Atlético / Diego Simeone à la recherche d’un nouveau souffle

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C’est le premier grand rendez-vous de l’Atlético de Madrid en Liga cette saison. Au Metropolitano, les Colchoneros affrontent le FC Barcelone. Un partidazo qui tiendra toutes ses promesses ? Rien n’est moins sûr tant les Indios, peu inspirés, se cherchent encore.

Si l’Atlético propose depuis le début de saison des résultats relativement satisfaisants, le FC Barcelone, quoiqu’en proie à une crise multi-dimensionnelle, n’a rien d’une victime expiatoire. Ce sommet de la 8e journée de Liga est loin d’être acquis aux Colchoneros tant la situation mathématique est un trompe-l’oeil. L’Atleti aligne la pire attaque du Top 5 en championnat et sa défense, jadis son socle, est en-dessous du niveau escompté. Le début de saison est en dents de scie et Diego Simeone peine à régler ces problèmes.

Des résultats à prendre avec des pincettes

Avec un bilan de 4 victoires, 2 matches nuls et 1 défaite, l’Atlético de Madrid ne peut pas se targuer de réaliser un départ canon en Liga. Si ces résultats permettent au club de se positionner à la 4e place, ils ont perdus en 7 journées le nombre de points qu’ils avaient laissé en route lors de la phase aller de la saison dernière.

Cette mise en perspective permet de se rendre compte qu’un champion, qui prétend au back to back, ne peut pas se permettre de commencer le championnat sur des bases aussi fragiles. Bien sûr ,la première partie de saison 2020-2’21 est la meilleure de l’histoire de l’Atleti en Liga et il sera dur de rééditer tel exploit. Comparons alors avec la saison 2013-2014, celle du 1er titre de champion du Cholo. Le résultat est sans appel : les Rojiblancos ont aligné 7 victoires d’affilée pour commencer sa campagne de l’époque. Et pas contre n’importe quelles équipes : on compte des victoires face à Séville, au Real Madrid et à la Real Sociedad !

Car c’est là que le bât blesse. Les Indios n’ont rencontré comme adversaires compétitifs que Villarreal, équipe contre laquelle ils ne se sont sauvés de la défaite que grâce à un but contre son camp lunaire d’Aïssa Mandi. Pire encore : ils ont perdus contre le Deportivo Alavés, 19e. Le constat est simple : l’Atlético de Madrid est frêle mais il se redresse toujours. Sur les 11 buts en sa faveur, 7 ont été inscrits après la 75e minute de jeu et 4 d’entre eux dans le temps additionnel !

Jonathan Moscrop/ Sportimage Photo by Icon Sport

On peut tirer de cette statistique trois éléments distincts. D’une part, il semblerait que les 5 changements autorisés depuis la crise de la Covid permettent à Simeone de changer la face des matches à chaque deuxième mi-temps et d’être décisif dans les derniers instants. Ensuite ce qui saute aux yeux, c’est la capacité de l’Atlético à se battre jusqu’au bout, respectant à merveille leur dicton “Nunca dejes de creer” (Ne cesse jamais d’y croire) et usant à la perfection du relâchement mental et physique des adversaires en fin de match. Enfin, les joueurs de l’Atlético semblent être vernis, terriblement chanceux, à coups de but contre son camp, de penalty litigieux et d’illuminations individuelles dans le jeu.

Totalisant en Liga 9 buts inscrits contre 6 concédés, la tendance actuelle ne peut pas tenir sur le long terme. Il est nécessaire pour le staff colchonero de diagnostiquer les problèmes et d’y remédier au plus vite avant d’être distancés pour le sacre. L’Atlético gagne oui, mais pas assez bien.

Le 3-5-2, système trop facile à manœuvrer pour les adversaires ?

  • Une production offensive à bout de souffle

La difficulté notoire de l’Atlético de Madrid en ce début de saison est sa production offensive beaucoup trop faible. En effet, pas mois de 8 équipes ont plus marqué. Sa moyenne est très moyenne : 1,28 buts par match. Digne d’un futur champion ? Assurément pas. Mais alors qu’est-ce qui coince ? Alors que la saison dernière, l’Atleti concurrençait le Real Madrid, le voilà désormais distancé de 12 longueurs au compteur de buts.

