Éibar / Gaizka Garitano, le retour du faiseur de miracles

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Dernier de Liga la saison dernière, Éibar a mis un terme à un cycle de 6 ans au sein de l’élite. La descente en Segunda a provoqué le départ de José Luis Mendilibar et le retour de Gaizka Garitano, l’homme de la double montée historique et du maintien inespéré. Déplumés d’une large partie de leurs cadres, les Armeros disposent des structures et des institutions pour envisager un retour immédiat. A condition de se départir des pièges de la división de plata.

La forteresse d’Ipurua est finalement tombée. Alors qu’Éibar avait connu la grande joie de voir Bryan Gil, prêté par Séville, devenir international, l’alégresse est vite retombée. Contrairement aux années précédentes, les Armeros n’ont pas réussi la série de bons résultats qui leur avait permis jusque-là d’assurer le maintien. Cette fois-ci, privée de son public, la SD a sombré et n’a pas eu droit à un miracle pour se sauver, comme en 2015, quand Elche, perclus de dettes, avait été contraint de descendre, permettant au club basque, premier non-relégable, de rester parmi l’élite au terme de sa toute première saison en Liga. A l’époque, Gaizka Garitano était sur le banc. L’ère Mendilibar refermée, c’est donc à lui qu’Amaia Gorostiza a confié ce nouveau chapitre.

Photo by Icon Sport – Ipurua Municipal Stadium – Eibar (Espagne)

Gaizka Garitano, l’homme par qui tout a commencé

Après un passage mitigé à l’Athletic tout de même marqué par une qualification en finale de Copa et en SuperCopa, Gaizka Garitano est de retour à Éibar, un club où il a tout connu : un passé de joueur, d’adjoint puis de numéro 1 avec une double montée et donc un maintien rocambolesque. A l’époque, le technicien de 37 ans entraînait feu le filial des Armeros et l’équipe première sortait de trois échecs successifs en barrages d’accession en Segunda. La cellule de recrutement réalise quelques jolis coups comme Raúl Navas, sans club à ce moment-là, Yuri Berchiche qui était alors remplaçant au Real Irún et Ander Capa que le technicien avait dirigé avec la B, en Tercera. Le leadership insufflé a sorti Éibar de son anonymat, coincé entre l’Athletic et la Real Sociedad.

« C’était un groupe très jeune, affamé et enthousiaste pour réaliser des choses importantes. Nous nous entraînions le matin et beaucoup de joueurs revenaient le soir pour des sessions volontaires, au gymnase. Et la dynamique prise par l’équipe les a poussés à grandir »
Gaizka Garitano dans Panenka, septembre 2017

Au bout de 2 saisons, la SD était en Liga grâce à un jeu recherchant les combinaisons plus que les longs ballons avec des joueurs comme José Luis Morales et Jota Peleteiro. Et en Primera, malgré des départs importants, Éibar est parvenu à dépendre de lui-même ou presque jusqu’à la 38e journée.

« C’était une équipe pour descendre « sí o sí ». Nous avions pratiquement la même qu’en Segunda, et même pire, car Jota, Morales et Berchiche partent et les recrues ont très peu apporté, mis à part Manu del Moral et un peu Javi Lara au début. Nous avions 27 points après la phase aller en n’ayant aucune expérience en Primera. Albentosa part au mercato d’hiver, Raúl Navas passe toute la phase retour blessé. Nous finissons avec Lillo et Añibarro comme centraux. Añibarro était un professionnel investi mais il avait effectué toute sa carrière en Segunda B et il a débuté en Liga en 35 ans. Quant à Lillo, il avait disputé une paire de matches en Liga mais il était plus un latéral qu’un central. Sérieusement, atteindre 35 points avec cette équipe… »
Gaizka Garitano dans Panenka, septembre 2017

Mais en arrachant le match nul contre un Barça déjà champion, le Deportivo de la Corogne pousse les Armeros à la 18e place. Or le retour en Segunda n’a pas lieu. Elche est rétrogradé administrativement en raison de finances cataclysmiques et Éibar, le bon élève, profite de l’aubaine pour récupérer la place laissée par les Ilicitanos. Malgré tout, Garitano ne change pas d’avis : son époque est révolue.

Les grandes manœuvres

La descente a provoqué le départ de nombreux cadres et non des moindres : Marko Dmitrovic (Séville), Paulo Oliveira (Braga), Pedro Bigas (Elche), Cote (Osasuna), Pape Diop (UD Ibiza), Pedro León (Fuenlabrada), Kike García (Osasuna), Takashi Inui et Sergi Enrich (sans club actuellement). Une saignée attendue qui n’a pas rapporté un euro, hormis le transfert du Polonais Damian Kadzior à Piast Gliwice (500.000€).

Néanmoins, les Armeros ont investi près de 4M€ pour recruter Yanis Rahmani et José Corpas (Almería), Óscar Sielva (Ponferradina), Ander Cantero (Lugo) et Juan Stoichkov (Mallorca). Dans le même temps, le club a enregistré les prêts de Fran Sol (Dinamo Kiev) et Gustavo Blanco Leschuk (Antalyaspor) ainsi que les arrivées libres de Frederico Venâncio (Vitoria Guimaraes), Xabi Etxeita (Getafe), Toño García (Levante), Cristian Glauder (Fuenlabrada), Javi Muñoz (Alavés), Ager Aketxe (Almería) et Franchu (Real Madrid). Largement de quoi rebâtir un effectif opération et compétitif, à se demander si, finalement, l’effectif de Segunda n’est presque pas plus talentueux que celui de Liga.

« Collectivement, le club fait bien les choses. L’objectif est d’essayer de monter. Nous mettrons tous notre grain de sel pour y parvenir. J’apporterai tout ce que je peux, toute mon expérience et mon envie pour le club soit là où il le mérite »
Ager Aketxe dans Diario Vasco, 5 août 2021

Éibar sera attendu de pied ferme chaque semaine. Le premier déplacement de la saison, à Huesca, s’est soldé par une défaite (2-0) contre un rival d’envergure pour la remontée directe en Primera. Comme souvent dans la división de plata, les accomplissements passés ne suffisent pas pour retrouver l’élite. D’éternel outsiders, les Armeros sont dans la peau des favoris. Un nouveau rôle que Gaizka Garitano doit rapidement appréhender.

François Miguel Boudet

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