques sommes trĂšs actualisĂ©s concernant le jeu, nous avons de bonnes connaissances. Jâessaye aussi dâavoir de bonnes relations avec les jeunes car nous sommes souvent des personnes plus proches dâeux. On veille Ă voir comment ils vont, comment ils sentent les charges de la semaine. Jâutilise aussi des outils pour contrĂŽler la charge interne, la perception subjective de lâeffort.
Si nous entrons plus en dĂ©tail dans la structure dâune semaine dâentraĂźnement, comment dĂ©cririez-vous un microcycle de compĂ©tition standard ?
Sur une semaine normale, nous nous entraĂźnons lundi, mardi, mercredi et jeudi. Notre jour libre est le vendredi et nous jouons le samedi matin. Le lundi, ce sont des situations rĂ©duites, avec plus de duels, des 2 contre 2, 3 contre 3, 4 contre 4. Notre microcycle est trĂšs liĂ© Ă la mĂ©thodologie de lâAcadĂ©mie. Nous entraĂźnons certaines identitĂ©s de jeu qui sont rattachĂ©es Ă nos contenus technico-tactiques qui, eux, sont rattachĂ©s Ă nos contenus de prĂ©paration physique. Tout est intĂ©grĂ© parce que, dans le football, tout va ensemble. Donc le premier jour, il y a beaucoup dâintensitĂ©. Le volume de la sĂ©ance nâest pas trĂšs extensif, les exercices non plus. Ce sont des efforts maximaux, un travail Ă haute intensitĂ© avec des duels en Ă©galitĂ© numĂ©rique, ce qui fatigue beaucoup le corps. Concernant le ratio effort-repos, le temps de rĂ©cupĂ©ration est similaire Ă celui dâeffort. Sur cette sĂ©ance, nous ne discriminons pas entre les titulaires et les remplaçants du dernier match. Nous considĂ©rons que câest une Ă©tape oĂč les jeunes doivent sâentraĂźner et progresser tous dans la mĂȘme direction. Si un joueur a encore une gĂȘne, nous le mettons joker et pour ceux qui ont peu jouĂ©, nous faisons en sorte quâils accumulent plus de sĂ©ries, plus de duels, etc⊠Mais ils sâentraĂźnent tous.
Le Jour 2, ce sont des situations de 6 contre 6, 7 contre 7, 9 contre 9, 10 contre 10 sur des espaces plus grands. Les durĂ©es des sĂ©quences sâallongent selon lâobjectif que nous avons. Davantage de joueurs interagissent. Personnellement, jâaime bien mettre des « microdoses » de vitesse les mardis et les jeudis au moment de lâactivation. Entre deux exercices analytiques qui peuvent ĂȘtre des circuits par exemple, je mets des sprints, des sprints-relais pour mettre une petite dose dâintensitĂ© haute.
Le mercredi, notre avant-dernier jour dâentraĂźnement, nous mettons des situations de 9 contre 9, 11 contre 11, des situations plus rĂ©elles par rapport Ă ce qui va apparaĂźtre le jour de la compĂ©tition. Les espaces sont grands. Normalement, nous avons un jour par semaine le terrain en entier et nous essayons que ça soit ce jour-lĂ et quand nous travaillons avec ballon. A partir de lĂ , nous cherchons des valeurs de HSR (High Speed Running, ndlr) entre 21 et 24 km/h, plus de 24 km/h, quâil y ait des actions, des duels de match et le mĂȘme espace dâinteraction que vont avoir les joueurs en match.
