Barça / Sans Messi, quelle animation offensive depuis le début de saison ?

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Acteur malheureux du feuilleton le plus relayé de ce marché des transferts estival, le FC Barcelone a perdu le plus grand joueur de son histoire et doit en écrire la suite autrement. Au-delà des aspects économiques, d’image de marque, voire diplomatiques, c’est surtout du point de vue sportif qu’il faudra entamer une réelle refonte. Sans Messi, le jeu déployé en attaque par le Barça apportera-t-il son lot de surprises ou de perplexité ? 

Sur les 15 dernières années, il y avait un joueur pas comme les autres au FC Barcelone, capable de décider du sort d’une rencontre à lui tout seul et à tout moment, qui garantissait à son équipe une sécurité offensive exceptionnelle et dont le génie ne cessait de surprendre ses plus fidèles observateurs. Désormais, ce joueur n’est plus chez lui. Lionel Messi a quitté le club de sa vie pour tenter l’aventure ailleurs. Un drame pour l’institution catalane qui a bâti une partie de sa légende sur la dernière décennie à ses côtés. Mais aussi brutale soit-elle, ce départ inopiné ne doit pas interférer l’ambition blaugrana de repartir de plus belle. Il faut reconstruire, redistribuer les cartes et tourner la page.

Qui pour composer l’avant-garde Blaugrana ?

Un être vous manque et tout est dépeuplé. À l’entame de la saison en Liga, la liste des joueurs offensifs au FC Barcelone en prend forcément un coup. Le standing est moindre, mais le club n’a vraisemblablement pas d’autre choix que d’en passer par là, de façon à repartir sur de nouvelles bases. Les grands changements sont, paraît-il souvent les plus efficaces. Au coup d’envoi de l’exercice 2021-2022, les alternatives principales se nommaient Antoine Griezmann, Martin Braithwaite, Yusuf Demir et Memphis Depay. Ansu Fati, Ousmane Dembélé, Sergio Agüero et Philippe Coutinho étaient quant à eux blessés, et donc indisponibles pour le moment, et Luuk de Jong n’était pas encore arrivé au club. Ronald Koeman a donc eu le choix de l’embarras plus que l’embarras du choix en alignant un trio d’attaque Griezmann-Depay-Braithwaite dans un dispositif qui se rapprochait dans les grandes lignes à un 4-3-3.

By Icon Sport – Camp Nou – Barcelone (Espagne)

Que ce soit lors de la 1re journée contre la Real Sociedad (victoire 4-2 du Barça), de la deuxième sur le terrain de l’Athletic Club (1-1), ou de la troisième face à Getafe (victoire 2-1), le même schéma a été instauré, donc les mêmes observations se sont effectuées. Il faut savoir que c’est lorsqu’une équipe n’a pas le ballon que l’on peut facilement deviner le système qu’elle utilise. Dans notre exemple, en phase défensive donc, Memphis Depay occupait le demi-espace gauche de l’attaque barcelonaise, et Antoine Griezmann celui de droite. Ils ne se placent pas suffisamment contre les lignes de touche, pour qu’on les considère comme des joueurs de couloirs. Voilà comment le schéma de composition du 4-3-3 est respecté en phase défensive, avec évidemment un Martin Braithwaite chargé d’intégrer l’axe du terrain sur la ligne offensive.

Des conditions de viabilité essentielles

Si le système de l’entraîneur est en théorie nettement mieux visible lorsque son équipe défend, l’animation en attaque est bien plus désordonnée. Sur les trois rencontres de Liga disputées par le FC Barcelone, Depay, Braithwaite et Griezmann évoluaient globalement la plupart du temps dans les mêmes dispositions, qu’ils attaquent ou qu’ils défendent. À quelques différences près.

Avec le ballon, ces joueurs n’hésitaient pas à permuter entre eux, à inverser les rôles selon les actions. Une situation particulièrement aperçue entre Memphis Depay et Martin Braithwaite. Parfois, le Danois coulissait à gauche, pendant que le Néerlandais faisait le chemin inverse. Parfois, c’est le Français qui venait échanger sa position avec celle de son compère axial. Des déplacements coordonnés, pour maintenir notamment une occupation dans trois différentes zones de l’attaque. Or ces trois zones étant celles de l’axe et des deux demi-espaces du terrain, les couloirs se retrouvaient ainsi inexploités, car les profils de ces joueurs n’appellent pas à le faire.