La formation d’El Cholo Simeone est probablement un des principaux éléments de réponse pour expliquer cette méforme. En effet, le fameux 3-5-2 qui aura dérouté tant d’adversaires la saison dernière et permis aux joueurs de trouver de nouveaux espaces et des combinaisons pour aller marquer ne performe plus autant, et n’étonne plus. Les défenses à 5 sont plus courantes, les équipes procèdent systématiquement en contre face au bloc haut de l’Atlético et rien ne se passe. L’équipe se retrouve à chercher nerveusement des circuits afin de faire craquer le bloc adverse, mais arrêtée. En difficulté pour se démarquer, elle n’y parvient plus. Impossible de lancer Marcos Llorente sur l’aile droite sans qu’il ne soit suivi de très près, impossible pour Yannick Carrasco de faire des différences en 2 contre 1, ni pour Thomas Lemar ou Rodrigo De Paul de faire la passe qui va casser les lignes.

Le 3-5-2 est désormais trop statique pour surprendre. La dernière arme fonctionnant encore un peu est de centrer depuis les latéraux vers Luis Suárez mais c’est trop peu : seulement 3 buts en 7 journées. En somme, l’animation est trop pauvre malgré les nombreux joueurs de talents (et leurs inspirations salvatrices) dans cet effectif, entre manque de mouvement, rythme trop faible et prises de risques limitées. Ces symptômes sont bien résumés dans cette statistique : 10 tirs par matches, 3,3 de cadrés et à peine plus d’un tiers au fond des filets.

  • Une rigueur défensive aux quatre vents

L’autre diagnostic majeur à poser sur cet Atlético bancal de début de saison n’est rien de moins que l’état de sa défense. L’équipe joue en bloc haut à trois défenseurs centraux, généralement la triplette Mario Hermoso-Josema Giménez-Stefan Savic, aidés de 2 pistons ainsi que d’un milieu à 2 ou 3.

Lorsque l’équipe a le temps de se replacer en bloc médian, le danger n’est pas très grand pour l’Atlético qui laisse passer sa ligne offensive avant d’étouffer sur un côté toute tentative d’attaque et de récupérer le ballon. Cependant, il faut bien le dire, quand Renan Lodi, Kierran Trippier ou encore Sime Vrsaljko se retrouvent pris de vitesse par un dribble, la défense perd tout son sang-froid et les centraux font faute pour empêcher l’action de se dérouler et l’Atlético de s’écrouler. Ainsi l’équipe a déjà cumulé en 9 matches TCC pas moins de 2 cartons rouges et 35 cartons jaunes démontrant une fébrilité certaine.

Le pire, et cela s’est particulièrement vu face au Milan jusqu’au début de la 2e mi-temps, c’est la capacité ou plutôt l’incapacité de l’Atlético à défendre sur les contres adverses qui prennent systématiquement la même forme. C’en est tellement schématique et répétitif au cours des matches que c’en est déroutant. L’équipe adverse récupère la balle après un dribble raté de Carrasco, une passe interceptée à l’intention de Llorente ou encore un cafouillage dans la surface de réparation. La relance se fait dans l’axe ou l’axe gauche vers un milieu relayeur qui progresse avant de décaler le ballon sur l’aile gauche, où un ailier ou un attaquant se retrouve face à une défense de trois-quarts face, il court balle au pied avant de la glisser en profondeur pour le buteur ou le 10 adverse qui peut aller au but. À chaque match, ce scénario revient et fonctionne. Cela pose à Simeone un double problème, à savoir un pressing à la perte inefficace, ainsi qu’un marquage de zone trop lâche qui ne permet ni de bloquer les ailiers ni de tenir les attaquants centraux en respect.

Enfin, le plus dur à digérer pour les supporters de l’Atlético de Madrid, c’est de voir leur équipe souffrir en attaque placée et arrêtée. En effet, là où l’équipe brillait par sa capacité à résister pendant de longues minutes aux assauts répétés d’équipes nourries au Guardiolisme, où chaque duel de la tête était remporté (sauf contre Sergio Ramos…), tout cela n’est plus le cas ou du moins en partie. Plus d’attentisme, moins de marquage précis, plus de fautes de main font de l’Atlético une équipe qui se sait vulnérable et qui s’en convainc pour son plus grand malheur.