Concernant le jeudi, depuis la prĂ©paration physique, jâessaye de mettre un exercice avec une composante socio-affective oĂč ils sâamusent et passent un bon moment. Ăa aide dans la cohĂ©sion de groupe et câest un « plus » compĂ©titif. Nous mettons aussi un circuit prĂ©ventif, en ciblant des fragilitĂ©s individuelles quâils peuvent avoir et de la mobilitĂ© de hanches, de chevilles, de genoux⊠Câest toujours bien aprĂšs la semaine et les charges des jours prĂ©cĂ©dents. Lâexercice principal que je gĂšre, qui est normalement le premier, je mets de la vitesse, des changements de direction, de lâagilitĂ©, de la rĂ©action⊠Toujours trĂšs compĂ©titif pour quâils donnent le maximum et soient activĂ©s mentalement. Mais câest vrai que notre microcycle est un peu atypique parce que le vendredi nous nous reposons. Mais comme nous jouons le samedi matin, ça nous permet de faire le tapering et de rĂ©cupĂ©rer suite aux charges des jours prĂ©cĂ©dents.
Vous lâavez mentionnĂ© rapidement, comment intĂ©grez-vous le travail de prĂ©vention de blessure ? MĂȘme si vous avez aussi parlĂ© du travail de force qui en soi fait partie de ce travail.
Oui, le travail de force est dĂ©jĂ un travail de prĂ©vention de blessure. Nous allons deux fois en salle de musculation pour faire des sĂ©ances de 40 minutes. Pour nous, câest le travail de prĂ©vention. La force te protĂšge. Pour le dire vulgairement, elle te rend plus fort. Câest-Ă -dire que tu gagnes en flexibilitĂ©, tu gagnes de la force selon quelle force tu travailles : force maximale, hypertrophie⊠Tout ça tâaide Ă te dĂ©velopper en tant que sportif : ĂȘtre plus fort, ĂȘtre plus agile, aller plus vite⊠Ces entraĂźnements de force, nous les faisons gĂ©nĂ©ralement les mardis. Je leur fais souvent un exercice de qualitĂ© du mouvement. Selon la semaine, nous travaillons la qualitĂ© de mouvement des accĂ©lĂ©rations, des dĂ©cĂ©lĂ©rations, des appuis, des changements de direction. Ăa peut ĂȘtre fait les jeudis aussi. Nous faisons des exercices analytiques pour que le muscle soit plus prĂ©parĂ© et que rien de nĂ©gatif ne se passe quand ils sont en compĂ©tition.
Ă un niveau plus macro, comment vous organisez-vous pour maintenir des niveaux de performance Ă©levĂ©s depuis la prĂ©saison jusquâĂ la fin ? Il existe le mythe dâune prĂ©saison qui « chargerait » les batteries pour le reste de la saison.Â
A un niveau gĂ©nĂ©ral, depuis mon expĂ©rience, jâai une organisation mensuelle mais, honnĂȘtement, je la remplis hebdomadairement (rires). Je regarde comment ils Ă©voluent, sâils progressent sur les exercices de qualitĂ© du mouvement. Si certains ont de la peine, je rĂ©pĂšte lâexercice la semaine suivante pour quâils lâassimilent. Si pour certains câest dĂ©jĂ trop facile, nous passons au niveau suivant. Si ça a Ă©tĂ© trop dur, je baisse un peu le niveau. Travailler et organiser sur le long terme en football, jâai de la peine et, dans mon contexte, il y a beaucoup de changements. Peut-ĂȘtre quâune fois deux joueurs viennent en test, un autre jour tu as deux joueurs dâune autre Ă©quipe et une semaine tu as deux joueurs qui partent avec la sĂ©lection rĂ©gionale. Il y a beaucoup de variations. Mais jâai un cadre gĂ©nĂ©ral avec ce que je veux faire selon les jours.
