Que retenir de l’Euro de la Roja ?

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Peu attendue, sans emballement au pays et avec une préparation tronquée, on pensait la Roja incapable de s’enflammer dans une compétition éclatée dans toute l’Europe. Cependant, profitant d’un contexte favorable mais aussi de joueurs de grand talent, la Selección a réussi à se hisser en demi-finale avant de céder aux tirs au but. Que retenir de cette compétition pour cette sélection espagnole orpheline de Sergio Ramos mais forte de la présence de Pedri dans ses rangs ?

Pedri a déjà tout d’un grand

Il serait peu opportun de parler de révélation pour un gamin de 18 ans qui sort d’une saison de titulaire dans l’entrejeu du Barça, mais il est vrai que Pedri a encore offert une prestation d’une rare justesse sur la demi-finale face à l’Italie et sur l’ensemble du tournoi. Garçon frêle au premier abord, Pedri a deux qualités : il pense vite et est toujours en activité. Pour animer un half-space ou simplement mettre la pagaille entre les lignes, il a déjà tout d’un grand alors qu’il n’est qu’au début de sa carrière. Une impression de puissance, de légèreté mais surtout beaucoup de classe pour un garçon qui s’impose déjà comme le taulier au milieu du terrain.

Cependant, après une saison à presque 70 matchs et alors que sa participation aux JO est actée, l’avenir de Pedri inquiète déjà. Garçon trop fort pour s’en passer, il ne reste qu’un gamin qui doit encore terminer sa croissance et sa formation. Le surcharger autant peut lui poser des problèmes à long terme, l’usure physique ne se rattrape jamais.

Foto von Matteo Ciambelli/DeFodi Images
By Icon Sport – Wembley Stadium – Londres (Angleterre)

Le contexte détermine beaucoup

La confirmation du talent de Pedri s’inscrit aussi dans une dynamique particulière pour la Roja. Suite à une préparation tronquée pour cas de COVID, personne ne voyait l’Espagne allait aussi loin. Les première sorties ont confirmé cette vision. La Selección avait le ballon mais ne produisait pas grand chose, un jeu de position manquant de profondeur n’aidant personne. Deux nuls pour débuter, voilà ce que nous ont offerts les hommes de Luis Enrique.

Alors qu’on lui prédisait le goudron et les plumes, l’ancien entraîneur du Barça a réussi à faire monter en puissance son équipe. Cela ne s’explique pas simplement par une prise de confiance ou un élément fondateur dans le groupe (qu’on ne conna*it pas encore), même si cela a pu jouer. L’Espagne en plus de s’aligner en 433, un schéma connu de la plupart des sélectionnés, a pu profiter de trois matchs de poule à domicile. Ce contexte favorable à la mise en place de séances non plus centrées sur de la récupération active ou passive qui ne sont pas propices à des mises en place tactique a permis à la Selección de pouvoir progresser. Son jeu de position a gagné en profondeur, notamment ce qui a permis de libérer une furia offensive lors des matchs suivants avec 10 buts marqués en 2 matchs.

Penser la vie sans Busquets

En plus de ce contexte favorable au travail cognitif permis par l’absence de déplacements en avion et d’acclimatation à un nouvel environnement, la Roja a proposé deux visages : avec et sans Busquets. Absent pour cause de COVID lors des deux premiers matchs, le milieu du Barça a pu voir ses coéquipiers ne pas réussir à mettre en difficulté des blocs bas, bien en place. Rodri, qui n’est pas un peintre, n’a pas la science de la passe et du déplacement d’un Sergio Busquets et ça se remarque quand il est devant la défense. A son retour face à Slovaquie, c’est une Espagne plus joueuse mais aussi plus verticale qu’on a retrouvé. Sa seule présence n’explique pas tout, mais avoir un joueur de ce talent aide forcément dans le jeu mais aussi en terme de confiance. C’est aussi ça la marque des grands joueurs.

On peut logiquement se dire que la présence de Busquets n’est qu’une coïncidence dans la progression de la sélection vu que c’est tout un groupe qui a progressé. Cela s’entend, mais le contenu et la proposition de la Roja face à l’Italie en 1/2 avant et après sa sortie montre bien que le milieu y est pour beaucoup dans cette bonne forme. Il semble être la pièce qui rend fonctionnelle ce système, Rodri et Thiago ne tenant pas la comparaison, même si le premier a été bon quand Busi était encore sur la pelouse. Il a fallu penser la vie sans Piqué, la vie sans Ramos, il va falloir bientôt réfléchir à la vie sans Busquets et cela semble, comme pour les autres, très difficile à imaginer à cet instant.

Une Roja prête pour 2022 ?

Pour beaucoup, la Roja a pris rendez vous avec la Coupe du monde au Qatar qui aura lieu dans un an et demi. Cela ne semble tout de même pas si simple, surtout que la Roja a profité d’un contexte très favorable (3 matchs à domicile quand ses adversaires devaient se balader un peu partout en Europe). Les scénarios des matchs ont été aussi haletant, preuve que cette Espagne est joueuse mais aussi peu sereine. Luis Enrique a validé quelques choix. Aymeric Laporte a réaliséune compétition excellente, Dani Olmo offre autant de certitudes que de variations possibles dans son utilisation à un coach loin d’être obtus dans son approche, Pedri a été prometteur et brillant. Cette Roja est une belle équipe, mais une équipe qui manque de certitudes devant et derrière, qui n’a plus la capacité de maîtriser son sujet et de faire mal. Il est difficile d’acter son niveau dans un an et demi, encore plus dans un contexte qui sera très différent.

Benjamin Chahine

@BenjaminB_13

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