Segunda / Neige, salaires, coronavirus : les joueurs du Rayo Vallecano craquent

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Le Rayo Vallecano a pour objectif de rejoindre l’élite du football espagnol. Et on le voit. L’équipe madrilène a récemment montré ses capacités en Copa del Rey en éliminant Elche (2-0). Un match qui aurait pu s’achever sur un bien plus grand écart, mais qui a surtout servi de détonateur pour des Franjirrojos à bout depuis le début de la crise sanitaire.

Une équipe en lice pour la montée

Anciennement coach du CD Mirandés, avec lequel il est parvenu à atteindre les demi-finales de la Copa del Rey, Andoni Iraola s’occupe désormais du Rayo Vallecano. L’équipe du sud-est de Madrid avait frôlé de peu l’accès aux play-offs la saison dernière. Désormais, le Rayo se sait capable d’atteindre la Liga et veut se le prouver avec un entraîneur qui a fait vibrer une équipe de Segunda au sommet de la Coupe d’Espagne. Pour combler les attentes placées en lui, le Basque a emporté son 4-2-3-1 dans la capitale.

Iraola peut s’appuyer sur les recrues phares des dernières années telles que l’ailier Álvaro García (arrivé en provenance de Cádiz, il y a deux ans pour 4,5M€) ou le latéral Luis Advíncula (arrivé des Tigres en 2019). Mais il peut aussi compter sur ceux qu’il a fait venir comme Antoñin Cortés, prêté par Granada. Déjà lorsqu’il était à Mirandés, Iraola s’était appuyé sur des joueurs cédés par des équipes de première division. Merquelanz avait pu s’illustrer avant de revenir à la Real Sociedad, tout comme Iñigo Vicente avant de retourner à l’Athletic. Avec le Rayo, Iraola compte davantage sur l’effectif originel. Seul le latéral gauche Fran García, prêté par le Real Madrid, fait figure d’exception.

Iraola semble bien parti [Crédits : Rayo Vallecano]

Si la finition n’est pas toujours au rendez-vous, les joueurs du Rayo sont formés à la contre-attaque et au jeu vers l’avant. Pas question de jouer avec un bloc défensif bas, les ailiers sont mis à contribution pour permettre aux attaquants de frapper. La connexion entre les éléments offensifs est remarquable et permet aux joueurs de tenter leur chance dès que possible. Les ordres d’Iraola sont de ne pas avoir peur de tirer.

Un nouveau parcours au sommet en Copa ?

Les supporters de Mirandés n’ont certainement pas oublié leur saison dernière. Hypnotisés par l’idée de jouer une finale de Copa, les joueurs avaient légèrement mis de côté leur parcours en championnat. Mirandés avait ainsi enchaîné sept matchs nuls qui se sont avérés cruciaux lorsque l’équipe d’Iraola a terminé 9e. Mais l’important est ailleurs. En janvier 2020, ils éliminent coup sur coup le Celta, Sevilla puis Villarreal de la prestigieuse Coupe d’Espagne. Dans un stade d’Anduva plus plein que jamais, ils ne parviennent finalement pas à remonter la Real Sociedad et s’inclinent aux portes de la finale.

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L’objectif de revenir sur le devant de la scène face à des équipes de Primera semble bien ancré pour Iraola. Il doit poursuivre ses performances en championnat – le but restant de retrouver l’élite deux ans après– tout en s’illustrant en Coupe. Pour le moment, les choses se passent bien et la 5e place du Rayo s’ajoute au succès des trois premiers tours de la Copa. Après avoir battu Elche, les Franjirrojos se retrouvent en 1/8 de la compétition.

Luis Advincula en action [Photo de IconSport]

En plus des problèmes d’organisation autour de la rencontre, le Rayo a dû faire face à six cas d’infections au coronavirus. Visant les avant-centres de l’effectif, la maladie a privé Iraola de ses habituels buteurs. Il ne restait plus que’Isi Palazón. Le coach a dû chambouler son effectif et mettre Bébé en 9. Un positionnement inédit pour l’ancien d’Eibar qui ne l’a pas empêché de marquer sur coup franc le premier face à Elche. Mais c’est avant tout la capacité du Rayo à se créer des occasions avec un tel dispositif qui a surpris. Dans le bon sens du terme.

