Barça / La route est droite mais la pente est raide

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Le Barça doit redevenir le Barça. Un défi déjà ardu même si l’on fait abstraction de l’environnement hostile actuel. Tiraillé entre un président, un coach et des joueurs qui ne veulent pas se sacrifier pour la cause, le FC Barcelone s’empêtre encore et les affiches européennes ne font que dévoiler un peu plus au grand jour une descente aux enfers entamée il y a plus 10 ans avec l’élection de Sandro Rosell.

Un célèbre proverbe espagnol dit « del dicho al hecho, hay gran trecho ». De la parole à l’acte, il y a un long chemin. Joan Laporta l’apprend à ses dépens ! Triomphant en mars dernier après son élection à la tête du FC Barcelone, il a par la suite mesuré le travail colossal qui l’attendait. S’est-il rendu compte de l’immensité de la tâche, au point de regretter son choix de candidater, lui qui a si longtemps hésité avant de se lancer ? Une chose est sûre : le chemin sera long, très long et la garantie de succès n’est pas assurée.

Aucun amateur de football en ce bas monde ignore dans quel état l’avocat à récupéré « son » Barça. La précédente direction de Josep María Bartomeu a plongé un club connu et reconnu dans les abysses, là où les louanges sur le jeu et les titres se transforment en scandales et ennuis judiciaires. Cependant, Joan Laporta a beaucoup parlé, beaucoup promis. De garder Leo Messi, déjà. Une promesse qu’il n’a pas pu tenir, selon lui à cause de la situation économique intenable dont il a hérité. Pourtant, Jaume Roures, l’une des personnes qui a financé son aval financier auprès de la Liga pour valider son élection, a avancé d’autres raisons dans les colonnes de Mundo Deportivo.

« Messi, ça s’est compliqué davantage pour un thème sportif que pour un motif économique ».

Une information en partie révélée par Lluis Canut, journaliste proche de… Ronald Koeman. Le flou autour de ce départ n’a fait qu’augmenter la suspicion que les socios pouvaient avoir à l’égard de Laporta, et ce peu importe les méfaits de la direction précédente. La confiance s’est étiolée. « Jan » marche sur des œufs. Il a beau être le président, il a des comptes à rendre, à commencer par ceux qui le soutiennent financièrement.

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Ce flou autour du départ du numéro 10 argentin, il entoure également d’autres décisions, notamment le départ de Francisco García Pimienta, entraineur de l’équipe B, démis de ses fonctions au profit de Sergi Barjuan, soutien de Laporta aux bien maigres références. Mais ce qui interroge le plus, c’est surtout le souhait de garder Ronald Koeman. Personne n’oserait avancer que le coach oranje est sur la liste des principaux accusés de la situation catalane aujourd’hui. Personne. Il est, comme son prédécesseur Quique Setién, au bout d’une chaîne d’une multitude de décisions inconsidérées en amont. Pas responsable, pas coupable mais sur le chemin de Laporta, placé entre ses paroles et ses actes. C’était un secret de polichinelle pendant la campagne : l’avocat ne voulait pas du Néerlandais pour lancer son projet. Mais il s’est bien gardé de le dire en public. Koeman n’est pas n’importe qui, c’est une légende blaugrana et son adversaire Victor Font qui, lui, a osé lui le déclarer, a pris la foudre d’une grande partie de la presse, acquise à la cause du vainqueur de la Ligue des Champions 1992. Joan Laporta, malin, a vite compris qu’il fallait conforter Koeman. Mais en interne, tout le monde savait. Le chemin, c’était sans Koeman. Le rêve, c’était Julian Nagelsmann, celui-là même qui a déroulé un plan sans accroc avec le Bayern mardi soir.

