Athletic / Gaizka Garitano, en danger mais protégé

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Gaizka Garitano, l’entraîneur de l’Athletic Club, est plus que jamais remis en question par les supporters du club basque. Comment le natif de Derio a-t-il pu passer de potentiel vainqueur de la Copa la saison dernière à coach sans idées, au point d’être honni dans la capitale de Bizkaia ?

Un déclin dès la reprise de juin 2020

Entre mars et juin dernier, beaucoup de choses ont changé. Dans le monde du football espagnol, aucune rencontre n’a pu être disputée. Seule une compétition officielle du jeu FIFA 20 a permis aux joueurs de s’affronter, virtuellement. Durant cette période marquée en Europe par le confinement, les équipes n’ont pas touché les pelouses. La Liga a finalement pu reprendre à la mi-juin, mais les dynamiques de certains clubs avaient changé. C’est le cas de l’Athletic.

Le 8 mars, les Leones connaissaient sur la pelouse du Real Valladolid leur dernière victoire face à du public. 1-4, avec un but sur coup franc d’Unai López, ça ne s’oublie pas. Les prestations ne sont plus les mêmes en juin. Si Garitano a compris que sa défense à trois centraux était un échec à ne surtout pas reconduire, son 4-2-3-1 ne vole pas plus haut. Mise à part une démonstration 3-1 contre Mallorca et une remontée sur la pelouse de Levante (1-2), les Basques manquent d’envie et cela se ressent sur le jeu. Pour leurs deux dernières rencontres, l’Athletic encaisse six buts. Une fin de saison catastrophique pour ce club alors considéré comme l’une des meilleures défenses du championnat.

En septembre, la saison 2020-21 débute avec une violente défaite 2-0 contre Granada. Le club andalou devient d’ailleurs l’ennemi à battre, puisqu’il avait infligé 4-0 aux Leones lors de la 38e journée. Deux semaines plus tard, l’Athletic tombe à domicile face au promo Cádiz et Gaizka Garitano perd le soutien de ses derniers partisans à Bilbao.

Garitano, un coach trop entêté ?

Il était parfois difficile pour certains supporters de s’en prendre à Garitano. L’ancien coach du Bilbao Athletic (l’équipe réserve, ndlr) est souvent perçu comme un sauveur. C’est lui qui, en décembre 2018, à quelques semaines de l’élection présidentielle, prend les rênes d’un club sportivement malmené par Eduardo Berizzo. Il terminera la saison en faisant miroiter l’espoir d’une qualification européenne, et cela malgré la 18e place qu’occupait l’Athletic à son arrivée. Mais plus encore, Garitano représente la possibilité de décrocher une 2e Copa del Rey. Ce match, sans cesse repoussé, devrait finalement avoir lieu le 4 avril prochain contre la Real Sociedad.

Malgré ces belles traces laissées par le natif de Derio, difficile de passer outre la situation compliquée que traverse le club. Garitano a beaucoup de mal à changer de scénario. Pour lui, une équipe-type ne peut pas être modifiée et le plan de jeu reste le même quels que soient les résultats qu’elle obtient. Redoutable la saison dernière, la position de faux 9 de Raúl García est désormais inefficace. Au milieu de terrain, Dani García n’est plus autant un taulier qu’avant et ses performances ne permettent plus de relancer le jeu vers l’avant. En début de saison, même les ailiers Ander Capa et Yuri Berchiche n’apportent plus les ouvertures qui avaient fait le succès de l’Athletic en fin d’année 2019.

Malgré ces situations bien visibles, Garitano n’évolue pas et son dispositif ne change guère. Son entêtement lui porte préjudice. En novembre dernier, il accepte de bousculer ses habitudes en donnant une réelle opportunité à l’attaquant de formation Asier Villalibre. Celui-ci ne déçoit pas et est sur tous les ballons de la victoire 4-0 contre le Betis. La désillusion ne tardera pas.

