Ce mois de fĂ©vrier ne rĂ©ussit dĂ©finitivement pas aux Colchoneros cette annĂ©e. Les mauvais rĂ©sultats s’enchainent, la fatigue et les blessĂ©s s’accumulent et l’Ă©quipe se perd dans ses approches, comme si elle n’apprenait pas de ses Ă©checs. Oui, l’Atletico de Madrid a une nouvelle fois déçu dans un grand rendez-vous europĂ©en. Analyse de ce qu’il faut retenir de cette dĂ©faite face aux Blues de Chelsea.
1ïžâŁ Un Atletico mode LDC, Ă tort ou Ă raisonâŠ
Depuis le dĂ©but de saison, l’Atletico de Diego Simeone se veut protagoniste de la majoritĂ© de ses matchs, mais ce soir, les Colchoneros n’ont cessĂ© de reculer pendant plus de 75 minutes, soit jusqu’Ă l’ouverture du score d’Olivier Giroud d’une superbe chilena pour sceller le sort de la rencontre. Les intentions Ă©taient claires : ne pas encaisser avant le retour Ă Stamford Bridge, presser trĂšs haut Ă la perte de balle et saisir les quelques opportunitĂ©s qui s’offriront sur attaque rapide pour prendre l’avantage, cliniquement. Pour cela, l’Ă©quipe s’organise en 6-3-1 sans ballon et empĂȘche les hommes de Thomas Tuchel, peu inventifs sur attaque placĂ©e, de trouver l’avant derniĂšre passe qui pourrait exposer Jan Oblak. Bien que cette approche soit minimaliste et trop souvent dĂ©criĂ©e, elle est censĂ©e apporter bien des certitudes aux Rojiblancos. D’abord, elle permet aux Colchoneros de se rapprocher de la qualification puisque Diego Simeone sait que son Ă©quipe est capable de faire la diffĂ©rence Ă l’extĂ©rieur, Ă l’image de la demi-finale de LDC 2014 face Ă ce mĂȘme Chelsea. Ensuite, elle permet de se rassurer et de retrouver l’ADN dĂ©fensif du club aprĂšs avoir encaissĂ© 9 buts lors des 8 derniĂšres rencontres de championnat, d’autant plus lorsque Diego Simeone doit composer sans quelques joueurs incontournables de son onze.
Malheureusement, le plan n’aura Ă©tĂ© pertinent que pendant une quinzaine de minutes, et Ă l’image du match face au Real Madrid lors de la phase aller de championnat, l’Ă©quipe a semblĂ© dĂ©pourvu de repĂšre et est vite retombĂ©e dans ses travers. Ce soir, les absences de Yannick Carrasco et Kierran Trippier, qui sont parmi les Ă©lĂ©ments les plus importants pour donner du sens Ă la nouvelle organisation des Indios, ont coĂ»tĂ© cher. Sans eux, le Cholo a dĂ» replacer Thomas Lemar sur le cĂŽtĂ© gauche et donc le museler, descendre Marcos Llorente au poste de latĂ©ral droit et donc l’Ă©loigner des 20 derniers mĂštres oĂč il excelle et dĂ©saxer Mario Hermoso qui ne peut donc plus organiser la premiĂšre relance aussi aisĂ©ment. Bref, l’Atletico de Madrid 2021 s’est reniĂ© et est retombĂ© dans ses travers, pour le plus grand plaisir de ses dĂ©tracteurs. Et c’est d’autant plus rageant lorsque l’on connait la force de frappe de cette Ă©quipe, qui a en elle le potentiel pour tenir tĂȘte Ă des cadors europĂ©ens en posant le pied sur le ballon.
