Blessé contre le Real Madrid alors qu’il réalisait un excellent début de saison, Carlos Soler revient enfin contre le FC Barcelone. Devenu l’unique maître à jouer blanquinegro, le néo-international a acquis une culture tactique en quelques années, au gré de ses multiples positionnements sur le terrain.
Ce qui s’appelle une tuile. Alors que le Valencia CF réalise un départ étonnant avec José Bordalás à sa tête, Carlos Soler s’assoit sur la pelouse de Mestalla contre le Real Madrid et demande le changement. Le leader technique et tactique se prend le virus FIFA par ricochet et doit laisser ses coéquipiers pendant un mois. Sans lui, les Blanquinegros pataugent et perdent des points en même temps que leur niveau de jeu.
Lancé par Prandelli, révélé par Marcelino
Quand Carlos Soler tousse, c’est tout le Valencia CF qui attrape la grippe. Digne successeur de Dani Parejo, celui que beaucoup ont longtemps considéré comme incapable de jouer durablement dans l’axe a gagné en maturité et, surtout, en leadership. L’arrivée de Bordalás n’a fait que renforcer cette confiance. Même Luis Enrique a été convaincu d’enfin le convoquer avec la Roja. Quand certains n’ont besoin de que 5 matches pour porter le maillot de la Selección, lui a attendu près de 5 ans, 190 matches toutes compétitions confondues, 26 buts et 28 passes décisives…

Il est vrai que Soler a pas mal bourlingué depuis que Cesare Prandelli l’a lancé le 10 décembre 2016 contre la Real Sociedad. Une autre époque, avec Mario Suárez, Álvaro Medrán et Enzo Pérez comme concurrents pour épauler Parejo. En 2019-2020, Marcelino García Toral l’aligne milieu gauche la moitié de la saison. Une nouveauté pour un joueur qui avait surtout évolué en 6 puis en 8 avec le filial. Une forme de bizutage aussi de la part du technicien asturien qui prend le temps de former ses jeunes joueurs pour qu’ils acquièrent une palette tactique complète. Bon partout, le xiquet devient un cadre et joue là où on lui dit, sans jamais rechigner.
Deuxième meneur
Mais c’est finalement sur la banda derecha que Carlos Soler sera le plus souvent utilisé tout au long du mandat de Marcelino. Joueur d’intérieur mais doté d’une belle pointe de vitesse le cas échéant (le 2e but che en finale de la Copa del Rey 2019 en fut un bel aperçu), le natif de Valencia Capital est monté en puissance : 3 buts, 10 passes décisives en 52 matches de Liga répartis sur 2 saisons. Son protagonisme en a fait une sorte de 2e meneur de jeu dans l’ombre de Parejo.
Malgré la vigueur des Blanquinegros et la Copa del Rey remportée pour le centenaire, et indépendamment du départ honteux de Marcelino puis de Parejo, il résultait souvent que l’utilisation de Soler était a minima. Malheureusement pour lui, quand il avait l’opportunité d’évoluer dans l’axe, il ne parvenait pas à performer et ses prestations restaient souvent incolore. L’éviction de Parejo l’a propulsé pleinement dans un rôle axial. Son moment est arrivé, une nouvelle fois quand Valencia était au plus mal.

Prise de pouvoir en pleine crise
Sous les ordres de Javi Gracia, Soler a porté comme il se devait son numéro 8 car son rôle a rappelé celui de Rubén Baraja, illustre aîné et modèle pour chaque Blanquinegro. Si l’exercice 2020-2021 ne restera pas dans les mémoires d’un point de vue collectif global, la saison du milieu a amorcé une véritable bascule physique et tactique. Sans son volume de jeu, où serait Valencia à l’heure actuelle ? Avec 11 buts et 8 passes décisives, ses statistiques « brutes » parlent d’elles-mêmes. A présent, c’est lui le patron, c’est « son » équipe. Et il suffit de jeter un premier coup d’oeil au début de saison che pour se rendre définitivement compte de l’influence capitale du nouveau numéro 10. Son absence a mis à mal son association avec Daniel Wass. Capable d’intervertir leurs positions dans l’axe et à droite, le binôme donne le ton. Avec 3 buts et 2 passes décisives, Soler a directement contribué à rapporter 10 points sur 12 lors des 4 premières journées. Depuis sa blessure contre le Real Madrid, le bilan comptable est de 2 points sur 12.
Le grand retour de Carlos Soler contre le FC Barcelone doit signifier un regain de forme de la part de l’équipe de José Bordalás. Orphelins quand le vice-capitaine est blessé, les Blanquinegros sont dépendants du canterano lancé en plein marasme avant ses 20 ans, devenu une nouvelle référence à Mestalla.
François Miguel Boudet