Quand neige et COVID ne font pas bon ménage

Mais les belles prestations de l’équipe madrilène ne suffisent pas à cacher les problèmes de direction qui l’entourent. Samedi 16 janvier, les changements soudains et le manque de communication avant leur match contre Elche a été l’erreur de trop. Les joueurs se sont tous mis d’accord pour envoyer un communiqué au journal MARCA, publié en intégralité dimanche. Ils se plaignent notamment de la mauvaise gestion du club depuis le début de l’épidémie de COVID-19, mais également des décisions illogiques prises pendant l’épisode neigeux qu’a connu la capitale.

Expliquant s’être réunis avec le président Raúl Martín Presa, les joueurs ont exprimé « leur préoccupation quant à l’état de la pelouse » qui devait accueillir la rencontre de Copa contre Elche. Encore recouvert par la neige, Vallecas n’était pas en état de recevoir les joueurs à midi, comme initialement prévu. Les employés du Rayo auraient par la suite tenté de le remettre en état pour 16h. Sans succès. « La réalité est qu’à 14h on ne savait toujours pas si on disputerait le match et où », expliquent les joueurs. Il a fallu finalement attendre jusqu’à 15h30 pour apprendre que le match se jouerait à Los Rozas à… 22h.

Luca Zidane a profité de plusieurs opportunités avec Iraola [Photo de IconSport]

La tempête Filomena qui a frappé l’Espagne à partir du 8 janvier semble d’ailleurs avoir eu des effets sanitaires catastrophiques. Ce même jour, l’effectif du Rayo Vallecano a entamé un trajet routier jusqu’à Miranda de Ebro « alors que les autorités avaient demandé de ne pas se déplacer » dans ces conditions météorologiques. Ils ont été retenus cinq heures dans le bus avant que la Liga ne reporte leur match contre Mirandés. « Tout cela a mis en danger notre santé et celle de nos proches », ajoutent les joueurs, confirmant six cas positifs.

Ajoutés à des problèmes financiers

Les problèmes qui ont découlé de la tempête de neige ne sont pas les seuls que connaissent les Franjirrojos. Ils sont surtout à l’origine de leur craquage. Un ras-le-bol qui est également financier. Les joueurs du Rayo ont été contraints d’accepter une réduction de salaire à hauteur de 15% qui n’a pas été négociée avec les principaux concernés. S’ils affirment « comprendre que certaines questions soient gérées par le club et non par les joueurs », ils s’inquiètent pour leurs finances. « Nous subissons des retards dans le paiement de nos salaires, du moins, lorsqu’ils ne sont pas impayé », se lamentent-ils, avant d’évoquer l’existence d’une « une longue série de problèmes inimaginables pour un club de football professionnel digne de ce nom ».

Tous les problèmes cités par les joueurs du Rayo sont également la conséquence de problèmes de communication. Le directeur sportif n’est selon eux pas à leur écoute. Il s’agit pourtant de David Cobeño, gardien de cette même équipe jusqu’en 2014. « À peine présent au quotidien, il n’apporte rien quand il l’est », fulminent les membres de l’effectif qui ajoutent que ces situations les empêchent d’être pleinement concentrés sur l’aspect sportif.

Les joueurs du Rayo ont dû pousser des voitures coincées par la neige lors de leur déplacement à Miranda [Crédits : Union Rayo]

Une réponse officielle qui a tardé

Pour le moment, les résultats restent des plus acceptables. Mais le mental finit toujours par influer sur les performances. Dix minutes avant le match contre Elche, le Rayo Vallecano a fait savoir qu’il répondrait le lendemain, 17 janvier. Une réponse qui s’est fait attendre avant d’intervenir mercredi soir. Le club a ainsi donné ses raisons dans un long communiqué qui sert davantage de justifications que de réelles excuses. La direction du Rayo y explique que « personne n’avait pleinement conscience » de l’ampleur des chutes de neige. Le report du match contre Elche serait dû à l’apparition de glace. Concernant les retards de paiement, « ils n’auraient jamais dépassé une semaine » et seraient la cause « des cas de COVID ».

Le Rayo présente cependant ses excuses « pour ne pas avoir trouvé de meilleure solution » lors du mouvement trajet en bus. Il est encore trop tôt pour savoir comment les principaux concernés ont accueilli la réponse officielle, mais le club s’est déjà engagé à « renforcer la communication interne ».  Sur les réseaux sociaux, les supporters n’ont pas apprécié l’arrivée tardive du communiqué. Le hasthtag #PresaVeteYa se renforce plus que jamais et pointe du doigt un président en poste depuis 2011 qui n’a jamais été à la mesure de sa charge.

Jérémy Lequatre-Garat
@Euskarade

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