Osasuna-Torino : la FIFA valide les clauses anti-Athletic

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Le 16 août dernier, dans un communiqué, la FIFA donnait raison à Osasuna dans l’affaire controversée dite de la « clause anti-Athletic ». Inscrite dans les contrats, cette dernière stipule qu’un club transférant un ancien joueur d’Osasuna à l’Athletic devra s’acquitter d’une amende. Dans un cas concret, le Torino – qui a vendu Álex Berenguer l’été dernier – devra donc faire un chèque d’au moins 1.5M€ au club de Navarre, alors que les Piémontais pointaient l’illégalité de cette clause.

Le bataille juridique durait depuis maintenant dix mois. Depuis l’achat d’Álex Berenguer par l’Athletic au Torino pour 12M€ en octobre 2020, les avocats d’Osasuna demandent 1,5M€ au club italien. Le Tor a toujours refusé, au prétexte que la somme demandée n’avait aucun fondement légal. Pour comprendre, il faut remonter au 17 juillet 2017, lorsque le Torino a recruté Berenguer à Osasuna pour 7 M€. Dans le contrat de vente, Osasuna ajoute une « clause anti-Athletic », stipulant que le Torino devra payer une somme supplémentaire en cas de vente de l’ailier aux Leones.

Lorsque l’Athletic – qui suivait déjà le Navarrais depuis plusieurs années – passe le cap et le recrute, Osasuna réclame le versement de la clause au club granata. L’affaire se poursuit devant les différentes instances du football européen, avant d’atteindre le bureau de la FIFA. Cette dernière, contrat sous les yeux, juge finalement que la clause est légale dès lors qu’elle est signée par les deux parties. Ce qui est le cas.

Berenguer a été le meilleur buteur de l’Athletic la saison dernière [Photo de IconSport]

Un combat juridique mené avec brio avec Osasuna

Deux options se présentent désormais au Torino. Soit il paye l’argent dû à Osasuna – 1,5 million + des intérêts – soit il tente sa chance devant le Tribunal Administratif du Sport (TAS), face auquel ses chances sont réduites. Le club italien cherche à prouver qu’une clause s’attaquant à un club en particulier n’a rien de légal. De son côté, Osasuna fonde sa défense sur le fait que cette même clause a bien été signée par Torino. Autrement dit, dès lors qu’on appose sa signature en bas d’un contrat, on en valide l’entièreté.

Tout porte à croire que le Torino est en tort, d’autant que cette clause a été refusée par le Borussia Dortmund en juillet 2016. À cette époque, Osasuna avait tenté de l’imposer dans le contrat de Mikel Merino (vendu 3,75 M€, ndlr). Le BVB avait refusé et Osasuna avait finalement préféré vendre le milieu sans faire d’histoire. Mais l’été suivant, le vice-président d’Osasuna, Alfonso Ramírez, change de ton. Désormais, tous les contrats des joueurs éligibles à la politique de l’Athletic verront cette clause imposée lors des ventes. Berenguer sera le premier à la voir inscrite.

Une dispute remontant à Jesús Areso

Jesús Areso est à l’origine de la « clause anti-Athletic » [Photo de IconSport]

Si la clause n’était qu’un objectif de vente d’Osasuna, elle devient dès lors une condition. Pour comprendre cela, il faut revenir à l’histoire de Jesús Areso. Durant l’été 2017, le défenseur est sur le point de participer à la présaison avec l’équipe première d’Osasuna. À 18 ans, sa clause libératoire est de 450.000 € et le club navarrais sait que sa promotion attirera les équipes de Liga. En effet, l’Athletic reste fidèle à ses habitudes et garde les yeux rivés vers les jeunes talents d’Iruñea. Alors que les Rojillos négocient pour doubler la clause d’Areso, l’Athletic met un chèque de 450.000 € sur la table et contacte le joueur. L’arrière-droit accepte et rejoint la Bizkaia dans la foulée.

La perte de Jesús Areso, très prometteur à l’époque, est vue comme une énième provocation des agents de l’Athletic, toujours à l’affût de la moindre pépite locale. Osasuna veut se venger et décide de systématiquement imposer la  » clause anti-Athletic » dans les contrats de vente. Et cela tombe bien, les Leones suivent Berenguer de près et le Torino comme le Napoli sont intéressés. Ce dernier refuse la clause controversée et le joueur signe avec le Torino.

L’objectif concret de cette clause est de freiner les clubs acheteurs. Osasuna sait que l’Athletic n’abandonne pas ses proies et que ses recruteurs repartiront à la chasse. Avec cette clause, Osasuna effraye les nouveaux propriétaires du joueur qui devront payer une certaine somme d’agent en cas de vente au club de Bizkaia. Si la vente s’effectue malgré tout, Osasuna s’en sort avec un bonus non-négligeable pour ses finances. Encore faut-il être patient et procédurier. Le Tor a prouvé que récupérer cet argent n’est pas chose aisée.

Ce que cela change pour les clubs

Le club turinois a peut-être fait une erreur en poursuivant Osasuna devant les tribunaux. Ils ont recruté Berenguer pour 7M€ avant de le vendre trois ans plus tard à 12M€. Une bonne plus-value, qui n’aurait pas été réellement endommagée par la perte d’1,5 million €. Au lieu de ça, la clause anti-Athletic comportera des intérêts, dont les montants n’ont pas fuité dans la presse. Le Tor a jusqu’au 30 septembre pour payer.

Ici à droite, Moncayola a envoyé un message à l’Athletic en prolonger avec Osasuna jusqu’en 2031 [Photo de IconSport]

Finalement, c’est l’Athletic qui s’en sort le mieux. Osasuna a mené un combat juridique pendant de longs mois, quand le Torino devra – sauf surprise – payer davantage que la somme originellement due. Pendant ce temps, les Zuri-gorriak ont profité d’un Berenguer qui a été le meilleur buteur la saison passée mais aussi de la dernière présaison. La direction d’Elizegi (président Athletic, ndlr) est sans doute parvenue à convaincre le club italien de l’illégalité de cette clause, alors que ce dernier pouvait lui réclamer 1,5 M€ supplémentaire pour effectuer le transfert.

Les relations entre Osasuna et l’Athletic se sont considérablement tendues depuis l’affaire Jesús Areso. Au bout de quatre ans, le défenseur s’est d’ailleurs brouillé avec son nouveau club, faisant en juillet dernier le choix de revenir librement à Osasuna. L’Athletic espère désormais s’attirer les services du milieu Jon Moncayola, qui joue dans l’équipe première d’Osasuna. Comme un message au club basque, il a renouvelé en juin dernier jusqu’en… 2031 ! Sa clause est désormais de 22M€, mais elle tombera à 8 en cas de relégation. Les agents de l’Athletic sont déjà en embuscade.

Jérémy Lequatre-Garat
@Euskarade

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