Valencia est-elle la meilleure cantera d’Espagne ?

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Moins connue que la Masia blaugrana ou le Lezama de l’Athletic, la cantera du Valencia CF affiche pourtant des résultats remarquables depuis plusieurs années. Cette saison, près de la moitié de l’effectif blanquinegro est composée de joueurs sortis de Paterna. La raison a un travail de fond, mais aussi au dépeuplement de l’équipe qui contraint à lancer des xiquets inexpérimentés. 

Jaume Domenech, Cristián Rivero, José Gayà, Toni Lato, Jesús Vázquez, Hugo Guillamón, Guillem Molina, Carlos Soler, Kang In Lee, Vicente Esquerdo, Álex Blanco : avec 11 joueurs formés à Paterna, auxquels on peut ajouter Yunus Musah et Koba Lein Koindredi qui y ont été post-formés, Valencia propose cette saison un effectif composé à près de 50% par des joueurs du cru. Des résultats particulièrement élevés, sachant que la moitié de ces canteranos compose le XI-type de Javi Gracia.

Hormis l’Athletic Club qui, par sa politique, place la formation au-dessus de tout, peu de clubs peuvent s’enorgueillir d’une aussi grande réussite. Car outre les joueurs qui ont les honneurs de l’équipe première blanquinegra, le talent che s’exporte, à tous les niveaux.

Jose Luis Gaya of Valencia CF during the La Liga match between Valencia CF and Levante UD played at Mestalla Stadium on September 13, 2020 in Valencia, Spain. (Photo by Pressinphoto/Icon Sport) – Jose LUIS GAYA – Estadio de Mestalla – Valence (Espagne)

Concours de circonstance

L’éclosion de canteranos témoigne-t-elle d’une grande vigueur de la filière formatrice ou plutôt du besoin de joueurs pour colmater les brèches ? José Gayà et Kang In Lee sont les deux seuls éléments « programmés » pour entrer dans l’équipe. Tous les autres sont entrés dans le groupe professionnel presque par hasard, à commencer par Carlos Soler, promu par Cesare Prandelli en décembre 2016 puis titularisé en 2017 par Voro alors que Valencia était au plus bas et que l’afición réclamait un canterano qui, par réussite, a été très tôt décisif lors d’un derbi contre Villarreal.

De la manière manière, Hugo Guillamón a beau être un cadre de la Rojita, sa place dans le XI n’est due qu’à la blessure de Mouctar Diakhaby et à la forme aléatoire d’Eliaquim Mangala qui ont eu l’opportunité de faire leurs preuves avant le natif de San Sebastián sous prétexte que, selon plusieurs techniciens, un défenseur central doit mesurer au minimum 1.85m. Et que dire de Jaume Domenech ? Le gardien qui a réalisé le plus de parades cette saison en Liga et qui a été nommé pour le titre de joueur du mois de novembre a su saisir sa chance en Copa del Rey en 2019 avant de dépasser un Jasper Cillessen à la dérive complète après le départ de Marcelino García Toral. Qu’en sera-t-il de Toni Lato ? Revenu d’un prêt d’un an à Osasuna, il n’a guère « profité » de la blessure de José Gayà pour prouver qu’il a la capacité d’être une vraie solution de rechange, comme latéral mais aussi comme ailier, même si la dernière tentative n’a pas été couronnée de succès. Son but contre son camp contre l’Atlético de Madrid ne plaide pas en sa faveur et, après avoir été positif à la COVID-19, il a été remplacé par Jesús Vázquez, 18 ans en janvier prochain, en Copa del Rey contre Terrassa.

Si Cristián Rivero et Guillem Molina complètent les convocations sans grand espoir de jouer sauf en cas de blessure ou de match de Copa, Vicente Esquerdo et Álex Blanco ont eu l’occasion de se montrer en début de saison mais n’ont absolument pas convaincu, au point d’être relayés à l’arrière-banc che.

Ferran Torres, exemple et faillite

La dernière grande réussite de Paterna est aussi son plus grand échec. Ferran Torres a connu une progression exponentielle. En l’espace de 2 ans, il est passé de potentiel crack à international espagnol titulaire à Manchester City.

Marcelino lui-même a été surpris de l’évolution de l’ailier qui lui a tenu rancoeur d’avoir voulu l’envoyer en prêt pour s’aguerrir alors qu’il se sentait déjà prêt à débuter avec les Blanquinegros. Le résultat de cette mauvaise relation ajoutée à l’inanité des décisions des dirigeants est ce départ par la porte de derrière chez Pep Guardiola. Déclarations tapageuses et indemnité de départ absurde : tout le Valencia post-Mateu Alemany est résumé dans ce transfert.

