Le Roi a abdiqué : ¡Viva la Revolución!

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Personne n’était préparé à voir Lionel Messi quitter le FC Barcelone de cette manière. Pas même lui. Entre deux sanglots, la Pulga n’a pas uniquement mis un terme à une époque phénoménale qui a fait de lui le plus grand joueur de l’histoire de la Liga : il a également refermé un cycle marqué par son duel avec Cristiano Ronaldo et une période d’opulence, en partie factice, que la crise sanitaire a saccagé. Il est l’heure pour le championnat d’Espagne de se réinventer. Enfin.

C’était un baobab d’1.69m et maintenant qu’il est tombé, la Liga est nue. Leo Messi a fait ses adieux au FC Barcelone sans préavis, la faute à une gestion catastrophique du club blaugrana dont la COVID a fini par exposer les errements. Face à l’obligation d’appartenir à la Super Ligue européenne pour ne pas tomber dans les abysses, Joan Laporta a sacrifié le plus grand joueur de l’histoire du club. Un paradoxe absolu car c’est bien Messi qui a propulsé le Barça vers les sommets économiques. Car en réalité, l’équation se lit plus dans le sens « ce que Messi a apporté au Barça » que l’inverse. Après le crépuscule de la génération dorée espagnole et le départ de Cristiano Ronaldo du Real Madrid, la Pulga est le dernier monument à quitter la scène. Mais contrairement aux cas précédents, son départ n’était pas prévu à ce moment-là, alors que LaLiga doit renégocier ses droits TV domestiques et internationaux.

La revancha del tango

A force de vivre sur ses acquis, la Liga s’est sclérosée. Au niveau européen, la chute est vertigineuse; sur le plan national, la stagnation manifeste. L’Espagne vit de ses très vieilles recettes, avec beaucoup d’entraîneurs datés, sans renouvellement. Les deux mastodontes s’illusionnent sur leurs acquis et des exploits individuels. Tant que cela masquait la misère… Mais aujourd’hui, précisément aujourd’hui, ON FAIT QUOI ? La question se pose pour le Barça qui, malgré d’augustes raclées en Ligue des Champions, s’est complu dans la médiocrité, a multiplié les mauvais choix de castings aux salaires excessifs, pensant que Messi sauverait toujours les apparences. Javier Tebas a également capitalisé tant qu’il a pu. Mais après Neymar et Ronaldo, c’est au tour de la Pulga de quitter la scène. A moins d’une semaine du début du championnat, le choc est immense. Mais sorti du crève-cœur de ne plus voir l’Argentin enchanter le jeu, la seule conclusion à adresser aux dirigeants est : c’est bien fait pour vous !

Plus d’échappatoire

C’est bien fait pour LaLiga, pour le Real Madrid et le Barça qui comprennent le sens du mythe d’Icare, aveuglés par la quête effrénée de revenus, une aporie que la pandémie a crûment mis en lumière et que le mirage de la Super Ligue finira d’achever. C’est bien fait aussi pour les autres clubs qui ont profité de la manne des droits TV mais qui ont renoncé à concurrencer le haut du tableau, se considérant vaincu d’avance et qui, à de rares exceptions, ont renoncé à essayer, à proposer. Est-il normal de regarder Levante ou Huesca pour voir un minimum d’ambition dans le jeu ? Dans le haut de tableau, l’Atlético de Madrid et la Real Sociedad ont bien tenté de nouvelles approches mais cela reste bien trop insuffisant. Et maintenant que la lutte pour le titre est plus ouverte que jamais pour plusieurs saisons, le conservatisme a toutes les chances de perdurer, vu la tendance, on le remarque bien avec le Sevilla FC.

Le retour de la diversité ?

Mais que diable soyons optimistes ! L’ouverture de ce nouveau cycle doit marquer l’affranchissement des clubs intermédiaires pour revivre les épopées des clubs basques au début des années 80, du SuperDepor et de Saragosse dans les années 90, de Valencia dans la première moitié des années 2000. Des équipes qui sont restées dans les mémoires, soit pour son caractère culturel en ce qui concerne les deux premières citées, soit pour son jeu. La crise provoque des opportunités, les difficultés développent la créativité et permettent parfois aux plus ambitieux d’émerger. Même si l’argent demeure le nerf de la guerre, il n’est pas interdit de croire que des clubs modestes mais aux idées pertinentes, puissent émerger dès cette saison. Le Roi a quitté son palais : que la révolution de la Liga commence !

François Miguel Boudet

 

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