Cela semblait illusoire il y a encore quelques semaines. Dans les profondeurs du classement, Osasuna luttait pour son maintien. Mais au prix d’une série d’excellents résultats, le club navarrais a non seulement validé sa pérennité en Liga mais peut encore rêver d’une qualification européenne. L’écart avec la 7e place semble rédhibitoire mais les Rojillos sont capables de tout.
Osasuna est à 9 points de la Ligue Europa et il reste seulement 6 matches à disputer. A priori, voir les Rojillos célébrer leur centenaire avec un retour sur la scène continentale, 15 années après sa dernière incursion, est très hypothétique. Depuis le 7 février et une victoire contre Éibar, les Navarrais sont sur une série de 5 victoires, 3 nuls et 2 défaites contre Séville et le Barça. Mieux : ils sont invaincus depuis 6 rencontres, avec 3 succès de rang contre les équipes de la Communauté Valencienne (Villarreal à l’extérieur, Elche puis Valencia à domicile). Alors pourquoi ne pas rêver d’un cassé du renard ?
Une phase retour canon
Initialement, rien n’indiquait qu’Osasuna achèverait la saison de la sorte. C’est même inespéré et la différence de buts de -7 rappelle qu’une majeure partie de la saison a été difficile. Après sa victoire contre l’Athletic le 24 octobre (1-0), il a fallu attendre 3 mois jour pour jour pour retrouver le chemin du succès en Liga contre Granada (3-1). Cette victoire pour débuter la phase retour a eu le mérite de sortir le club de la zone rouge définitivement. Depuis, les Rojillos ont pris 24 points en 13 matches. Des résultats de candidat à l’Europe, ni plus ni moins.

Herrera, délice du novice
Sergio Herrera n’est pas le gardien le plus connu de Liga mais il est certainement l’un des plus fiables. En concurrence la saison dernière avec Rubén Martínez, le néophyte à ce niveau de la compétition a disputé 29 matches sur 32 jusqu’à présent. Formé au Deportivo Alavés, il est, à 27 ans, d’un immense apport. Avant d’encaisser un csc de David García contre Villarreal, il a repoussé les assauts rivaux pendant 347 minutes. Et toujours à la Cerámica, ses 6 parades ont permis de repartir avec 3 points capitaux. En tout, il a signé 10 porterías a cero. Depuis le début de la phase retour, il n’a encaissé que 9 buts en 12 rencontres, dont 5 contre des équipes de haut de tableau (Betis, Séville, Barça).
Moncayola conjugue au futur
A 22 ans, Jon Moncayola est une des révélations de la saison. Sélectionné avec la Rojita, le milieu de terrain est devenu un cadre rojillo et l’un des étendards du nouveau projet du club. Technique, physique et intelligent balle au pied, il est suivi par de nombreux clubs, dont l’Athletic. Marcelino García Toral rêve de l’arracher aux Navarrais qui ont déjà contre-attaqué en proposant à son crack un contrat jusqu’en 2026. Accompagné d’un effectif expérimenté, Moncayola a tout pour s’affirmer en leader de cette équipe qui, malgré des moyens limités, parvient à conserver son ossature. Avec Rubén García (3 buts, 4 passes décisives) et Kike Barja (2 buts, 3 passes décisives), il est dans une phase ascendante et son but contre Villarreal en atteste. Cette victoire a prouvé qu’Osasuna a les moyens de lutter dans le haut de tableau dès la saison prochaine.

Budimir – Calleri : duo indispensable
Homme de base du Mallorca 2019-2020, Ante Budimir est venu renforcer les rangs rojillos. Bien lui en a pris. Car entre la nouvelle blessure de Chimy Ávila et l’incapacité d’Enric Gallego pour trouver le chemin des filets, le buteur croate arrivé en Navarre pour 7M€ l’été dernier a été capital. 5 de ses réalisations ont largement contribué à rapporter 12 unités sur la phase retour, soit la moitié des points acquis. Même s’il n’est qu’à la moitié de son total de la saison dernière (13 buts en 35 matches avec Mallorca contre 7 en 24 rencontres avec Osasuna), Budimir est une valeur sûre pour Arrasate. Longtemps catalogué parmi les attaquants les plus imprécis de Liga (« couronné » joueur qui frappe le plus sans marquer avec Las Palmas en 2017-2018), l’international argentin a marqué 5 fois et adressé 2 passes décisives et à chaque fois, cela a offert des points à son club. Ainsi, avec seulement 30 buts inscrits et une moyenne de 10 tirs par match, Osasuna est parvenu à optimiser sa réussite offensive qui constitue un frein pour voir plus haut.
Ce duo et le retour de Chimy illustre aussi les doutes et la remise en question constante d’un Jagoba Arrasate qui ne tient pas pour acquis sa très bonne série. Son groupe reste sinistré après une première partie saison éprouvante. Le technicien adepte d’un 442 assez vertical qui avait permis au club d’acquérir une montée et un maintien assez facile les deux dernières saisons se cherche encore. On voit l’équipe alignée plus souvent en 433 ou en 4231 malgré un duo de grande qualité, preuve que la recherche de l’équipe la plus équilibrée quitte à la rendre inoffensive (l’équipe a enchaîné les 0-0 il y a peu) reste ancrée dans l’esprit du technicien.
Quinze ans après la 4e place en Liga et la participation à la Ligue Europa, Osasuna paraît avoir posé les bases de son futur. Mais face à la concurrence des ogres d’Euskal Herria, ce projet doit prendre un nouvel essor la saison prochaine. Une qualification européenne accélérerait le processus. Après une saison commencée difficilement, les Rojillos doivent désormais redevenir attractif dans le jeu. Jagoba Arrasate doit à présent initier un nouveau cycle dans le cycle, son jeu et son stade avait permis de valider l’arrivée du très courtisée Chimy Avila, preuve que ça peut permettre d’accélérer une progression.
François Miguel Boudet