Maintenant, concernant la prĂ©saison et ce qui a souvent Ă©tĂ© fait de mettre Ă©normĂ©ment de rĂ©sistance aĂ©robie, ils viennent dâun « moment dâarrĂȘt », parce que, finalement, ce sont des jeunes actifs. Je pense que ça doit ĂȘtre progressif, câest-Ă -dire la premiĂšre semaine moins de volume, des espaces moyens oĂč il nây ait pas beaucoup de courses Ă haute intensitĂ©, pas Ă©normĂ©ment de duels. Pas faire courir et faire des circuits jusquâĂ mourir, mais plutĂŽt mettre une charge progressive comme dans nos semaines dâentraĂźnement. Mais ensuite le propre jeu, les matchs amicaux et les entraĂźnements avec des volumes plus haut, tout ça va rĂ©tablir les capacitĂ©s en quelques semaines, selon le temps pendant lequel ils ont Ă©tĂ© Ă lâarrĂȘt. Câest dĂ©montrĂ© que les joueurs ne perdent pas beaucoup. Ce sont des personnes qui sont adaptĂ©es depuis longtemps Ă lâentraĂźnement, il nây a pas une perte suffisante qui justifierait que nous les massacrions quand ils reviennent.
Vous avez parlĂ© de la relation entre le modĂšle de jeu et votre travail de prĂ©paration physique, lâAcadĂ©mie du Valencia CF a une identitĂ© de jeu commune trĂšs marquĂ©e ?
Dans les grandes lignes, il y a une identitĂ© de jeu. LâAcadĂ©mie a un trĂšs bon dĂ©partement de mĂ©thodologie. On a toujours dit que le Valencia CF est une Ă©quipe qui joue la contre-attaque, dure, forte en coupe. Donc nous cherchons Ă dĂ©velopper des Ă©quipes qui sont verticales, qui gĂ©nĂšrent beaucoup dâoccasions de but, dâĂȘtre dur Ă jouer quand on dĂ©fend, de se replier rapidement quand on est en dĂ©savantage. Il faut que ça soit difficile de nous attaquer et ensuite faire mal avec le ballon. Ces lignes gĂ©nĂ©rales sont prĂ©sentes dans toute lâAcadĂ©mie. AprĂšs, si tu vas voir lâĂ©quipe B, la Juvenil A, ce sont des joueurs qui sont trĂšs proches de lâĂ©lite. Ce sont des footballeurs professionnels, ils sâentraĂźnent le matin, ils ont leur routine. Le football est leur prioritĂ© alors le rĂ©sultat prend de lâimportance. Selon les caractĂ©ristiques des footballeurs, de lâĂ©quipe et du rival, il y a plus de libertĂ© pour lâentraĂźneur. Plus bas, en Ă©tape Cadete, Infantil (U14, ndlr), football Ă 8, nous avons une planification du dĂ©partement de mĂ©thodologie avec plus ou moins les contenus Ă travailler pour former dâune maniĂšre intĂ©grale. Ensuite les contenus, chaque entraĂźneur les met en place selon comment il pense pertinent durant le microcycle. Au Valencia CF, nous cherchons Ă former des footballeurs qui soient complets et plus il y en a qui arrivent en haut, mieux câest.
Dans le football de formation, le sportif et lâĂ©ducatif vont main dans la main. Vous mentionniez votre rĂŽle auprĂšs des jeunes, comment valorisez-vous les relations humaines que vous avez avec eux ?
Câest super important. Le slogan de lâAcadĂ©mie est « Ăduquer des personnes, former des footballeurs ». Quand ils arrivent, jâaime leur demander comment ils vont, comment se sont passĂ©s les cours⊠Jâaime ĂȘtre trĂšs proche dâeux parce quâen tant que footballeur jâai aimĂ© les entraĂźneurs et prĂ©parateurs physiques qui parlaient avec moi. Câest important de les traiter comme les jeunes quâils sont. Tu gagnes des points en investissant sur la relation parce quâils le valorisent.
