Avant le Real Madrid, Huesca veut croire en son destin

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Pour sa deuxième saison en Liga, Huesca est de nouveau aux portes de la Segunda. Malgré leur ambition dans le jeu, les Aragonais ne parviennent pas à sortir de la zone rouge. Le départ de Michel et son remplacement par Pacheta peuvent-ils sauver les Oscenses ? Avant d’affronter un Real Madrid privé de Sergio Ramos et Eden Hazard, Huesca retrouve l’espoir d’un sauvetage in extremis.

Une région montagneuse où le temps peut être glacial et, au beau milieu, un club de Liga : Huesca n’est pas un club comme un autre et c’est cela qui le rend intéressant à suivre, au-delà des résultats. Lors de sa première montée en Liga, Chimy Avila s’était révélé, tout comme Gonzalo Melero. La découverte de la categoria de oro du football espagnol avait été aussi rude que le climat. Un retour express en Segunda, et revoilà les Oscenses… avec guère plus de réussite.

Les limites de la continuité 

Lors de première montée historique, Huesca avait dû composer sans Rubi, l’entraîneur de l’exploit, parti à l’Espanyol et remplacé de manière éphémère par Leo Franco. Les Aragonais ont payé pour apprendre, parfois proche de sortir de la zone rouge sans pour autant réussir à arracher ces points vitaux. Cette fois-ci, Michel est resté après cette deuxième accession agrémentée d’un titre de champion.

La continuité de Michel, qui avait connu une situation identique lors de la monté du Rayo, était une excellente nouvelle pour Huesca. Cependant, au fil des rencontres, les choses intéressantes que l’on pouvait voir dans le jeu ont disparu pour des contenus neutres et une difficulté à créer du danger. Le club n’a pas eu la réussite d’Elche en début de saison ou les quelques certitudes de Valladolid. Michel a alterné entre le 4-3-3, 4-4-2 et parfois le 4-2-3-1 mais n’est pas arrivé pas à insuffler cette confiance pour convaincre son effectif que la 20e place n’était pas une fatalité.

Les limites de la continuité ont été atteintes. L’idée n’est pas de dire qu’il fallait virer Michel sitôt la montée enregistrée. Il était l’homme adéquat pour débuter la saison. Néanmoins, au fil des rencontres, on s’est rendu compte que son vécu avec ce groupe l’a empêché de faire les choix forts pour inverser la spirale négative. Michel n’a pas réussi à trouver la bonne formule, à se remettre en question et s’est donc enfermé dans une formule dysfonctionnelle. Il fallait changer, diamétralement.

Pacheta, la surprise qui a du sens

Dans le même timing que le changement de coach à Alavés, Huesca se devait de trouver un technicien capable de donner un cap à un effectif dernier de Liga avec une maigre victoire au compteur. Alors que le nom d’Asier Garitano prenait de l’ampleur (il est finalement retourné à Leganés), c’est le fantasque Pacheta qui a été l’heureux élu. L’homme de la montée d’Elche, remplacé après avoir réussi l’exploit de faire passer un club aux finances précaires de la Segunda B à la Liga, arrive donc en Aragon. Hormis 15 petits matchs de Liga avec Numancia, il découvre ce niveau.

Pacheta a un CV très particulier puisqu’il a entraîné en Pologne et en Thaïlande. En Espagne, il est surtout connu pour ses conférences de presse très tonique et souvent didactique. Pacheta est quelqu’un qui inspire et qui est convaincu qu’il peut réussir de grandes choses. Cependant, on ne peut pas dire que ça soit quelqu’un qui se projette à long terme. C’est du « partido a partido » comme dirait Diego Simeone. Pour l’heure, Pacheta ne cherche pas à inculquer une identité très forte à son équipe mais fait attention à son état mental et sa capacité d’adaptation. Sa maxime est simple : les matchs que l’on ne peut pas gagner, on doit tout faire pour éviter de les perdre. Bref, du coaching inspiré de la Segunda, une école de la lutte perpétuelle où les résultats ne sont jamais acquis.

Crédits : Iconsport

Son arrivée doit apporter une nouvelle dynamique à l’effectif dans un temps réduit. Ses premiers choix sont clairs : il met en place une défense à 3, sort Javi Ontiveros et David Ferreiro, deux joueurs clefs sous Michel, et donne sa chance à des garçons comme Dani Escriche, Jaime Seoane ou encore Idrissa Doumbia peu en vue avant son arrivée. Sa prise de fonction est une réussite dans la gestion de son groupe et permet d’apporter une nouvelle concurrence intéressante. José Luis Ortas, un des responsables techniques du club, résume clairement les bienfaits de la nomination de Pacheta :

« nous avons un entraîneur qui est venu et qui nous a mis un pétard dans le cul ! il nous a donné un courage et une énergie incroyables. nous sommes derniers mais il est temps de travailler et de nous battre »

Avec une moyenne de 0.76 point/match, le Huesca version Michel était en bonne place dans le classement des pires équipes d’Europe. En 3 matchs, Pacheta a pris 4 points, marqué 3 buts et encaissé 2. Bien sûr, il est difficile d’établir une comparaison crédible avec un échantillon aussi faible mais la philosophie moins ambitieuse de Pacheta se confond parfaitement avec le quotidien du club qui doit se battre pour son maintien et qui doit prendre des points, qu’importe le contenu.

Suffisant pour surprendre le Real Madrid ? 

Après la victoire 3-1 contre Valladolid, un concurrent direct vaincu par un triplé brutal de Rafa Mir, Pacheta avait des mots clairs. « Maintenant, nous les voyons et ils nous voient« . Comprendre : on a déplacé la pagaille vers Valladolid et Pucela a perdu contre Alavés, un autre mal classé, en ouverture de cette 22e journée. Cette victoire à l’Alcoraz est un élément parfait pour rendre le discours de Pacheta encore plus audible et crédible pour son groupe. Ce groupe doit croire en lui pour espérer prendre des points et donc se maintenir. Les déclarations de l’entraîneur toujours après la victoire sur Valladolid confirment cette impression :

« Les victoires aident l’équipe à croire en son travail. nos joueurs connaissent l’importance du jeu. nous avons réalisé un très bon match. nous avons été très précis dans notre camp et dans le leur. nous devons transformer les bons sentiments en victoires ».

Ce succès arrive juste avant la réception de Real Madrid ce week-end. Rarement mesuré, Ortas est plutôt confiant : « le Real Madrid devra transpirer pour gagner ». Avec Pacheta, entraîneur qui était destiné à devenir menuisier, il y a du pain sur la planche et c’est Rafa Mir qui l’a le mieux compris, lui qui doit toujours être le danger numéro 1 de Huesca. Garçon vertical, physique, capable de proposer mais surtout de marquer, il a tout pour faire du mal à un Real Madrid en difficulté et nerveux comme l’a dévoilé la conférence de presse de Zinedine Zidane avant la rencontre. Pacheta a déjà battu les Vikingos, en leur marquant un but quand il portait le maillot de l’Espanyol. Une inspiration supplémentaire pour un club qui n’a absolument rien à perdre pour forger son destin en Liga.

Benjamin Chahine
@BenjaminB_13

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