Archétype de l’équipe défensive, Cádiz dispose pourtant d’un secteur offensif séduisant. Alors plutôt que de se retrancher derrière et malgré tout encaisser pléthore de buts, pourquoi ne pas changer de matrice en s’exposant davantage ?
Si Cádiz continue de défendre ainsi, les Gaditanos descendront tôt ou tard. Et vu comment les choses se goupillent, ça risque d’être dès cette saison. Si, pour son retour en Liga, Álvaro Cervera a rendu fou pas mal d’homologues avec une stratégie limpide qui consiste à défendre bec et ongles pour mieux taper en contre, le bilan est catastrophique. Avant-dernière défense, sauvé grâce à l’effet de surprise lors de la phase aller, le club andalou s’est offert le droit de disputer une saison 2 mais, plutôt que de proposer un nouveau contenu, c’est une redite totale. Et cette fois-ci, il n’y a plus grand-monde à surprendre.
Potentiel inutilisé
Certes, cela fonctionne toujours peu ou prou. Le FC Barcelone et Valencia ont perdu 2 points en butant sur le bloc gaditano. Mais même quand Choco Lozano parvient à coller un triplé à Villarreal, ses coéquipiers plient dans les dernières minutes pour concéder le match nul (3-3). Un point, c’est toujours ça de pris, mais ce n’est pas suffisant. Après 11 journées, le club a encaissé 18 buts. Ça la fout plutôt mal quand on est étiqueté « équipe ultra défensive » !

Alors pourquoi s’enferrer dans une telle filière de jeu ? Car avec des joueurs comme Choco Lozano, Álvaro Negredo, Ivi Alejo, Florin Andone, Rubén Sobrino, Álvaro Jiménez et le canterano Pedro Benito, il y a tout de même de quoi proposer du contenu attractif, surtout quand ils peuvent être épaulés par Álex Fernández, Salvi Sánchez, Alberto Perea, Tomás Alarcón et Pacha Espino. En réalité, on en vient à se demander si Cervera, dont il est bon de rappeler qu’il fut attaquant, a construit un effectif qui réponde à ses aspirations cadenassées. Son secteur offensif est dense et de qualité pour atteindre l’objectif de base. Or la proposition est beaucoup trop basique et trop facilement lisible pour les rivaux. Par conséquent, rien ne va et Cádiz est déjà dans la zone rouge. Et quand on voit les sursauts d’orgueil d’Alavés, d’Elche ou du Celta, on se dit que les Gaditanos ont de quoi avoir peur.
Une moyenne de but par match désolante
Mais changer une culture développée depuis plus de 5 ans et qui a porté ses fruits avec une remontée en Liga suivie d’un maintien relativement tranquille prend du temps et ne semble pas avoir été envisagé. En fait, c’est tout l’aspect offensif qui est en jachère. Comment expliquer qu’avec un tel groupe, la moyenne de but inscrit par match depuis le débuts de saison soit de 0.73 ? Cádiz n’a réussi qu’à deux reprises à marquer plus d’une fois avec un bilan d’une défaite à domicile contre Osasuna (3-2) et un match nul contre Villarreal (3-3). Beaucoup trop insuffisant, surtout quand la défense, supposée jouer le rôle de socle, est incapable de fermer les espaces.
Si Getafe et Levante ont déjà bien entamé leur descente, le maintien sera très difficile à obtenir dans de telles conditions. L’identité de jeu peut être aride de manière totalement assumée, encore faut-il qu’elle soit viable, ce qui est très loin d’être le cas. Cádiz se retrouve dans la position la plus inconfortable qui soit : croire en un secteur délaissé depuis des années pour se sauver. Cervera est-il capable de renverser la table, de se projeter plutôt que de se refermer et ne plus se contenter d’une tactique qui, selon toute vraisemblance, ne tiendra pas la route d’ici mai prochain ? Les Gaditanos ont les armes pour le faire, reste à savoir s’ils ont envie de mener cette bataille-là ?
François Miguel Boudet