Ensuite pour ce qui est des Ă©tudes, ils doivent se rendre compte quâils sont des privilĂ©giĂ©s en Ă©tant dans une AcadĂ©mie dâĂ©lite. Ils doivent essayer de saisir les opportunitĂ©s sans laisser de cĂŽtĂ© les Ă©tudes. Ils ont beaucoup de chance parce quâils ont plusieurs centres scolaires partenaires avec des bus qui les amĂšnent et viennent les chercher. Lors des semaines dâexamens, nous essayons de les aider pour ce dont ils ont besoin. Ils ont aussi des tuteurs Ă la rĂ©sidence qui sont avec eux 24/7. Nous essayons de faire en sorte quâils respectent les temps de repos, quâils gĂšrent les temps dâĂ©cran de tout type parce que ça va impacter leur performance. Nous avons aussi un dĂ©partement de nutrition qui est exceptionnel. Nous leur faisons de lâanthropomĂ©trie, nous Ă©valuons leurs niveaux de graisse, de masse musculaire, les pics de croissance⊠En gros, ils ont les informations de trĂšs bons professionnels. Câest important quâen tant que personnes ils se sentent trĂšs bien, quâils se sentent aimĂ©s et quâils se sentent accompagnĂ©s pour quâils puissent performer sur le terrain. AprĂšs, il y en a trĂšs peu qui arriveront Ă ĂȘtre professionnels, mais jâaime que quand je les recroise ils me sourient, quâils parlent un moment avec moi. Je donne beaucoup plus de valeur Ă ces situations, mĂȘme si notre objectif est dâen faire les meilleurs footballeurs possibles.
Dans la pĂ©ninsule ibĂ©rique, la pĂ©riodisation tactique et lâentraĂźnement structurĂ© sont deux courants thĂ©oriques importants et au cours de lâentretien certains Ă©lĂ©ments des deux sont apparus. A titre personnel, vous inscrivez-vous dans une de ces thĂ©ories et quels peuvent ĂȘtre leurs avantages au niveau de la formation ?
Jâessaye de prendre ce qui est bon dans chacune (rires). Si nous regardons mon microcycle type, comme vous mentionniez, nous y retrouvons des Ă©lĂ©ments de la pĂ©riodisation tactique et du microcycle structurĂ©. Finalement, les thĂ©ories sont assez similaires. Elles te donnent une semaine type pour travailler avec des situations qui sont spĂ©cifiques au football, qui ressemblent Ă ce que nous retrouvons le jour de la compĂ©tition, avec des situations rĂ©duites au dĂ©but de la semaine⊠Pour la pĂ©riodisation tactique, il y a lâimportance du modĂšle de jeu, tout est centrĂ© autour de ça. Mais le microcycle doit aussi se fonder sur le modĂšle de jeu. Si tu entraĂźnes une Ă©quipe, tu dois te baser sur comment tu vas jouer pour que les footballeurs pratiquent durant la semaine ce que tu vas faire le week-end. Et lâentraĂźnement coadjuvant, de force, de tension⊠Je le vois de maniĂšre trĂšs similaire. Dans les deux cas, nous allons retrouver ce que nous commentions, des situations rĂ©duites, des situations avec des espaces moyens⊠Au final il faut prendre ce qui nous parle. La nomenclature est diffĂ©rente mais je pense que la direction est similaire.
Mais pour ce qui est de la formation chez les plus petits, je me focaliserais sur le footballeur. Je ne regarderais pas contre qui je vais jouer le samedi, ni si nous sommes mardi ou jeudi. Je me focaliserais sur le fait que les petits aient le plus dâexpĂ©riences possibles. La mĂ©thodologie doit former des enfants de maniĂšre intĂ©grale, avec des aspects micros techniques, avec des exercices variĂ©s et beaucoup de jeu. Ils doivent expĂ©rimenter des situations avec plus ou moins dâespace, plus ou moins de joueurs, plus ou moins d’opposition, avec des espaces en entonnoir, en diamant, en rond, avec quatre buts, deux buts⊠ Ăa mâest Ă©gal. Il faut qu’il y ait un ballon, deux Ă©quipes, des gardiens et des buts. Au final par eux-mĂȘmes ils vont faire des passes, des dribbles, des une-deux… Il faut leur crĂ©er le contexte le plus ressemblant possible au jour de match en modifiant un peu les rĂšgles pour obtenir ce que nous voulons selon la sĂ©ance. Mais il faut surtout qu’ils jouent et qu’ils s’amusent.
