Liga : Réflexion autour de l’impact d’un nouveau coach

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Cette saison, en Liga, les limogeages n’ont pas été légion. Alavés a changé deux fois de technicien, des équipes comme Elche, l’Athletic, le Celta et Huesca n’ont connu qu’un seul bouleversement. Retour sur les changements qu’impliquent la nomination d’un coach en pleine saison.

Il y a plusieurs façons de gérer un club, de lui donner un cap, une vision et une destination. La plupart de patrons de clubs ne perçoivent le progrès que par la croissance, l’équipe doit grandir au classement ou dans le volet financier pour matérialiser une progression. Pourtant, de moins en moins d’équipes sont en capacité de gagner des titres et beaucoup devraient être satisfaites de ne pas connaître la course pour sa survie en Liga. Les entraîneurs restent des variables d’ajustement privilégiées pour corriger une situation sportive inquiétante ou simplement pas en adéquation avec une vision. Pourtant, il est rare qu’un changement change radicalement la face d’une équipe en peu de temps, sur le long terme en revanche…

Des dynamiques souvent semblables

Ce qu’il est important de comprendre, c’est que par sa seule nomination, un coach génère une émulation qui peut conduire à avoir des résultats très tôt sans pour autant avoir amorcé un quelconque travail de fond. Souvent nommé « effet X » dans les médias, ce regain de forme n’est pas toujours la représentation d’une méthode de travail plus efficace ou plus adaptée. Elle ne matérialise pas non plus un groupe plus à l’écoute de son nouveau coach ou plus à l’aise avec lui.

Les effectifs sont des groupes vivants, avec une hiérarchie sociale et des relations entre les joueurs, eux-même, mais aussi avec le coach. Quand un entraîneur est là depuis longtemps, il peut avoir des biais, faire confiance sur la durée à un système ou à des associations parce qu’il a connu le succès sans pour autant percevoir que d’autres dynamiques sont en train de germer et qu’il faut en profiter. Un nouveau coach suscite un électrochoc qui remet en cause tout cet écosystème, les cartes sont rebattues et ça génère de la mise en concurrence entre les joueurs. Si elle est saine, elle poussera de fait les joueurs à en faire plus pour garder ou challenger une place. Le coach n’a pas encore parlé de football qu’il a déjà un groupe sur le qui-vive et déjà prêt à se mettre minable durant une courte période.

Crédits : Iconsport

Cependant, le coach nouvellement nommé doit obligatoirement capitaliser sur cette nouvelle dynamique pour plusieurs raisons. La première tout d’abord est de changer quelques joueurs, donner du temps de jeu à des joueurs laissés au placard longtemps, pour confirmer au groupe que les places sont toutes à prendre et que chacun doit se battre pour l’avoir. La seconde, la plus importante sûrement, est que la nomination d’un entraîneur en cours de saison se fait souvent après une longue période de mauvais résultats sportifs, avec donc un groupe pas au top mentalement. Si l’entraîneur ne capitalise pas sur cette courte période pour marquer des points et donc gagner du temps pour la suite, il court très vite à sa perte, cet effet étant circonscrit dans le temps. Dans le football, il n’y a que la victoire qui offre du temps et de la tranquillité.

On l’a bien vu cette saison, Abelardo lorsqu’il prend la suite de Pablo Machín, le groupe est en difficulté. Il n’arrive pas à marquer des points très tôt, Alavés se remet très vite à couler et il doit laisser sa place à un Javi Calleja qui a, lui, très vite réussi à marquer des points pour tirer profit de sa nomination. À chaque fois, c’est la même : après une bonne période sportive, qui peut être plus ou moins longue après une nomination en cours de saison, l’équipe connaîtra un passage à vide. Le Celta a réalisé un mois de décembre parfait avant d’enchaîner les défaites en janvier. L’Athletic a remporté une Supercoupe avant de bien tousser. Elche a repris son rythme d’avant la nomination d’Escriba après une petite période positive.

