FC Barcelone – Ronald Koeman nouvelle bête noire des Blaugrana ?

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Presque cinq mois après son arrivée, Ronald Koeman semble pour le moment échouer à reconstruire la maison Blaugrana. Bartomeu n’est plus mais le FC Barcelone semble encore prisonnier de ses choix passés. Même si la Masia reprend un peu d’importance, le milieu de terrain est encore perdu, le jeu catalan aussi, mais le 4-2-3-1 du Néerlandais lui prospère pour le meilleur et pour le pire.

Il ne reste plus rien de ce qui était avant. Avec toutes les fondations effondrées, il ne reste qu’un terrain vide. Ils sont maintenant trop d’entraîneurs à avoir essayé de rendre la pelouse du FC Barcelone plus verte, sans y parvenir. Pire, la terre semble aujourd’hui infertile. Pourtant des jeunes poussent et des idées fleurissent, sans véritablement grandir à cause d’un nouveau coach peut-être trop buté.

Le 4-2-3-1, bonne …

Chaque tactique a bien sûr ses forces et ses faiblesses. Les entraîneurs doivent être suffisamment flexibles pour reconnaître quand et dans quel contexte utiliser un schéma tactique en particulier et c’est là que pour Ronald Koeman les choses se compliquent. Avoir une idée qui fonctionne c’est bien, en abuser peut au contraire générer du chaos. Pour bien comprendre d’abord les aspects positifs du 4-2-3-1 il faut revenir à quelques bases. Bien sûr, la structure elle-même est une variante à la fois du 4-4-2 et du 4-3-3. La raison de sa popularité réside principalement dans l’approche flexible qu’il propose, donnant à l’équipe un équilibre en défense et en attaque. Cette formation est plus dynamique si l’on considère la lenteur du jeu du Barça ces dernières années. Le réel impact positif de ce système pour le FC Barcelone ? Les joueurs catalans ont finalement gagné en liberté.

Les mouvements de Griezmann et Messi en sont probablement les meilleurs exemples. Sur le papier, Messi commence comme ailier droit tandis que Griezmann joue le rôle de l’avant-centre. Cependant, le rôle de l’ailier droit ou de l’avant-centre n’est pas fixé aux joueurs respectifs. Ils continuent à changer de position et de rôle à différentes étapes du jeu. Messi aime toujours s’impliquer dans le jeu et il crée de nombreuses opportunités en plongeant plus profondément et en combinant avec les milieux de terrain. Durant cette phase, Griezmann assume souvent le rôle de l’avant-centre. Cependant, lorsque Messi se déplace vers la gauche pour échanger des touches rapides avec Ansu Fati et Alba, Griezmann se glisse souvent vers la droite tandis que Coutinho opère entre les lignes.

(Photo by Pressinphoto/Icon Sport) – Camp Nou – Barcelone (Espagne)

Bénéfique pour l’attaque, avec de bons ailiers ce système peut-être efficace. Les mouvements intelligents de Fati sur l’aile gauche ont notamment revitalisé Jordi Alba et Philippe Coutinho et créé un triangle très dangereux. Points positifs également au lieu de passer le ballon d’un flanc à l’autre et d’espérer que des espaces s’ouvrent, les joueurs font des courses et créent des espaces pour leurs coéquipiers. Mais voilà. Si l’attaque, d’Ansu Fati à Pedri en passant par Ousmane Dembélé a montré de belles choses, ces changements de position aléatoires ont rendu ce système très perfectible selon l’adversaire.

… et mauvaise idée

Rigide, ce système est trop immobile face à des équipes très compactes sur le plan défensif et face à des blocs bas. Face à Getafe ou Cadiz cette saison le FC Barcelone a été confronté à de nombreux problèmes qui ont montré les limites du 4-2-3-1. Finalement, l’absence d’un véritable plan pour les attaquants est évidente, et Koeman a été critiqué dans le passé pour sa tactique parfois jugée trop naïve. Sans équilibre, sans profondeur ou véritable plan tactique, le Barça devient finalement trop faible et prévisible pour ses adversaires.

(Photo by Pressinphoto/Icon Sport) – Antoine GRIEZMANN – Camp Nou – Barcelone (Espagne)

En plus d’un jeu qui devient souvent trop axial, l’absence d’un véritable 9 est aussi problématique. Comment tirer la quintessence d’un tel système également quand la défense ressemble à une véritable pagaille. Avec Piqué plus âgé et moins mobile, Clément Lenglet, toujours aussi erratique, le couple est au bord du divorce. Tout n’est pas à mettre à la poubelle. Ce système a juste besoin d’être simplifié. Au sens propre. Il faudrait faire en sorte que les joueurs sachent très facilement quoi faire.