Efe/ABACAPRESS.COM//David Aguilar By Icon Sport – (Espagne)

Comment Simeone peut-il redresser insuffler un vent de renouveau ?

  • Un choix de XI titulaire à revoir

Simeone a toujours eu un banc assez limité à sa disposition, le poussant à très souvent aligner le même XI de départ à chaque rencontre, s’autorisant une ou deux variantes légères. En revanche, depuis la saison dernière et encore plus cette saison, il est moins sûr de ses choix, avec un banc plus riche ainsi que la possibilité d’effectuer 5 changements, possibilité qu’il exploite quasiment systématiquement et souvent à bon escient.

Il a bien sûr ses hommes forts autour desquels il bâtit son effectif de base : les 2 centraux Savic et Gimenez, véritables patrons et soldats de la première heure, Koke El Capi bien entendu, Ángel Correa et Carrasco deux produits offensifs du Cholismo ainsi que Llorente, titulaire à tous les matches jusque-là. Les autres postes font débat et il n’arrive décidément pas à faire son choix : les attaquants se remplacent à chaque match entre Suárez, Griezmann, Matheus Cunha et Joao Félix, les pistons Carrasco et Trippier sont souvent remplacés par Lodi, Vrsaljko ou un milieu qui va faire se décaler Llorente à droite, et enfin Hermoso balloté de central à latéral gauche et qui s’est vu supplanter par Geoffrey Kondogbia plusieurs fois.

Le plus grand chantier est sûrement au milieu entre Lemar et De Paul, Kondogbia qui fait monter Koke d’un cran mais pousse Llorente sur le côté et même Héctor Herrera qui, sur ses titularisations et entrées en jeu, s’est avéré être un bon élément. Bref, El Cholo n’est pas habitué à devoir faire des choix de riches. Il tente de s’adapter à son adversaire en choisissant tour à tour un milieu à deux, puis à trois, mais rien n’y fait, il n’a pas trouvé la formule magique, celle qui va pleinement le satisfaire.

Cette hésitation est aussi surement due à ses joueurs créatifs Lemar et Félix qui se blessent encore trop régulièrement depuis la saison dernière pour occuper une vraie place de titulaire, mais Saúl Ñíguez n’est plus là pour colmater les brèches. Antoine Griezmann n’est pas encore au niveau attendu afin de concurrencer Correa et Suarez à la pointe de l’attaque. Sans compter que Simeone ne s’est pas encore risqué à aligner Joao Félix et le Français dans son XI de départ…

Cela démontre l’hésitation dans les choix de Simeone, ce qui ne peut pas mettre les joueurs en confiance, surtout quand celui-dernier en sort 3 ou 4 à chaque heure de jeu, après s’être renducompte des erreurs tactiques causées par ses compositions laissant tour à tour la main à Villarreal, à l’Espanyol et au Milan pour dominer le match.

  • Une animation à repenser autour des joueurs performants

Simeone est plongé à chaque préparation de match dans une grande réflexion sur quels joueurs s’appuyer pour construire une animation qui marche, qui fait gagner. Il le reconnaît en conférence de presse : il lui manque la clé, l’idée qui va lui permettre de rendre son équipe performante. Mais cela doit passer par l’utilisation des joueurs qui performent en ce début de championnat, tout en lançant ceux qui viennent récupérer leur temps de jeu. Equation difficile à laquelle il est possible d’apporter des éléments de réponse.

Ce qui ne fonctionne plus dans cet Atlético, ce sont les pistons. Carrasco ne fait plus les différences, trop vite isolé du reste de l’équipe et peu servi en profondeur, tout comme Lodi quand il prend sa place. On a vu par moment la chose se réaliser contre Getafe pour Carrasco et contre Milan pour Lodi. De l’autre côté, Trippier et Llorente ont perdu cette connexion qu’ils avaient, sûrement parce qu’aujourd’hui leurs combinaisons sont trop lisibles. Quand à Llorente piston droit, comment ne pas penser à Saúl piston gauche dans le rôle d’un milieu qui défend bien son côté mais qui n’arrive pas à se lancer balle au pied ou à avoir le toucher de balle nécessaire pour servir ses coéquipiers en profondeur ?