Seulement, on assistait d’autres fois à un regroupement plus serré entre ces trois atouts offensifs. Déjà que la largeur en attaque était trop peu utilisée avec des permutations répétées, les quelques offensives moins coordonnées qui concentraient ces trois joueurs dans la même zone centrale du terrain ont plus pénalisé l’équipe qu’autre chose. Pour remédier à ce manque de largeur généré par les profils axiaux de ces joueurs, il est nécessaire de voir les montées des milieux relayeurs et celles des latéraux. Des joueurs sur le papier positionnés plus bas qui doivent composer et s’emparer des zones inoccupées par leurs compères d’attaque. À ce jeu, Frenkie De Jong rayonne, toujours présent via des courses verticales, jusque dans la surface. Jordi Alba également, véritable ascenseur dans son couloir gauche. Mais, et nous l’avons vu lors des premiers matchs de Liga, c’est trop insuffisant. Cette solution peut fonctionner, à condition d’être bien coordonné entre les trois attaquants, les milieux relayeurs et les latéraux. Mais au Barça, l’occupation efficace des espaces est rarement irréprochable.

Les problèmes de ce schéma d’évolution

Les principaux inconvénients de cette densité axiale sont l’occupation non optimale du terrain et, de fait, la réduction des possibilités offensives. Depay, Braithwaite et Griezmann se retrouvaient par moment sur la même ligne, très rapprochés au centre du terrain. Ils formaient un petit triangle dans l’axe, trop scolaire pour être efficace. Puisque les couloirs sont inexploités, ce schéma d’évolution entre ces trois attaquants axiaux limite drastiquement le champ des possibles. De plus, c’est facilement lu et contenu par les défenseurs adverses. Défendre sur trois joueurs occupant la même ligne est plus simple que s’ils étaient à des hauteurs différentes. Ainsi, le Barça peinait à progresser en attaque, avec des passes verticales souvent anticipées par l’équipe en face. Il fallait alors agir via d’autres alternatives, comme par exemple sur coup de pied arrêté sur le but de Piqué face à la Real Sociedad, par les montées nombreuses de Jordi Alba face à la Real et à Getafe, ou encore sur un exploit individuel, comme celui de Depay sur le terrain de l’Athletic Club.

Photo by Icon Sport – Ousmane DEMBELE – Ronald KOEMAN – Sant Joan Despi Sports Complex – Barcelone (Espagne)

En attendant Ousmane Dembélé et Ansu Fati

Sur ses trois premiers rendez-vous de la saison, le FC Barcelone n’avait finalement pas trop le choix de procéder ainsi. Le bilan comptable reste correct, avec deux victoires et un match nul, mais les impressions laissées contre l’Athletic et Getafe ont déjà inquiété les supporters. Ronald Koeman a tenté de compenser les absences de plusieurs de ses joueurs en alignant ce trio, mais cela ne durera pas. Tout d’abord, car cette approche n’aurait jamais fonctionné toute une saison, ensuite parce que le club attend impatiemment les retours de Dembélé, de Fati, d’Agüero et de Luuk de Jong, que Braithwaite s’est blessé pour de longs mois et enfin car Antoine Griezmann s’en est allé lors du dernier jour du mercato, direction l’Atlético de Madrid, son ancienne écurie. Cette animation offensive post-Messi aperçue donc sur le début de saison catalan s’accompagne de son lot d’incertitudes. Considérer que le Barça ne va plus jouer ainsi en raison du départ du Français serait se tromper. C’est un profil axial de moins dans l’effectif, certes, mais rien ne présage une meilleure animation lors des prochaines semaines.

Agüero, de Jong et Coutinho se manifestent eux aussi par leur attrait pour l’axe du terrain. En fin de compte, les éléments les plus attendus pour ce Barça-là seraient sans doute les retours d’Ansu Fati et d’Ousmane Dembélé, véritables ailiers, capables par définition de prendre la profondeur, d’occuper la largeur, de coller la ligne de touche pour ensuite être habiles et efficaces dans la provocation, dans les duels. En bref, tout ce que l’équipe de Ronald Koeman n’a pas su faire en ce début de saison. C’est certainement pour cela aussi que le FC Barcelone a attribué le légendaire numéro 10 de Messi au jeune prodige Ansu Fati, honorable témoin de confiance et de gratitude. Le Barça compte sur lui et ses ailiers pour alimenter comme il se doit une animation offensive désormais dépourvue de Lionel Messi et grandement attendue dans cette ère nouvelle.

Dorian Faucherand
@DorianFchrd

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