Atlético / La tentation de jouer sur tous les tableaux

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Champion d’Espagne mais piteusement sorti en 1/8 de finale de la Ligue des Champions après deux non-matches contre Chelsea, l’Atlético de Madrid veut briller en Liga comme en Europe. Trop beau pour être vrai ?

Comment saborder ses progrès offensifs en l’espace de 2 matches ? Contre Chelsea en 1/8 de finale de C1 2020-2021, Diego Simeone a résolu l’équation en proposant tout ce qui rendait l’Atlético de Madrid détestable, à rebours d’une première partie de saison admirable en tous points. Certes, la COVID avait sévi en masse dans l’effectif colchonero et Kieran Trippier s’était fait gauler pour avoir aidé un ami à parier sur son propre transfert. Une élimination lamentable contre le futur champion d’Europe qui revenait à dire : « a full » sur la Liga. Neptune ceint de la couronne espagnole, les Colchoneros voient plus haut. Mais peuvent-ils vraiment viser le doublé ?

Le mental est toujours là

L’été a été réussi à Manzanares. Les Rojiblancos se sont renforcés et ont enregistré le retour d’Antoine Griezmann, le fils prodigue du Cholo. L’Atlético a du talent à revendre et est le favori numéro 1 à sa propre succession. Depuis 1951, jamais le club n’est parvenu à conserver son titre domestique. Face à un Real Madrid en reconstruction et un FC Barcelone en perdition, l’occasion est trop belle, voire inespérée, pour entamer un cycle de domination en Liga. Si le début de saison a été poussif avec, paradoxalement, une partition de très haut niveau lors du match nul, miraculeux sur la forme mais très intense sur le fond, contre Villarreal (2-2), les Colchoneros prennent des points au mental. Des points qui compteront en mai prochain certes mais l’effectif est-il en mesure d’envisager une campagne européenne ambitieuse ?

« L’Atlético sait désormais comment gagner. Ce sont aux adversaires de se préoccuper sur comment combattre l’intensité que le Cholo imprime à son équipe »
Guilherme Siqueira dans Marca, le 12 janvier 2020

Joie Atletico Madrid Champion – Diego Godin – 17.05.2014 – Barcelone / Atletico Madrid – 38eme journee de Liga

Un groupe d’envergure pour l’Espagne… mais suffisant pour l’Europe ?

Courir deux lièvres à la fois, c’est le risque de rentrer broucouille comme on dit dans le Bouchonnois. Par deux fois avec Simeone, l’Atlético a atteint la finale de la Ligue des Champions, battu dans des conditions extraordinaires par le Real Madrid. En 2014, les Indios ont failli réaliser un exploit majuscule puisqu’ils avaient même disputés les 1/2 finales de Copa del Rey (élimination sans appel contre la Casa Blanca). Ce précédent-là peut-il se répéter avec, cette fois-ci, une réussite maximale ?

Il y a 7 ans, avec une ossature 5 étoiles composée de Thibaut Courtois, Diego Godín, Joao Miranda, Filipe Luis, Juanfran, Gabi, Koke, Arda Turan, Raúl García et Diego Costa à laquelle s’ajoutaient des profils très précieux comme Toby Alderweireld, Tiago Mendes, Mario Suárez et évidemment David Villa, l’Atlético a tenu 9 mois, malgré des turbulences en février et lors des derniers matches contre Levante et Málaga. En Ligue des Champions, jusqu’à la 94e minute de la finale, le parcours a été impressionnant avec les éliminations successives du Milan, du Barça et de Chelsea.

Les Colchoneros disposent-ils aujourd’hui d’une telle colonne vertébrale ? Sont-ils capables de prendre de nouveau 90 points en marquant 77 buts et en encaissant seulement 26 ? D’y mêler une longue campagne continentale pour atteindre un Graal jamais atteint malgré 3 finales ? Il serait fort prématuré d’y répondre dès à présent mais il est évident que la solidité défensive s’est étiolée et qu’en attaque, Luis Suárez n’est plus en mesure d’être régulier et décisif en Ligue des Champions. Le retour d’Antoine Griezmann pourrait-il combler cette lacune énorme ? Rien n’est moins évident, le Français devant d’abord se réincorporer dans le collectif rojiblanco qui a changé sa manière de jouer depuis 1 an.

Si la conquête du titre en Liga a aiguisé les appétits et assurément enclenché le moulin à fantasmes (on parle d’une équipe très souvent caricaturée et qui est désormais envisagée comme vainqueur potentiel de la C1), le fameux « partido a partido » restera plus que jamais la norme colchonera cette saison. Dans un groupe très relevé avec Porto, Liverpool et Milan, soit 3 clubs au palmarès européen très étoffé, les pronostics sont déjà difficiles à établir. Le champion d’Espagne doit être ambitieux, mais pas présomptueux, qui est plus au moment où il peut prendre l’ascendant sur ses rivaux.

François Miguel Boudet

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