Sa sélection par Luis Enrique pour le Final 4 de la Ligue des Nations est passée au second plan à cause de la médiatisation de la convocation de Gavi. Pourtant, Yéremi Pino, Canarien comme Pedri, est l’une des très belles satisfactions du début de saison de Villarreal.
Les Canaries seront représentées au sein de la Selección même en l’absence de Pedri, blessé. Natif de Las Palmas, Yéremi Pino fait partie des nouvelles têtes convoquées par Luis Enrique. Si la venue de Gavi reste étonnante pour un joueur si peu expérimenté, celle de l’ailier de Villarreal, elle, l’est moins. Car depuis le début de saison, Pino est un des moteurs offensifs d’Unai Emery. Au côté d’Arnaut Danjuma et Gerard Moreno avant sa blessure, le joueur qui fêtera ses 19 ans le 20 octobre prochain s’offre un cadeau anticipé. En un peu plus de 6 mois, il a enchaîné le championnat d’Europe U21 avec la Rojita puis le Final 4 de la Ligue des Nations avec la Roja. Toujours à la recherche de sang neuf, surtout à un moment où il fait face à de nombreuses blessures, le sélectionneur a promu un joueur qui, en l’espace d’un an, est passé de la découverte de la Liga à devenir un cadre d’une équipe vainqueur de la Ligue Europa et titulaire en Ligue des Champions.

De la 4e division à la Ligue Europa en quelques semaines
Formé à Barrio Atlántico et Huracán, Yéremi Pino est un joueur canarien comme on se l’imagine : « callejero », c’est-à-dire formé sur le bitume et la plage, ce qui donne aux joueurs de l’archipel un toucher de balle hors du commun. Il poursuit son apprentissage à la UD Las Palmas. Mais les clubs de Liga surveillent. Depuis 2016 et un tournoi de sélections autonomiques à La Salud, le FC Barcelone et Villarreal sont sur les rangs : c’est le sous-marin jaune qui l’emporte. À 18 ans, voilà l’ailier avec la C du club groguet. Moins de 2 ans plus tard, il est un titulaire indiscutable d’Unai Emery, vainqueur de la Ligue Europa et désormais convoqué en équipe nationale. Après 20 matches en Tercera (4e division), celui qui a été privé du Mondial U17 en Inde à cause d’un ballon de Pedri qui lui a malencontreusement esquinté un œil, passe directement avec l’équipe première pour affronter Sivasspor en Ligue Europa, le 22 octobre 2020.
Indéboulonnable depuis mai
Après avoir réalisé la présaison avec le groupe professionnel, Yéremi Pino n’est plus sorti du groupe. En quête d’un joueur de côté, d’un ailier rapide et déséquilibrant, Emery s’entiche du gamin. En Liga, il joue quelques minutes régulièrement pendant un mois, avant de connaître sa première titularisation au Sadar, contre Osasuna. Villarreal gagne et lui adresse une passe décisive. Trois jours plus tard, il ne joue que 25 minutes contre l’Athletic mais inscrit le but égalisateur.
« Yéremi est un joueur qui peut faire un match désastreux pendant 80 minutes mais qui essaiera toujours de jouer. Cette faim, cet enthousiasme, cette volonté qui ne diminuent jamais, la même énergie qu’il te montre dans tous les matches et tous les entraînement font penser que nous ne savons pas jusqu’où nous irons avec lui »
Unai Emery, le 1er septembre 2021
C’est au mois de mai que l’ailier s’installe. C’est tout à fait paradoxal : Emery songe à l’envoyer en prêt, à l’image de Fer Niño et Alex Baena partis en prêt cet été à Mallorca et Girona. Mais alors que Rubén Peña est à l’échauffement contre Getafe, celui-ci se blesse et Pino entre pour les 20 dernières minutes. Et c’est évidemment lui qui inscrit le but de la victoire (1-0). Dès lors, ses performances lui offrent une place dans le XI de la finale de Ligue Europa contre Manchester United. Cette saison, il est indissociable de l’attaque groguet. Contre l’Atlético, il signe 2 passes décisives. Contre Elche, il marque et offre un nouveau ballon de but.

Désormais porteur du numéro 21 en référence à Bruno Soriano, Juan Carlos Valerón et Jonathan Viera, Yéremi Pino continue de battre des records. Contre l’Atalanta, il est devenu le plus jeune canterano de Villarreal à disputer la Ligue des Champions. Emery lui offre davantage de latitudes pour évoluer sur le front de l’attaque et combiner avec ses coéquipiers. Contre le Betis, il a composé un duo insaisissable avec Danjuma, auteur d’un doublé pour signer une victoire capitale. Pino ne se concentre plus uniquement sur son côté : il propose des solutions axiales et n’hésite pas à prendre sa chance. Il marque et trouve le poteau en position de hors-jeu et est à une intervention salvatrice d’Edgar González de trouver les filets de Rui Silva. Ce sont ces facultés qui ont plu aussi bien à Emery qu’à Luis Enrique. Après Pedri, les Canaries voient éclore un nouveau phénomène. Cette terre a vraiment quelque chose en plus.
François Miguel Boudet