Atlético : Diego Simeone face à ses doutes et ses angoisses

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Toujours leader du championnat, l’Atlético de Madrid  est pourtant dans le dur avant el Eterno Derbi. Accrochés puis battus par Levante et vaincus par Chelsea en Ligue des Champions, les Colchoneros se sont offerts une victoire importante, mais pas si rassurante, contre Villarreal. Le contenu et la satisfaction du début de saison sont moins éclatants lors des dernières sorties et les stéréotypes sur Simeone ressortent à juste titre. Mais pourquoi les fantômes de l’entraineur argentin semblent de retour. Pourra t-il les dompter ? Eléments de réponses. 

Deux points d’avance sur le Barça (mais deux matchs en moins), 5 sur le Real Madrid (un match en moins), les écarts se sont considérablement réduits pour l’Atlético de Madrid en tête du championnat. L’impression de solidité dégagée par les hommes de Simeone est aussi sur la courbe descendante. La bonne forme des Colchoneros s’est fissurée depuis le début de l’année pour s’aggraver en février. Le coup de moins bien est logique après une première partie de saison excellente et plutôt clémente en termes de blessures. Cependant, au fil des matchs, les points valant de plus en plus chers et les absents s’accumulant, Diego Simeone à semblé revenir à une approche refuge des matchs. Une tactique vintage loin des matchs emballants offerts par les Indios en 2020. La bonne idée pour gagner le titre ? Pas vraiment.

L’Atleti en surchauffe ?

58 points en 24 journées : une performance presque parfaite pour l’Atleti et des contenus rarement ennuyeux en 2020, alors que le Barça et le Real Madrid ronflaient quelque peu. En termes de statistiques, les Rojiblancos semblaient pourtant surchauffer. Selon Understat, ils ont par exemple pris 12 points de plus que leurs Expected Points. Les trois autres équipes à performer sur ce segment sont : Elche, le Real Madrid et le Séville FC. En termes d’Expected Goals, même constat : les hommes de Diego Simeone font exploser les compteurs. D’un peu moins de 36 buts attendus, l’Atleti en a marqué pas moins de 45 ! Ils ont le plus grand delta entre les deux indicateurs.

Les stats disent une chose très claire et permettent de rendre compte de la réussite d’une équipe qui a enchaîné et a semblé sur un nuage durant un moment. Les dernières victoires face à Granada, Eibar ou encore le Séville FC le montrent bien. Dans des matchs très équilibrés, la réussite d’un Luis Suárez notamment ou la bonne dynamique globale ont permis de forcer des résultats et de faire le plein de points. Une nouveauté pour les Indios mais une habitude pour les rivaux, le Barça et le Real Madrid, qui ont su profiter au fil des ans d’individualités plus fortes.

Globalement et indépendamment des chiffres, l’Atleti a dominé la première partie de saison. Cohérente, intéressante et surtout bien équilibrée, la formation rojiblanca a survolé les débats sans trop de problèmes. Le recrutement de Luis Suárez a permis de rendre l’équipe bien plus dangereuse dans la boîte. L’évolution de Marcos Llorente et son placement, qui sortent du cerveau de Diego Simeone, sont de vraies réussites. Pourtant, la dynamique s’essouffle.

La plus mauvaise position ?

Le souffle chaud du Barça et du Real Madrid chatouille la nuque de Diego Simeone. Une sensation qu’il n’avait pas connu depuis un petit moment. L’Argentin semblait avoir trouvé la bonne formule pour sortir de sa dynamique en 4-4-2 qui ne lui permettait pas de retrouver un rythme suffisant pour remporter un second championnat après 2014. Ce 3-5-2 était intéressant, bien pensé et animé par des Josema Giménez, Thomas Lemar, Joao Félix, Trippier ou encore Marcos Llorente plus enclins à faire parler leur qualité dans cette version new age de l’Atlético.

Crédit : iconsport

Cependant, il était attendu de voir l’Atleti à cette position au vu de la dynamique des deux autres gros. Certes le Real Madrid est champion en titre mais la Maison Blanche a été discrète sur le mercato et semble plafonner sur la durée, faute de remise en question de Zinedine Zidane, notamment. De son côté, la cacophonie au Barça semblait les éloigner d’une lutte pour le titre, malgré Lionel Messi et l’arrivée encourageante de Ronald Koeman. L’Atleti avait tout du favori désigné, une position que déteste Simeone.

Souvent dans les grands matchs, le technicien argentin se place du côté de l’outsider, expliquant que son équipe n’était pas attendue à ce niveau et qu’elle devait lutter pour y rester : « partido a partido« . On peut discuter du budget, de la qualité de l’effectif, mais grâce à sa longévité et sa permanence dans le haut de tableau, l’Atleti est un grand et est attendu dans les chocs. Néanmoins, quand l’opposition se durcit, Simeone revient au style refuge qui a permis à l’équipe de jouer deux finales de Ligue des Champions et d’arracher une Liga, quitte à refuser ce qui a conduit au succès cette saison. Même si les Rojiblancos ont été durement touchés par l’épidémie de Covid-19, provoquant des pertes lourdes qui ont totalement changé les positions dans le onze, les automatismes et donc une dynamique encore toute fraîche, le temps n’est plus aux excuses.

Enfin le moment pour y croire ?

Certes, le Real Madrid et le Barça reviennent dans la course et mettent la pression, mais il ne faut pas les surévaluer. Les Vikingos proposent peu et Zinedine Zidane n’évolue guère. De son côté, le Barça est certes mieux, mais malgré la série de 14 journées sans défaite, le contenu n’est pas toujours excellent. Et malgré la posture de saison de « transition » que veulent se donner les Catalans, il n’en est rien. Les Blaugranas jouent sur tous les tableaux avec un effectif de qualité mais réduit qui risque de souffrir. Certains expliquent que l’Atleti a trop été « moussé » en première partie de saison, attention à ne pas faire la même chose avec les concurrents.

La pression reste grande sur l’Atleti et ce match face au Real Madrid sera crucial. Diego Simeone reviendra t-il à une approche conservatrice ou profitant d’un groupe quasi au complet, reviendra-t-il aux fondamentaux d’une première partie de saison qui les a amenés à dominer le championnat jusqu’à présent ? L’effectif actuel ne semble pas capable de performer dans le style originel de Simeone et le Real Madrid s’avance avec un groupe toujours décimé par des blessures importantes. La réponse semble toute trouvée : Diego Simeone doit définitivement tourner la page. Avoir peur de la mort est pire que la mort elle-même. Si El Cholo perd ce titre, il regrettera sûrement à jamais d’avoir renoncé si vite à un nouvel espoir par peur du vide.

Benjamin Chahine
@BenjaminB_13

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