đ Les notes de AtlĂ©tico de Madrid â Chelsea (0-1)
2ïžâŁ Une dĂ©fense conçue pour plier mais qui ne rompt pas⊠ou presque
Durant les premiĂšres phases de jeu, on a tout de suite vu une Ă©quipe qui mettait de lâintensitĂ© dans ses courses et beaucoup de volontĂ© Ă gratter des ballons haut. SaĂșl Ăiguez et Koke ResurecciĂłn montaient tour Ă tour Ă la hauteur de Luis SuĂĄrez de façon Ă asphyxier la relance des Blues. Avec une telle prĂ©sence dans les 30 mĂštres adverses, la dĂ©fense anglaise sâest petit Ă petit mise Ă paniquer car il lui Ă©tait impossible de relancer le jeu proprement sans redonner le ballon Ă lâAtlĂ©tico et se retrouver dans une position dĂ©licate. Ainsi dĂšs la deuxiĂšme minute, on a vu SaĂșl Ăiguez se glisser entre Andreas Christensen et Edouard Mendy pour intercepter une passe qu’il n’a pas rĂ©ussi Ă pousser au fond des filets. Toujours est-il que le gardien des Blues a passĂ© le reste du match Ă dĂ©gager en touche sous le pressing des Colchoneros, dont la stratĂ©gie reposait clairement sur sa fĂ©brilitĂ© balle au pied. Cela a ainsi permis aux Indios de se crĂ©er quelques situations offensives via des combinaisons entre Marcos Llorente, Koke ResurecciĂłn et Luis SuĂĄrez. Toutefois, le manque criant de rĂ©alisme et de prĂ©cision technique dans la derniĂšre passe ou devant le but a coĂ»tĂ© cher. Quelques fois dangereux mais jamais lĂ©tal, voilĂ peut-ĂȘtre comment rĂ©sumer la premiĂšre pĂ©riode des Colchoneros.Â
Et si durant les phases de jeu oĂč lâAtlĂ©tico perdait la balle, on pouvait observer un pressing de haute intensitĂ©, quand Chelsea posait le pied sur le ballon, les Rojiblancos se repliaient sur eux-mĂȘmes dans une dĂ©fense trĂšs dense dans leurs 30 derniers mĂštres. Pour annihiler quelques phases d’attaque des Blues, Felipe ne cessait de sortir dĂšs que Olivier Giroud ou Timo Werner demandait la balle dans lâaxe, les forçant Ă effectuer des passes en retrait. Sur les ailes de la dĂ©fense, câĂ©tait une bataille de tous les instants. Ă droite, Marcos Alonso et Timo Werner Ă©taient bien contenus par Angelito Correa et Marcos Llorente qui multipliaient les efforts dans leur couloir. Concernant le cĂŽtĂ© gauche câĂ©tait un peu plus dĂ©licat. Quand Mateo Kovacic et CĂ©sar Azpilicueta alertaient Callum Hudson-Odoi, Mario Hermoso arrivait globalement Ă le devancer puis se projetait immĂ©diatement balle au pied de façon Ă crĂ©er une situation de contre. Quant Ă Mason Mount, on lâa vu chercher sa place toute la premiĂšre demi-heure flanquĂ© dâun Thomas Lemar qui ne lâa pas lĂąchĂ© dâune semelle et d’un JoĂŁo FĂ©lix qui occupait la zone.
Mais si ce plan de jeu a Ă©tĂ© respectĂ© tout le premier quart dâheure, des erreurs de concentration et des erreurs techniques ont commencĂ© Ă pointer le bout de leur nez. Mario Hermoso va notamment cumuler les erreurs de marquage, laissant le loisir aux joueurs de Chelsea de trouver Callum Hudson-Odoi en profondeur, se crĂ©ant ainsi des situations de centre dangereuses. Aussi, Marcos Llorente sâest retrouvĂ© plusieurs fois Ă dĂ©fendre en retard sur un Timo Werner qui lui a posĂ© de nombreux problĂšmes via des appels dos au but et dans la profondeur. Le pire sâest dĂ©roulĂ© en deuxiĂšme mi-temps lorsque le coach allemand a donnĂ© plus de libertĂ© Ă Mason Mount. L’Anglais est devenu un vrai poison Ă marquer pour les Colchoneros, se dĂ©plaçant sur tous les compartiments du terrain pour faire parler sa justesse technique et sa vista. Finalement, l’Atletico craque sur une nouvelle erreur de Mario Hermoso qui vient couronner un match plus qu’en demi-teinte pour le dĂ©fenseur espagnol.