La solution pourrait être de recentrer le jeu, dans un milieu à trois avec deux attaquants ou un milieu à deux avec trois attaquants, peu importe, mais chercher à combiner dans ces zones avant d’aller décaler sur les pistons dans la profondeur. Cet entrejeu en forme de M ou de W permettrait, à condition que les attaquants participent activement à la construction par des décrochages et des appels pour attirer les défenseurs, de développer une animation bien plus productive et déroutante que la circulation en U actuelle en attendant de trouver l’appel ou le centre miracle qui permettra de décrocher les 3 points.

Par ailleurs, ne comptez par sur Simeone pour se départir aussi facilement de son 3-5-2 ! Il a gagné une Liga avec, il ne risque pas de l’abandonner de sitôt ! La seule fois où il se l’est permis contre Getafe, il a choisi assez vite de revenir à son système afin de recoller au score et gagner ce match, ce qu’il a d’ailleurs réussi à faire.

À LIRE – Atlético de Madrid – FC Barcelone : El Partidazo de la J8

  • L’Atlético face au Barça, quelles composition et quel pronostic ?

Pour finir, et fort des éléments présentés plus hauts qui seront sûrement les clés d’une plus grande réussite pour le reste de la saison, il peut être intéressant de tenter d’anticiper le XI de départ ainsi que les 5 changements, très importants désormais dans l’approche d’un match par Simeone. AtletiFrancia nous rapporte que le XI testé à l’entraînement par Simeone est le 3-5-2 suivant : Oblak; Savic, Gimenez, Hermoso; Llorente, Lemar, Koke, De Paul, Carrasco; Félix, Suárez.

Ce XI est intéressant puisque résolument tourné vers l’attaque. Le choix de mettre en pistons Llorente et Carrasco, des milieux de métiers, n’est encore jamais arrivé, mettre Trippier sur le banc est une décision forte. Ce qui rend cette composition particulièrement offensive, c’est aussi son milieu, avec Koke en 6 suppléé par deux 8/10 en puissance, à savoir Lemar et De Paul. Pas de Kondogbia travailleur derrière pour stopper les offensives mais suspendu, Simeone miserait donc tout sur la créativité. On le sait, De Paul n’est pas le meilleur défenseur, et même si Lemar s’est beaucoup amélioré, le qualifier de milieu récupérateur serait présomptueux. Enfin, le choix de Félix ne serait pas anodin non plus, faisant fi des bonnes performances de Correa qui s’essouffle peut-être un peu, mais surtout en refusant à Griezmann la titularisation alors qu’il vient d’ouvrir son compteur avec l’Atlético d’un but salvateur à San Siro. Suárez quant à lui n’est pas une option discutable : il sera titulaire face à son ancien club et semble, au vu de ses dernières déclarations, avoir envie plus que tout de marquer contre le Barça.

By Icon Sport – Madrid (Espagne)

Partant de ce XI et quelque soit le déroulé du match, on peut parier sur une entrée en jeu de Griezmann et de Correa pour les offensifs, ainsi que celles de Lodi et de Trippier. Au-delà d’être les plus probables au vu de la récurrence de leurs entrées en jeu ou présence dans les XI de départ, ce sont les plus cohérents avec le besoin de marquer ou bien de tenir un score.

Le match qui s’annonce s’avère essentiel pour les deux club. Il s’agit pour un Barça humilié par Benfica et son coach sur la sellette de se relancer dans la course au top 4 en Liga et, pour l’Atlético et Simeone, de se rassurer sur ses capacités à battre les grands clubs. Ce match est difficilement prédictible, entre des Rojiblancos très peu en forme à domicile et un Barça qui cède facilement à l’extérieur, mais on peut tabler sur une donnée très importante qui avait jusque là été absente, à savoir le retour des supporters à 100% dans les stades. L’ambiance sera au rendez-vous entre le Barça et l’Atlético et c’est bien ce qui pourrait faire pencher la balance en faveur des Colchoneros.

François
@vistafrou

 

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