Avant le Real Madrid : Alavés et Javi Calleja se cherchent une place en Liga

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Entité centenaire, le Deportivo Alavés vit l’une de ses meilleures périodes sur la durée. Après tout une vie de technicien à Villarreal, Javi Callera (43 ans) a sauvé les Babazorros de la descente la saison dernière. S’il n’a pas l’aura d’un entraîneur de première zone, le Madrilène doit apporter de la stabilité à un club qui use très vite ses entraîneurs. C’est l’heure de faire l’unanimité et la tâche ne s’annonce pas simple.

Ça sentait le mariage de la carpe et du lapin avec une lune de miel houleuse : l’union a porté ses fruits. Quand Javi Calleja est choisi par Alavés pour sauver le bateau basque à la dérive, les Babazorros sont englués dans une dynamique sportive cataclysmique. L’équipe est dernière de Liga à 3 points du premier non-relégable. Abelardo, qui a pris la suite de Pablo Machín, n’a pas réussi à remettre le club sur le bon chemin. El Pitu démissionne après une énième contreperformance, après avoir tout essayé. Le choix de Calleja est osé mais il s’avère payant. Au coup de sifflet final de la 38e journée, Alavés est 15e, à 4 unités de la zone rouge et avec une dynamique bien différente. Suffisant pour espérer vivre une saison calme et viser la première partie de tableau en 2021-2022 ?

Un club remis sur le devant de la scène par Baskonia 

Il y a 10 ans, Alavés était dans les bas-fonds du football espagnol. Menacé de disparition, miné par les problèmes financiers et sans projet global, le finaliste de la coupe de l’UEFA en 2001 n’existait que par le souvenir des buts de Javi Moreno. Depuis son retour en Liga en 2015 avec un José Bordalás écarté malgré la montée, Alavés est à l’aise dans ce quotidien fait de montagnes russes. Ce retour en forme porte le sceau de Baskonia et de son boss, Josean Querejeta, homme d’affaire influent et réputé jusqu’alors dans le basket espagnol.

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Devenu actionnaire du club, Querejeta a épongé les dettes et assaini les finances pour que le club retrouve une dynamique saine et un écosystème performant sur la durée. Vitoria devient la « capitale » de plusieurs clubs en Europe (Istra et Sochaux notamment), avec plus ou moins de succès. En Liga, les entraîneurs s’enchaînent, en moyenne tous les 18 mois. Luis Zubeldía et Pablo Machín sont des bides; Mauricio Pellegrino et Abelardo (1er passage) des réussites. Alavés ne parvient pas à trouver la continuité.

Cette difficulté pourrait trouver racine avec le départ de Mauricio Pellegrino lors de la saison 2016-2017, celle du retour parmi l’élite. Avec une 9e place finale et une finale de Copa del Rey avec Marcos Llorente et Théo Hernández comme révélations, les Babazorros espéraient perdurer dans le haut de tableau mais le départ du Flaco a provoqué un déferlement sur le banc. Entre juin 2017 et avril 2021, pas moins de 7 entraineurs se succèdent. Abelardo sauve le club miraculeusement avec un jeu transfiguré mais part en mauvais termes avec sa direction. Son retour en cours de saison dernière est un échec. Les performances sont logiquement en dents de scie : 14e en 2018, 11 en 2019, 16e en 2020 et 15e en 2021. Le spectre de la relégation est toujours plus grand et Alavés joue de plus en plus à se faire peur.

« je pense que la meilleure chose est de céder la place à un autre entraîneur sur le banc d’alavés »
abelardo dans sa lette d’adieu après son second passage

Le retour du Pitu avait des airs de méthode Coué. Or Alavés doit se maintenir plus que jamais car le football est devenu la première ressource de l’entité tentaculaire dirigée par Querejeta. La permanence du club en Liga est donc cruciale, ce qui rend la pression autour des entraîneurs toujours plus forte et chaque mauvaise période tend tout le monde. Cela pousse souvent à trancher dans le vif, quitte à user dans les coursives.