3ïžâŁUn Diego Simeone trop peu ambitieux pour une Ă©quipe qui avait des ressources Ă exploiterÂ
La plus grande erreur de Diego Simeone lors de cette soirĂ©e est dâavoir cru quâil avait encore sous ses ordres des joueurs ayant le mĂȘme style, la mĂȘme mentalitĂ© et la mĂȘme concentration que ses soldats de lâancienne gĂ©nĂ©ration tels que Diego Godin, Juanfran ou Gabi. Les joueurs quâil a sous la main souffrent de ne pas jouer de maniĂšre plus offensive. Le groupe sâest retrouvĂ© Ă jouer un football quâil connaĂźt mais maĂźtrise mal, alors que toute la saison durant les maitres-mots ont Ă©tĂ© la possession, les dĂ©doublements et la volontĂ© de marquer. Si la tactique du Cholo a tenu la route en premiĂšre pĂ©riode et a permis de garder le nul face Ă une Ă©quipe de Chelsea plus ambitieuse mais pas forcĂ©ment flamboyante, les Indios se sont retrouvĂ©s pris Ă leur propre piĂšge en deuxiĂšme mi-temps quand l’Ă©quipe de Thomas Tuchel sâest adaptĂ©e pour dĂ©sorganiser le bloc colchonero. Et câest bien lĂ la diffĂ©rence. Les Rojiblancos se sont bridĂ©s tandis que les Londoniens ont pratiquĂ© leur football usuel pour, Ă chaque attaque, pousser un peu plus les joueurs adverses Ă la faute.
On sait que pour le Cholo, la prioritĂ© est de ne pas encaisser le moindre but Ă domicile de façon Ă mettre la pression sur lâĂ©quipe adverse lorsquâelle joue Ă la maison. Le Cholo Simeone a dĂ©cidĂ© de garder une dĂ©fense Ă 3, puis dây accoler 3 autres joueurs en phase dĂ©fensive, reniant son 3-1-4-2 qui lui a permis dâaller gagner sur un grand nombre de pelouses cette saison. A vouloir mixer un Cholismo de la premiĂšre heure avec un Cholismo 2.0 plus joueur, Simeone sâest perdu, montrant lĂ un manque dâambition criant. Le pire dans tout cela, câest que lâon a vu sur le terrain ĂȘtre alignĂ©s en mĂȘme temps Joao FĂ©lix, Thomas Lemar, Marcos Llorente, Angel Correa et Luis Suarez, qui on le sait se caractĂ©risent avant tout par leur capacitĂ© Ă crĂ©er du jeu, et que le Cholo ne les a pas utilisĂ©s Ă leur plein potentiel. Autant de joueur Ă vocation offensive sur le terrain aurait du logiquement amener le Cholo Ă proposer un plan de jeu plus crĂ©atif, ne serait-ce quâen seconde pĂ©riode face Ă des Blues fatiguĂ©s et en manque dâinspiration.
Diego Simeone attend pourtant la 80e minute pour faire ses premiers changements, sentant enfin que malgrĂ© ses nouvelles consignes plus offensives ses joueurs nâavaient plus le carburant pour cravacher sur 60 mĂštres avant de mener une attaque placĂ©e. Mais câĂ©tait bien trop tard pour renverser la vapeur malgrĂ© un Thomas Lemar plus intĂ©ressant que la moyenne via plusieurs courses balle au pied. En dĂ©pit de support offensif ou de justesse technique, les quelques prĂ©mices d’attaques dangereuses sont rapidement rĂ©duits Ă nĂ©ant. Aussi, JoĂŁo FĂ©lix a Ă©tĂ© trĂšs discret pour ne pas dire invisible (on ne lâa vu accĂ©lĂ©rer quâune seule fois !) tandis que Koke et Mario Hermoso ont ratĂ© un nombre important de passes (et c’est assez rare pour le noter, eux qui d’habitude sont si propres). Manque d’ambition, plan de jeu minimaliste et changement tardif, voilĂ comment l’Atletico de Madrid s’est une nouvelle fois Ă©croulĂ© face Ă une Ă©quipe peu flamboyante.
Julien Foubert (@TorresismoATM) et François (@vistafrou)