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Insuffisamment préparé, trop confiant ou tout simplement optimiste, Joan Laporta n’avait pas prévu que les finances le priverait de ce changement d’entraîneur à l’été. Il a bien essayé de faire craquer l’ancien défenfeur central pour que, vexé, celui-ci quitte le navire sans ses indemnités. Une erreur de taille quand on connaît le caractère bien trempé de Koeman. Depuis ce jour, le chemin entre la parole et les actes s’est grandement cabossé. Koeman demande les clés du navire, Laporta ne veut les donner qu’à un homme qu’il a choisi. Joan parle un peu trop à ses amis journalistes, Ronald en fait de même. Pendant ce temps, les joueurs à qui le coach reproche ces mêmes méthodes gloussent probablement en silence. Ce n’est pas moi qui ai commencé, c’est toi ! Le Barça devient une cour de récréation où chacun veut se dédouaner et se défausser. Et après tout, c’est bien vrai. Ni Laporta ni Koeman ne sont les principaux responsables du chaos. Mais ce sont bien eux qui doivent incarner le renouveau, le changement, la reconstruction. Malheureusement, en se menant une guerre d’ego au grand jour, ils ne font que ralentir l’inévitable.

Le président élu restera encore longtemps, le coach partira. Inéluctable. Sportivement, Laporta n’est pas convaincu par les qualités de Koeman. Les progrès il les a peu vus. Peut-on le lui reprocher ? Oui et non. Les circonstances atténuantes existent, avec un effectif court qualitativement et quantitativement. La vérité fait mal, mais il faut l’accepter : le Barça ne peut plus lutter face aux mastodontes européens. Sur ce point, le problème dépasse largement la personne assise sur le banc. Mais le manque de progression collective, de qualité de jeu en Liga, pour un effectif qui compte tout de même des joueurs de qualité est-il acceptable à une heure où beaucoup arrivent à s’émerveiller devant le Clermont de Pascal Gastien, le Leeds de Marcelo Bielsa ou encore la Real Sociedad d’Imanol Alguacil ? Pas sûr. Le coach culé le dit ouvertement : il n’est pas content de son effectif. Mais serait-il là pour en discuter si le Barça n’était pas plongé dans un crise institutionnelle ? Son nom n’a été évoqué que face aux situations les plus désespérées. Il est lui aussi une conséquence de cette crise et ses déclarations condescendantes récentes ne font que pointer le curseur vers lui et un égo qui ne semble s’exprimer qu’à sa convenance.

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Le chemin sera long et douloureux. Il faudra abandonner des hommes sur le bas-côté. Ces hommes communément nommés « les cadres », sont parmi les derniers survivants de la précédente direction. Le mot victoire leur a longtemps collé à la peau; il est maintenant effacé. Dépassés physiquement, malmenés, incapables d’admettre leur baisse de niveau, ne sont-ils qu’une épine dans le pied du coach ? Pas totalement. Koeman tient à son poste et même si les chances sont minces, il veut tenter de les conserver. Il sait qu’avec ces mêmes cadres, il est passé proche d’une victoire en Liga la saison dernière. C’est ce qu’on appelle communément du donnant-donnant. Alors il est prudent. Il avance à tâtons. Tailler son président dans une presse qui le ménage, ce n’est pas grave : c’est une légende, il risque peu. Mais écarter des égaux au panthéon blaugrana, qui pourraient l’empêcher de renouveler son contrat, ce n’est pas possible. Se mettre tout le monde à dos en faisant des choix contestés mais qu’il pense nécessaires, Koeman n’en a rien à faire. A Valence, dirigeants, joueurs, afición : toute une ville voulait son départ. Cadres historiques ou pas, Santiago Cañizares, David Albelda et Miguel Angulo sont allés faire un tour en tribune. Mais aujourd’hui, la situation est différente. Pourquoi ? Parce que Koeman veut rester au Barça. Et si pour ça, il faut composer, alors il le fait.

Et alors que la reconstruction est censée commencer, le Barça en est là, toujours au même point, avec des hommes qui, à tous les niveaux, pensent surtout à eux. Tant d’ambitieux et si peu d’ambitions. Joan Laporta espère qu’un petit poucet aura semé quelques cailloux pour lui permettre de retrouver son chemin entre ses paroles avec la promesse de jeu et de victoires et ses actes. Mais ça n’arrivera pas car il est l’éclaireur, l’homme qui ouvre la voie. De la parole aux actes, il y a un long chemin. Autant de ne pas se perdre dès le départ.

Tracy RODRIGO (tracyrodrigo_)

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