Sans prise de tête, l’Athletic s’est imposé à Cádiz (4-0). Avec maîtrise et en puissance, les Basques ont dominé la rencontre du début à la fin. L’occasion pour coach Marcelino de signer sa 1re portería a cero à la tête des Leones. Le signe que ses préceptes défensifs ont été assimilés ?
Après les deux matchs nuls, en Liga contre Valencia puis en Copa contre Levante, l’Athletic se devait de reprendre ses esprits face à Cádiz. Sevrés de victoire depuis le 10 janvier, les Andalous ont servi de victime expiatoire aux Zuri-gorriak qui avaient besoin de grappiller des points pour rester dans la course à l’Europe.
Pour parvenir à signer sa première victoire à l’extérieur en Liga, Marcelino devait établir un plan de jeu similaire à celui utilisé contre Getafe. Inscrire 5 buts à l’équipe de Bordalás relevait de l’impossible. Marcelino l’a fait. En inscrire 4 à un Cádiz réputé solidé défensivement n’est pas non plus donné à tout le monde. L’Athletic l’a montré : être enfermé avec les lions n’est jamais une bonne option.

Une équipe légèrement remaniée
Marcelino semble avoir trouvé son ossature. L’ancien coach de Valencia est un homme qui aime garder ses habitudes mais qui sait prendre en compte chaque performance. Il opte de ce fait pour la mise sur le banc de Dani García aux prestations incertaines en ce mois de février. Une aubaine pour Unai López qui montre des signes prometteurs et notamment une bonne capacité à accélérer le jeu. Il est accompagné par Mikel Vesga. Un choix qui divise toujours autant les supporters du club basque, agacés par le niveau restreint du milieu de 27 ans. Unai Vencedor pourrait aisément prendre sa place, mais Marcelino conserve la confiance qu’avait placée Gaizka Garitano dans ce joueur.
Sur l’aile droite, le coach asturien est tiraillé entre la renaissance d’Óscar De Marcos – un habitué des buts contre le Barça – et la dernière recrue, Álex Berenguer. Ce dernier avait brillé lors de sa première titularisation, s’offrant un but et une connexion remarquée avec Iker Muniain. Mais l’ancienne flèche du Torino est connue pour ses revirements de performances. En faisant le choix de le titulariser, Marcelino lui offre une chance méritée. Lors du match aller des 1/2 de la Copa del Rey contre Levante, Berenguer avait réalisé une bonne seconde période, s’acharnant devant les cages adverses.
Pour le reste, le dispositif de l’Athletic est fidèle à ce qu’a instauré Marcelino : 4-4-2, Williams et Raúl García à l’avant, Muniain sur l’aile, Yuri Berchiche et Ander Capa latéraux. Seule surprise : Iñigo Martinez est mis sur le banc. Remplacé par Unai Núñez, le défenseur central profite d’un repos mérité.

Technicité, rapidité, précision
Trois buts en trente minutes. Loin d’être un exploit. L’Athletic n’avait pourtant jamais entamé un match de cette façon. Du moins, pas depuis 2003. Il y a fort longtemps donc. Mais contre Cádiz, les coéquipiers d’Iker Muniain ont fait preuve d’une connexion sans faille, harcelant la défense adverse dès les 25 premières secondes. L’homme en forme du début de la rencontre n’est autre qu’Alex Berenguer qui combine avec qui le veut. Trouvé par Yuri, Williams n’a plus qu’à décaler le ballon sur l’ailier pour qu’il ouvre le score. Un premier but plein de technique.
Pendant la totalité de la rencontre, les passes s’enchaînent depuis le milieu de terrain. Profitant d’une faute pour inscrire un remarquable coup franc direct, Unai López sert de pièce maîtresse pour la coordination des offensives. Bien aidé par Muniain, il s’illustre par sa précision permettant des rapides passes. Les une-deux réalisées par le capitaine sur l’aile gauche contribuent à surprendre un adversaire qui ne sait plus où donner de la tête. Comme lorsque Muniain remarque l’appel de Berenguer et centre sur l’ailier qui n’a plus qu’à piquer le ballon pour mettre son doublé. Le joueur formé à Osasuna passe d’ailleurs à quelques centimètres du hat-trick peu après.
Si à l’image d’Ander Capa, certains éléments se sont fait discrets, d’autres ont confirmé leur épanouissement avec Marcelino. C’est notamment le cas de Muniain, qui aura cherché les filets tout le match, se contentant finalement d’une nouvelle passe décisive, la huitième en moins de 30 jours. Williams profite également d’un dégagement de Núñez pour afficher ses talents en un contre un.

Un Vesga perdu et quelques surprises
Si tout semblait bien se profiler en première période, quelques éléments négatifs doivent être soulignés. Car non, tout n’est jamais rose. Nous n’allons pas parler de l’absence désagréable du public dans les tribunes, mais bien des relances intrigantes. À plusieurs reprises, Ander Capa et Unai Núñez ont stoppé des offensives andalouses, avant de renvoyer le ballon dans l’axe, dans les pieds de l’attaque adverse. Si les pivots ont répondu présent pour réparer ces erreurs, elles auraient pu coûter gros face à un adversaire plus technique. Núñez s’est rattrapé en seconde période, envoyant un ballon frôlant la ligne de touche, qu’a pu reprendre Williams avant d’inscrire le dernier but.
Ces erreurs défensives n’ont pas pénalisé les Basques, tout comme Mikel Vesga. Mais les performances du milieu de terrain ont une nouvelle fois laissé dubitatif. Maladroit dans ses décisions, tête en l’air au moment de faire le pressing, Vesga n’est pas parvenu à convaincre Marcelino, ni qui que ce soit. Le coach asturien n’a plus d’excuse et devrait désormais opter pour le jeune Vencedor, finalement bien plus constant. Vesga ratera au moins le prochain match contre Villarreal, suspendu pour accumulation de cartons jaunes.

Ce match a également été l’occasion de remarquer la technicité de certains joueurs. Un peu étourdi en première période, Unai Simón n’a cependant pas hésité à dribbler ses adversaires, avant de signer une excellente parade du bras gauche en seconde période. Même chose pour Yeray Álvarez, qui tardait pour revenir dans sa zone lors des corners. Le défenseur central n’hésite plus à jouer technique. Appréciable lorsque l’adversaire le permet. En somme, une démonstration agréable et redoutable de l’Athletic de Marcelino.
Jérémy Lequatre-Garat
@Euskarade