Calleja doit de nouveau réussir l’impossible 

Difficile de prendre la suite d’Abelardo. L’aura n’est pas la même à Vitoria. Cependant, Javi Calleja a réussi là où beaucoup auraient échoué : réussir à remobiliser l’équipe. Le contenu était souvent rudimentaire, avec une colonne vertébrale solide guidée par un Fernando Pacheco magnifique dans les cages, un 442 d’école et la grosse défense qui a fait la force du club. C’était loin d’être gagné mais l’ex de Villarreal l’a fait. Mais lui ne parlez surtout pas de miracle !

« les miracles sont à lourdes. ici, ce n’est que du travail, de l’implication, de l’engagement et de l’union »

Après cette mission sauvetage qui accorde une saison de plus à Alavés en Liga, Calleja sait que le plus dur commence : il doit poser sa patte sans tout chambouler et avoir suffisamment de résultats positifs pour avoir de la continuité. Le temps est la ressource la plus rare pour un entraineur et il ne peut se la procurer qu’en remportant des matchs. Le Madrilène sait aussi que le meilleur moyen de gagner des matchs est de jouer en étant le plus proche de ses convictions avec l’assentiment de son groupe et en comprenant l’environnement local pour faire émerger un projet de jeu viable. Vaste programme.

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En clair, il est important de ne plus vivre dans le passé du 4-4-2 très rude d’Abelardo qui s’appuyait essentiellement sur le duo Jony-Ibai Gómez qui était dans une forme incroyable et essayer de faire émerger de nouvelles associations. Une configuration que Calleja a déjà connu à Villarreal lors duquel il n’a pas réussi à se départir de l’héritage de Marcelino et qui, lors de son retour à la tête du sous-marin jaune, a amorcé des changements plus ou moins conséquents qui ont permis de retrouver l’Europe.

Les prémices d’un changement de dynamique 

Outre le sauvetage, Calleja a profité de la fin de saison dernière pour initier une nouvelle philosophie de jeu avec son groupe. Beaucoup de joueurs ont adhéré. C’est le cas notamment de Florian Lejeune qui n’avait pas trop envie de continuer une saison supplémentaire à Vitoria avant l’arrivée de l’ancien de Villarreal. Du coup, le défenseur français a signé 3 ans au terme de son prêt. L’arrivée de Manu García en provenance du Sporting de Gijón, un milieu très joueur et avec une capacité créative très importante, montre bien qu’Alavés veut changer son approche sans renier son identité.

« L’objectif est que voir alavés en première division n’est pas quelque chose de ponctuel mais d’habituel »
Alfonso Fernández de troconiz, président d’alavés

Alors que le club s’active sur le mercato, l’entité doit aussi aborder les envies de départ de Joselu qui ne cache pas ses envies de rejoindre Séville. Calleja a d’ailleurs décidé de se passer des services du buteur qui a rendu de fiers services jusqu’à que sa situation soit réglée et a redonné des minutes à Jon Guidetti, qui profite de cette chance inespérée pour performer. Le technicien se tourne aussi vers les jeunes du club : 5 d’entre eux ont réalisé l’ensemble de la préparation avec l’équipe fanion. Cette dynamique nouvelle n’a rien d’une révolution. Calleja se félicite de pouvoir compter une saison de plus sur l’ossature de l’équipe composée de Fernando Pacheco, Víctor Laguardia, Tomás Pina et Lucas Pérez.

« attendre peut être une bonne chose, mais la base du nouvel alavés sera d’avoir le ballon, de prendre l’initiative du jeu, d’être associatif et de dominer l’adversaire »
javi calleja

Malgré des matchs de préparation aléatoires, l’entraîneur se dit content du travail effectué. Certes, l’équipe prend encore trop de buts, mais les joueurs semblent réceptifs aux demandes et surtout aux attentes. Le groupe travaille son physique avec le ballon dans des exercices de type toro qui ont été élaborés avec le préparateur physique par exemple. Calleja veut une équipe qui tient un peu plus le ballon, qui peut jouer en transition quand la situation le demande, qui sait être patiente tout en provoquant la perte de balle de l’adversaire. Des idées qui doivent rendre Alavés intéressant à suivre cette saison tant la discussion entre l’identité de jeu historique du club et les intentions de Calleja sont a priori éloignées.

Benjamin Chahine
@BenjaminB_13

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