Betis / Fekir, le regard vers le haut

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Dépositaire du jeu du Betis depuis son arrivée il y a 3 ans, Nabil Fekir n’a pas toujours fait l’unanimité. Mais depuis le début de saison, le champion du monde 2018 est le référent numéro 1 d’une équipe verdiblanca qui, après une qualification en Ligue Europa, se verrait bien s’installer un cran plus haut.

Les attentes étaient immenses, peut-être un peu trop. Être champion du monde implique qu’il faut faire face à des exigences décuplées, peu importe une récente blessure au genou et un transfert avorté à Liverpool quelques mois plus tôt. Alors imaginez au Betis ! Nabil Fekir n’a pas choisi la facilité en rejoignant le Benito-Villamarín en 2019. D’ailleurs, il a pu constater que son statut n’allait pas peser bien lourd avec une afición qui réclame le meilleur, même si le club est toujours entre deux crises.

Ciblé à plus d’un titre

En Espagne, Nabil Fekir a une cible dans le dos. Ou plutôt sur les chevilles. Il est le joueur qui subit le plus de fautes en Liga. Sa qualité de dribble, son sens de la passe et sa précision dans ses frappes font de lui l’une des armes les plus affutées du Betis. Ce qui provoque l’énervement des Verdiblancos, à commencer par Manuel Pellegrini.

« C’était une honte ! Je crois qu’ils lui ont donné au moins 10 ou 12 coups, ils l’ont frappé tout le match. À chaque ballon qu’il reçoit, Nabil finit au sol. Il n’est pas protégé par les arbitres. Ils lui ont donné des coups qui méritaient l’expulsion. La manière d’arrêter Nabil n’est pas correcte. Les adversaires savent qu’il ne faut pas le laisser s’approcher de leur surface »
Manuel Pellegrini après le 1/4 de finale de Copa, le 5 février 2021

Fekir est devenu indispensable au bon fonctionnement du Betis. Mais son avènement n’a pas été immédiat, loin s’en faut. La cible des supporters, c’était souvent lui. Accusé de choisir ses matches pour briller et de manquer de motivation contre les équipes moins réputées, l’ancien Lyonnais a dû faire ses preuves. Car en décembre 2020, notamment en raison du contrecoup de la pandémie mais pas uniquement, l’époque est au questionnement concernant la stratégie sportive à opérer. Et le Diario de Sevilla lâche l’info : Fekir n’est pas intransférable, au même titre que William Carvalho, Borja Iglesias et Loren Morón. Arrivé pour 20M€ à Heliópolis, le milieu offensif a une belle cote, de quoi faire une jolie bascule financière. Finalement, tous, hormis Loren, sont restés pour disputer la Ligue Europa et viser les premières places en Liga.

Photo by Antonio Pozo / Pressinphoto / Icon Sport

L’année de tous les possibles

La saison dernière, le Betis aurait pu aspirer à mieux. Mais les Verdiblancos ont été irréguliers avec 9 défaites lors de la phase aller, période rattrapée par une deuxième moitié d’exercice avec seulement 2 revers, contre le Barça et Sevilla. Et même si entre la 29e et la 34e journées, les Verdiblancos ont calé sérieusement avec une série de 6 matches nuls consécutifs, les atermoiements des rivaux leur ont permis de terminer 6e. Retrouver la Coupe d’Europe a donc permis à Pellegrini et son groupe de pouvoir passer un été studieux, sans pression exagérée, même si les situations complexes de plusieurs grosses écuries font saliver les supporters qui perçoivent des opportunités inédites.

Si Sergio Canales a terminé en haut de la colonne statistique avec 8 buts et 10 passes décisives, l’influence de Nabil Fekir a aussi été remarquée, malgré des données brutes en baisse par rapport à sa première année (7 buts et 7 passes décisives en 2019-2020, 5 buts et 6 passes décisives en 2020-2021). Le Gone a confirmé et séduit, au point que son absence dans la liste de Didier Deschamps pour l’Euro n’a été pas spécialement acceptée par l’afición versatile, désormais convaincue que le Lyonnais peut faire grandir le club.

« Les gens savent que tu as de la qualité et ils te demandent beaucoup. Je veux donner le maximum pour ce grand club et j’espère que cette année sera bonne pour tout le monde. C’est ma 3e saison et je la commence avec beaucoup d’envie et d’enthousiasme »
Nabil Fekir sur Betis TV, le 16 juillet 2021

Et celui qui s’épanouit dans l’axe, malgré quelques intermèdes à droite et à gauche, a débuté la saison tambour battant. Après un mois de compétition, il est le joueur qui crée le plus d’occasions en Liga. Il tente sa chance, lâche passe clef sur passe clef (2 passes décisives), marque (contre l’Espanyol)… et trouve plusieurs fois les montants. En Ligue Europa, il adresse une balle de but contre le Celtic (4-3) et inscrit un golazo contre Ferenvaros (3-1). 2021-2022 doit être la saison de Fekir, celle qui pourrait lui valoir une place de choix dans le panthéon verdiblanco. Sera-ce sa dernière ? En fin de contrat en juin 2023, son avenir est d’ores et déjà sur la table. Une qualification en Ligue des Champions serait de nature à le convaincre de prolonger. Et vu comment avance le Betis ces derniers temps, ce n’est pas du domaine de l’improbable.

François Miguel Boudet

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