Dans un match à domicile face au Borussia Dortmund où Seville avait le costume de grand favori, l’adversité a été plus que présente pour les hommes de Julen Lopetegui. Timorés et décevants durant près d’une heure, les Andalous ont concédé une défaite courte mais peu encourageante pour la suite. Cependant, tout n’est pas à jeter. Analyse d’une soirée difficile.
Avant le coup d’envoi, il n’y avait bien que l’hypothétique expérience européenne du Borussia Dortmund qui semblait pouvoir permettre aux Allemands d’accrocher un Séville souverain en 2021. Dans une crise profonde, le BVB s’est notamment séparé de Lucien Favre et c’est l’inexpérimenté Edin Terzic qui a pris la suite sur le banc. Le Germano-Croate sait déjà qu’il quittera ses fonctions en fin de saison, déjà remplacé par Marco Rose. Pourtant, Séville a été mis en grande difficulté et a lutté pour rester en capacité de se qualifier pour les 1/4 de finale de C1.
1️⃣ Un Séville mis en difficulté d’entrée
Le plan de Dortmund est clair en début de match : mettre une grosse pression, acculer la défense andalouse et mettre de la densité pour bloquer la relance de Jules Koundé notamment. Les premières minutes font état d’une large domination des Allemands sans occasion claire cependant. C’est ce qui va permettre à Séville de redevenir mettre du ballon ensuite et d’ouvrir la marque sur une demi-action, la première bien construite des Palanganas. Ce but de Suso semble valider les dynamiques des deux équipes : Séville en confiance ne peut que dominer une équipe certes pleine de talents mais en difficulté dans le jeu.
Néanmoins, le plan mis sur pied par Edin Terzic continue d’être appliqué. Le trio d’attaquants composé de Sancho, Haaland et Reus se situe relativement haut. Leur disposition quand l’équipe n’a pas le ballon est très intéressante. L’Anglais et le Norvégien sont les plus hauts. Ils ont pour consigne d’exercer une pression sur Koundé et de l’empêcher de claquer ses relances de qualité ou d’apporter le surnombre offensivement. Avec Reus aidé par Bellingham placé plus bas, l’idée est de laisser à Diego Carlos le soin de relancer, ce qui n’est pas sa qualité première, de couper les lignes de passes vers Rakitic ou Papu Gómez et donc limiter les bonnes sorties de balles. Séville a la possession du ballon en première période sans pour autant réussir à générer du danger. Surtout que lorsque que Nervión passe le milieu du terrain, le bloc du BVB fait bien attention à rester bas et compact pour bloquer au maximum le jeu entre les lignes et la prise de profondeur d’En Nesyri.
L’égalisation allemande provient d’une touche et surtout d’un magnifique enchaînement de Haaland qui met Dahoud dans les meilleures conditions pour décocher un zapatazo qui remet les pendules à l’heure . Ensuite, c’est le plan allemand sans ballon qui va faire émerger le doublé de Haaland. Sur le 2-1, le Norvégien fait parler sa puissance et sa vitesse pour porter le ballon tout en préservant son temps d’avance pour trouver un appui sur Sancho et marquer. Sur son second, le troisième de son équipe, c’est une récupération haute et une projection coordonnée des trois offensifs qui permet au BVB de prendre largement les devants. En première période, le ballon est dans les pieds de Séville mais les idées et le danger sont du côté des Allemands. La présence de Dahoud dans le cœur du je, pour solidifier le bloc quand il n’a pas le ballon et lui permettre de mieux faire vivre le ballon a été un choix très intéressant fait par Terzic qui a beaucoup aidé son équipe.

2️⃣ La bonne lecture du match de Julen Lopetegui
Le plan de départ du BVB est le meilleur. L’entraineur de Séville qui était venu avec la même idée qui permet à son équipe de distribuer les gifles en Liga doit s’ajuster. Perdre l’avant-match ça arrive, mais il faut avoir la capacité d’ajustement pour limiter les dégâts ensuite. L’ancien sélectionneur espagnol opère un premier changement dès la reprise : Rakitic sort et Gudelj entre. L’idée est de rajouter un joueur en sortie de ballon pour contrer le pressing cohérent des Allemands, pouvoir garder le ballon tout en le faisant progresser. Cela ne permet pas encore de générer du danger mais les Palanganas sont plus solides et gagnent en confiance. C’est un aveu de faiblesse, mais il faut remettre de la supériorité à cet endroit du terrain.
A l’heure de jeu, c’est un triple changement qu’opère Lopetegui pendant que Terzic ne fait toujours aucun mouvement vers son banc. L’ensemble du trio offensif andalou sort : De Jong, Munir et Óliver Torres entrent. Les titulaires n’ont pas réussi à imposer leur style et ont subi le jeu des Allemands. Torres est le plus déterminant. Sa bonne lecture du jeu et sa capacité à mieux se placer dans le trafic offrent à Séville un relais efficace dans le cœur du jeu. Il touche pas moins de 37 balles en 30 minutes. Une activité salutaire pour mettre de la rapidité dans le jeu de possession trop lent de Nervión avant cela. Après avoir repris le contrôle du ballon avec Gudelj, Séville se met à générer du danger et se rapproche de la surface adverse.
C’est le dernier coup de Julen qui va être le plus intéressant. Les coups francs sont de plus en plus nombreux, le BVB ne génère plus aucun danger, semble émoussé et est surtout en grande difficulté. L’entraineur espagnol décide alors de faire entrer ÓscarRodríguez, en manque de temps de jeu cette saison mais tireur de coup de pied arrêté de grande qualité. C’est lui qui trouve le poteau sur un coup franc peu de temps après son entrée. C’est encore lui qui dépose une merveille de ballon sur De Jong, encore sur coup franc, pour le second but de son équipe. Séville a réduit l’écart et Lopetegui a fait étalage de ses capacités tactiques.
3️⃣Un Séville avec de la ressource mais sans marge
Dans l’ensemble, le match de Séville est une déception. Dans la lignée de ce que l’équipe propose en championnat, Julen Lopetegui n’a pas semblé vouloir s’adapter à son adversaire du soir, se reposant sur les qualités individuelles de son équipe. Ce fut une erreur importante. Les Andalous ne sont pas un grand d’Europe, certes l’effectif est de qualité mais jouer face à Séville ne fait pas encore suffisamment peur en C1. Pour autant, tout n’est pas à jeter du côté des Palanganas.
C’est sûrement la chose la plus intéressante : Julen Lopetegui a su se remettre en question et faire des choix intéressants pour remettre son équipe sur le bon chemin et accrocher un résultat qui entretient l’espoir. Dans sa logique de croissance et de progression, Séville doit devenir un grand européen et ça passe par être en capacité de ne pas perdre et d’être clinique quand tout les voyants sont au vert. Pour le retour à Dortmund, il est certain que Lopetegui proposera quelque chose de plus consistant dès le coup d’envoi. En tout cas, s’il veut espérer voir les quarts, c’est ce qu’il doit faire. Séville n’a pas de marge mais un groupe d’une grande diversité et avec de la qualité. Le match retour ne tolèrera aucune erreur.
Benjamin Chahine
@BenjaminB_13