Trouver de nouveaux ressorts

Cependant, il ne faut pas non plus réduire le travail d’un coach nominé en pleine saison à sa capacité à bien surfer sur son arrivée. Souvent, les clubs repris sont en difficulté, dans la zone rouge où chaque défaite compte double et les victoires trop éparses pour s’en sortir rapidement. Lorsque cette période de dynamisme générée par l’apparition d’un nouvel acteur s’estompe, c’est là qu’on voit si un coach a le soutien de son groupe et surtout si le projet lui colle bien ou si ça sera de nouveau très long.

Le cas Celta est intéressant. Premier changement de coach de la saison, Chacho Coudet a métamorphosé son équipe. Son projet d’équipe proactive, pressante, verticale avec une confiance forte dans une colonne vertébrale au niveau a permis d’exploiter parfaitement sa nomination et ensuite de retrouver le succès après une période de moins bien assez longue. Actuellement, l’équipe qui était 17e à son arrivée est 9e à 5 points de Villarreal.

Des clubs peuvent voir une dynamique se briser sans que le coach y soit pour grand-chose ni ait la capacité de corriger ce qui ne va pas. Quand le Celta perd Aspas ou Huesca perd Maffeo, des garçons très importants pour leur nouveau coach, comment remédier à cela ? Il est difficile de remplacer des joueurs au profil aussi particulier tout en étant central dans le projet de jeu des coachs. Il faut simplement attendre, persévérer dans son approche et tenter de limiter la casse pour être encore là lorsque le joueur sera de retour de blessure. Les coachs sont de bons fusibles mais ce ne sont pas des magiciens et il faut l’accepter.

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Actuellement, sur les cinq formations engagées dans la lutte pour le maintien, 3 ont changé de coach. Huesca, qui a été le premier a réussi à sortir de sa dernière place, a même atteinte la 17e place sous l’impulsion de Pacheta avant d’enchaîner trois défaites de suite. La blessure de Maffeo mais surtout le sentiment d’avoir atteint un premier objectif a fait lever le pied de l’ensemble de l’effectif qui doit pourtant se remobiliser très vite. Alavés, annoncé comme relégué, a profité de l’électrochoc suscité par la nomination de Javi Calleja. Dernier arrivé, l’ancien de Villarreal surfe sur sa nomination et n’a amorcé aucun changement encore. Du côté d’Elche, Fran Escriba doit encore composer avec les joueurs un peu imposés par son président et n’a pas encore vraiment tranché. Du coup, l’équipe n’amorce pas de série.

Une dynamique vraiment particulière

La nomination d’un coach en cours de saison illustre un échec de la direction du club. Que cette saison est souvent à jeter, même si le futur entraineur réussit à faire un sauvetage de qualité, il sera toujours dans une situation d’urgence et aura du mal à construire dans la durée. L’approche de Pacheta est la plus belle représentation de cet état d’esprit. L’ancien d’Elche a refusé une prolongation de contrat, expliquant qu’il devait d’abord terminer la saison avec son groupe qui lui fait confiance et que ça ne serait pas honnête envers lui de privilégier son cas personnel sans être aller au bout de la mission. Au quotidien, Pacheta a aussi cet objectif de préparer au milieu son équipe pour le match qui arrive, sans penser au-delà ni trop regarder vers le précédent. Ce qui ne l’empêche pas de proposer un style de jeu particulier, reconnaissable et bien différent de ce qui était la norme sous Michel. Suffisant pour acquérir un maintien ?

Peut-être, en tout cas cela montre bien qu’un changement de coach n’est jamais une chose aisée et ressemble autant à un choix d’une direction qu’à une part d’incertitude assez grande. Il est important d’ajouter que ce n’est pas la norme non plus. Des équipes comme la Real Sociedad, Osasuna ou Granada ont persisté avec leur coach malgré des dynamiques mauvaises et ils sont actuellement en course pour l’Europe. Il n’y a pas de mauvaise ou de bonne décision, juste des ressentis. Parfois, il est important de générer une nouvelle dynamique de groupe, parfois, il s’agit simplement d’être patient.

Benjamin Chahine

@BenjaminB_13

 

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