Lors du dernier podcast que vous gĂ©rez « FĂștbolBase10 », vous avez abordĂ© une pratique intĂ©ressante de votre acadĂ©mie. Pour rĂ©sumĂ©, les remplaçants lors dâun match de football Ă 8 nâattendent pas sur le banc mais jouent librement contre les autres remplaçants sur un terrain Ă cĂŽtĂ©. Pouvez-vous dĂ©tailler et commenter cette initiative ?
Oui alors ça câest jusquâĂ Alevines (U12, ndlr), pour le football Ă 8. Pour le football Ă 11, il y a des convocations et ceux qui ne sont pas convoquĂ©s ont un entraĂźnement obligatoire pour les Infantiles et les Cadetes. Les Juveniles ont un entraĂźnement de leur cĂŽtĂ©. Donc pour le football Ă 8, ce qui se fait câest que par exemple tu as un effectif de 14 joueurs, durant le match tu as 8 joueurs qui jouent. Tu convoques sept joueurs de champ, deux remplaçants et le gardien. Ceux qui ne sont pas convoquĂ©s vont faire un tournoi interne le samedi Ă lâAcadĂ©mie. Les Benjamines A (U10, ndlr) joueront contre le Benjamin B, Alevines A contre Alevines B⊠Câest un tournoi de tous les joueurs qui ne vont pas au match. Quâest-ce quâil se passe pendant le match ? Nous avons deux joueurs sur le banc. Pour quâils ne soient pas immobiles et quâils aient un maximum dâactivitĂ© motrice – et ce sont des enfants et les enfants ne se fatiguent pas, et sâils se fatiguent ils te le disent â nous allons vers lâautre Ă©quipe, nous leur disons que nous avons un terrain Ă cĂŽtĂ© et que nos joueurs vont ĂȘtre en train de tirer, de jouer⊠Nous leurs demandons sâils veulent que leurs remplaçants aillent faire des 2 contre 2 ou 3 contre 3 sur lâautre terrain en attendant de faire les changements. Des fois, ils nous disent oui et dâautres non, sâils nous disent non nous mettons des mini-buts et nous les laissons faire des 1 contre 1 ou alors nous essayons de les faire jouer avec les remplaçants dâune autre de nos Ă©quipes. La dynamique est que tous les joueurs de lâeffectif vont jouer le samedi, que ce soit le tournoi interne ou le match de championnat. Et sâils ne jouent pas un moment en championnat, ils ne peuvent pas ĂȘtre sur le banc et doivent jouer sur un terrain derriĂšre.
Câest trĂšs intĂ©ressant, vraiment.
Quand je suis arrivĂ© câĂ©tait dĂ©jĂ mis en place et je trouve ça excellent.
Quand vous nous avez parlé de votre parcours, vous nous avez dit que vous avez été formateur et préparateur physique. Comment se complÚtent les compétences que vous avez appris et développé dans les deux rÎles ?