Messi trop isolé ?

Certains veulent en faire le parfait beau diable. Pourtant celui qui restera l’éternel sauveur se retrouve finalement parfaitement isolé. La motivation déjà bien ébranlée, Messi a l’air de ne plus avoir de repères en dehors et sur le terrain. Plus isolé que jamais du côté droit, Koeman semble vouloir que l’Argentin laisse la construction à ses coéquipiers et se concentre davantage sur son impact dans le dernier tiers et dans la surface adverse.

Sur le papier, cela devrait être une bonne chose pour Messi. La saison dernière, l’attaquant était tout pour Barcelone : non seulement le buteur et le passeur clé, mais aussi le principal meneur de jeu. Messi devait être partout sur le terrain tout en subissant les affres du temps. Par conséquent, le déployer dans un rôle plus semblable à celui d’un attaquant lui permet de concentrer ses énergies sur les décisions à prendre dans le dernier tiers.  Mais pour reprendre les mots de Dani Alves :  « Si Messi ne touche pas le ballon pendant deux minutes, il se déconnecte du match. » Complètement éteint, Messi ne s’épanouit uniquement que quand ses coéquipiers lui offrent assez de fulgurances pour qu’il puisse faire parler son génie.

Encore un coup de massue de trop pour le milieu de terrain ?

Rien ne sert de se répéter et pourtant le problème reste le même. Pourtant, si l’histoire nous a bien appris une chose, c’est que le véritable problème se situe au milieu de terrain. Car en plus de continuer à ignorer leur formidable histoire à ce poste, les Catalans oublient que le jeu se fait à ce niveau du terrain. La chanson est pourtant la même et le liant entre le milieu et l’attaque n’existe plus. L’idée du FC Barcelone et de Ronald Koeman de cumuler les profils défensifs dans ce secteur n’est sans doute pas la meilleure pour rendre la partition meilleure. À l’image du couple Busquets-De Jong, la liaison est dangereuse. Si Busquets continue d’exécuter trop de tâches, De Jong erre dans un désert banal où il n’y a aucune idée de jeu. Il joue de manière byzantine et se perd dans des détails sans importance : dans des gestes qui le trahissent.

Photo by Icon Sport – Riqui PUIG – Camp Nou – Barcelone (Espagne)

S’il n’y a pas de joueurs entre les lignes ou capables d’en briser, le manque de contrôle au milieu de terrain est flagrant et les pertes de balles trop nombreuses. C’est comme une chanson dont le refrain ne termine finalement jamais, où le rythme est faussé et inexistant. Et pourtant le double pivot pourrait peut-être apporter là aussi des notes plus joyeuses. Encore faut-il varier les profils. Alors qu’Aleña et Puig sont disponibles, le double pivot n’est pas uniquement réservé aux joueurs costauds sur le plan défensif. Pas avare quand il s’agit de fournir des efforts défensifs, Riqui Puig pourrait jouer dans cette configuration tout en apportant une touche plus créative.

Et maintenant ?

Si Koeman revenait à un 4-3-3, ce ne serait pas une petite décision. Pour les attaquants et les milieux de terrain, les responsabilités changeraient fondamentalement, et cela devrait s’accompagner d’une tout autre vision tactique, à supposer que Koeman le veuille. Le débat autour du passage à un 4-3-3 ne peut être mené sans se souvenir de son histoire compliquée ces dernières années. Le plus gros obstacle serait de savoir comment faire jouer Messi et Griezmann en même temps. Serait-il sage pour Barcelone de basculer entre les formations d’un match à l’autre ? À ce stade, cela vaut la peine d’essayer, car le 4-2-3-1 ne fonctionne maintenant officiellement pas de manière cohérente, et l’utilisation de différentes formations donnerait à plus de joueurs la possibilité de jouer.

Il est frustrant pour les amoureux du FC Barcelone que les nuits de gloire aient été changées en après-midis de cauchemar. Frustrant qu’une banale horloge ait été remplacée par un sablier, qui, loin de donner une heure précise, lance un compte à rebours qui place le Barça et Koeman dans une situation de réaction obligatoire s’ils veulent rendre le temps à nouveau productif.

Soledad Arque-Vazquez
@solearquev

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