Malgré tout, Valencia souffre moins que prévu de son départ car Yunus Musah l’a déjà remplacé sur le terrain et dans le coeur de l’afición. Post-formé dans la capitale du Turia après que Pablo Longoria a réussi à le subtiliser à Arsenal, le néo-international américain confirme la faculté du club a propulsé très tôt ses jeunes pousses, certes accompagné par un contexte pesant et une planification sportive désastreuse. Soucieux de ne pas répéter les erreurs passées, le club a eu la lucidité de négocier très tôt une prolongation de contrat et l’Américain a prolongé son bail jusqu’en 2026.

Carlos Soler and Ferran Torres of Valencia CF during the Liga match between Valencia and Eibar on January 4, 2020 in Valencia, Spain. (Photo by Pressinphoto/Icon Sport) – Ferran TORRES – Carlos SOLER – Estadio de Mestalla – Valence (Espagne)

Des carrières loin de Valencia

Le savoir-faire blanquinegro s’exporte, même si cela n’a rien à voir avec la production de la Masia du Barça, du Lezama de l’Athletic, du Zubieta de la Real Sociedad ou de la Fábrica du Real Madrid. Néanmoins, des joueurs formés à Paterna ont des carrières.

Certains ont été internationaux avec la Absoluta comme David Silva, Paco Alcácer, Isco, Raúl Albiol, Juan Bernat et Jordi Alba qui a été post-formé à Valencia. En Liga, Portu flambe avec la Real après avoir explosé à Girona, au point d’être aux portes de la Selección. L’arrière-droit Nacho Vidal joue régulièrement à Osasuna et vu la pénurie à ce poste depuis plusieurs saisons à Mestalla, il ne dépareillerait pas dans l’effectif de Javi Gracia. Rafa Mir est titulaire en attaque avec Huesca.

En Segunda, Almería a récupéré 3 canteranos : Fran Villalba, la perle de la formation che, qui n’a pas (encore) confirmé après avoir avoir été lancé par Gary Neville avec Wilfried Zahibo et Tropi en 2016, Jordi Escobar et Álex Centelles. Ils ont succédé à Antonio Sivera, prêté par Alavés la saison dernière et qui avait signé à Vitoria pour devenir la doublure de Fernando Pacheco. Blessé au genou pendant plusieurs mois, Javi Jiménez alias « Jotamendi » est parti gagner du temps de jeu à Albacete. Rober Ibañez a connu plusieurs prêts depuis 2015 à Granada, Getafe, Osasuna et Leganés.

En France, Pedro Chirivella est arrivé à Nantes après une post-formation à Liverpool qui avait attiré le crack de la génération 97. Il a très longtemps été considéré comme la perle de la cantera, avant de céder aux sirènes des Scousers. En Premier League, Pablo Hernández se régale sous les ordres de Marcelo Bielsa à Leeds, Vicente Guaita évolue à Crystal Palace depuis 2 saisons, après avoir été le concurrent de Diego Alves à Mestalla et de devenir un cadre de Getafe pendant 4 ans. Passé par Aston Villa, Carles Gil est à présent en MLS, au New England Revolution où a également joué Wilfried Zahibo à présent à Houston. En Serie A, Gonzalo Villar dispute sa première saison avec la Roma après un passage à Elche et une option prioritaire de rachat très basse que Valencia n’a pas eu l’intelligence de lever. En Suisse, le milieu Álex Carbonell a rejoint les rangs de Lucerne l’été dernier.

Depuis 2000, 66 joueurs sont sortis de Paterna. Qui seront les prochaines pépites ? Connu pour produire quantité de latéraux gauches depuis la retraite d’Amadeo Carboni, Jesús Vázquez a fait ses débuts avec l’équipe première en milieu de semaine contre Terrassa en Copa del Rey, au côté de Koba Lein Koindredi, Cristián Rivero, Guillem Molina qui effectuaient tous leurs grands débuts avec l’effectif professionnel. Avec 4 réalisations depuis le début de saison, Fran Navarro (22 ans) est le meilleur buteur du groupe III de Segunda B avec le maillot du filial. Convoqué par Albert Celades la saison dernière contre l’Ajax, Pablo Gozálbez (19 ans) est attendu à un haut niveau, dans un rôle de numéro 10 capable de marquer régulièrement. Mais pour y parvenir, au-delà du travail réalisé avec la B, il faudra aussi que les planètes soient alignés, que cela soit avec Javi Gracia ou ses successeurs. De mauvais résultats en Liga peuvent contribuer à promouvoir des canteranos. Du chaos peut naître le futur.

François Miguel Boudet

 

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