Nous sommes dans un moment oĂč nâimporte quel prĂ©parateur physique a les diplĂŽmes dâentraĂźneurs et connait le jeu. Avant peut-ĂȘtre quâun prĂ©parateur physique devait surtout connaĂźtre son domaine. Câest-Ă -dire « je suis le prĂ©parateur, je mâoccupe de lâĂ©chauffement, quâils courent, quâils fassent des circuitsâŠÂ ». Et aprĂšs ça « je ramasse les ballons pour lâentraĂźneur ». Mais actuellement un prĂ©parateur physique est super prĂ©parĂ©. Il y en a qui sont spĂ©cialisĂ©s en force, il y en a qui touchent Ă tout, il y en a qui deviennent entraĂźneurs. Au final plus tu es formĂ©, mieux câest. Personnellement, jâai beaucoup aimĂ© les expĂ©riences que jâai eu. Jâai pu ĂȘtre dans les deux rĂŽles et plus les saisons passent, plus tu te rends compte que tout va ensemble. Je pense que câest important quâun entraĂźneur sache quel objectif a le prĂ©parateur physique et vice-versa. Ăa va avoir un impact sur les performances de lâĂ©quipe. Je ne vous dis mĂȘme pas au niveau de la saison, mais si sur un entraĂźnement je mets de la pliomĂ©trie, des dĂ©cĂ©lĂ©rations, des « microdoses » de vitesse, câest important que lâentraĂźneur comprenne pourquoi je le fais et quâil ne soit pas Ă cĂŽtĂ© les bras croisĂ©s. Il faut quâil me donne un feedback. Et si lâentraĂźneur est en train de faire un exercice, je ne vais pas ĂȘtre lĂ pour injecter des ballons. Je vais connaĂźtre lâobjectif de lâexercice, je vais savoir pourquoi on le fait et je vais donner un feedback.
Et au final, mes exercices doivent ĂȘtre liĂ©s Ă la sĂ©ance aussi. Si nous sommes dans un jour dans lequel nous travaillons le moment avec ballon, je vais mettre un circuit de passe dans mon activation pour que, quand ils vont faire lâexercice principal qui sera une conservation ou un match modifiĂ©, ils aient touchĂ© plusieurs ballons avant et que les premiĂšres passes ne soient pas un dĂ©sastre. Sur une sĂ©ance du moment sans ballon, je mettrais plutĂŽt des accĂ©lĂ©rations, dĂ©cĂ©lĂ©rations, des changements de direction⊠Parce que je saurais sur quoi le focus va ĂȘtre mis. LâidĂ©e est que tout est reliĂ©. Et il faut toujours chercher Ă se former et Ă comprendre le pourquoi des choses, en regardant les collĂšgues par exemple. Il y a beaucoup de maniĂšres dâentraĂźner.
Pour terminer, pouvez-vous nous donner quelques références qui vous ont marqué dans votre parcours ? Des livres, des films, des interviews, des individus⊠Pas forcément du monde du football.
El Hombre en Busca de sentido â Viktor Frankl. Je suis en train de le lire. Jâaime beaucoup parce quâil montre la capacitĂ© dâadaptation quâont les personnes et lâimportance de gĂ©rer le mental. A partir de tes pensĂ©es vont apparaĂźtre tes Ă©motions, et si tu es intelligent Ă©motionnellement tu es capable de tâadapter Ă beaucoup de nouveaux contextes et de sortir de ta zone de confort.
Reflexiones sobre la teorĂa y la prĂĄctica del entrenamiento para el FĂștbol actual – Miguel Ăngel Campos Vazquez. Câest un livre trĂšs complet avec beaucoup de contenu scientifique. Miguel Ăngel Campos est le prĂ©parateur physique du CĂĄdiz CF. Il aborde la prĂ©saison, la saison, les outils GPS et d’autres outils pas forcĂ©ment trĂšs chersâŠ
Los juegos reducidos en el entrenamiento del fĂștbol â David Casamichana.  Câest un livre qui mâa pas mal apportĂ© pour clarifier mes idĂ©es.
CĂłmo ganar amigos e influir sobre las personas â Dale Carnegie. Câest un livre qui nous parle de nous et qui met en avant que la capacitĂ© dâĂ©coute est vitale.
AprĂšs, comme rĂ©fĂ©rents, Miguel Alonso mon responsable et mes collĂšgues de travail. Tu peux apprendre de toutes les personnes qui tâentourent si tu as les yeux ouverts et tu Ă©coutes. Les gens ont vĂ©cu mille histoires et aiment parler de leur travail. Et il faut aussi parler avec les gens qui ont fait beaucoup dâerreurs car câest lĂ oĂč on apprend pour de vrai.
Propos suscités et traduits par Pablo Sånchez