Garitano à San Mamés [Photo de IconSport]

Une stratégie peureuse en cours de match

Lorsque son équipe est en difficulté, Garitano n’opte généralement pas pour des changements tactiques. Sa stratégie consiste à revenir aux bases posées la saison dernière, sans pour autant que celles-ci soient encore d’actualité. Ainsi, lorsque l’Athletic est lourdement mené à San Mamés face au Celta remanié de Coudet, Garitano retire Villalibre. Cette décision revient à sortir l’unique pur attaquant de l’équipe afin de le remplacer par Raúl García en faux 9. Une décision qui ne permettra pas aux Leones de remonter au score. Les Galiciens s’imposent 0-2.

Garitano n’innove pas. Ses changements se font poste par poste – sauf en attaque, Villalibre étant le seul de formation –, motivés par le score ainsi que les blessures. Le dernier exemple en date remonte au 12 décembre, lorsque l’Athletic vient d’être égalisé à Mestalla à la 84e minute. Quelques secondes après ce but du 2-2, le coach basque opte pour le remplacement de son joueur le plus créatif, Iker Muniain. Contre toute attente, cette stratégie n’a pas pour but de profiter de l’énergie du jeune milieu offensif Oihan Sancet, Garitano préférant faire rentrer Unai Núñez et jouer la sécurité de sa défense à cinq. Cette décision a été perçue comme une satisfaction du score et reste en travers de la gorge des supporters basques.

Garitano était coach de l’équipe réserve [Photo de IconSport]

Le faux apport de la jeunesse

L’Athletic ne recrute toujours que des Basques, des joueurs formés dans les sept provinces. Avec une telle politique, utiliser les pépites du centre de formation est plus que nécessaire. Pourtant, quand le président Aitor Elizegi parle d’un coach qui « mise sur le rajeunissement de l’équipe » et sur la « confiance placée dans les jeunes », on peut rester dubitatif. À une exception près, aussi brève soit-elle. Le début de saison a vu l’émergence d’un ailier qui a fait ses preuves durant la présaison, Jon Morcillo. À 22 ans, celui que l’on appelle Morci a tapé dans l’œil par sa rapidité, ses compétences de centre mais surtout par son envie.

Mais avec le recrutement d’Alex Berenguer, Morcillo a retrouvé le banc et il est bien rare de le revoir. Du moins, jamais d’entrée de jeu. Seul Asier Villalibre a définitivement gagné sa place en attaque. Les jeunes que l’on voyait si souvent durant la présaison occupent désormais le banc. Exit le milieu Oier Zarraga et l’ailier Iñigo Vicente. Révélation plus ancienne, le pivot Unai Vencedor a récemment profité de quelques occasions, avant que Dani García ne récupère finalement sa place.

Larrazabal, désormais parti à Zaragoza, sur le point de rentrer [Photo de IconSport]

Les supporters de l’Athletic veulent voir de la jeunesse, des joueurs qui ont de l’envie et qui n’ont pas peur d’essayer sur le terrain. En somme, des joueurs tels que Morcillo ou Sancet. En continuant d’opter pour les mêmes visages, Garitano s’entête dans des stratégies qui ne fonctionnement que trop rarement. Son poste est plus que jamais en danger, et de nombreux dirigeants semblent l’avoir lâché. À l’exception du plus important.

Un président qui l’a à la bonne

« La direction soutient un projet dans lequel est clairement Gaizka. Nous irons avec lui à Madrid et nous affronterons le match de vendredi [contre Huesca] » affirmait lundi le président de l’Athletic. Pour Aitor Elizegi, Garitano a l’avantage de bien connaître Lezama (le centre de formation, ndlr), a fait miroiter l’espoir de rejouer en Europe et a ouvert les portes d’un potentiel futur titre. Quand on lui demande si Garitano poursuivra à la tête de l’Athletic malgré les résultats, Elizegi est clair : « Nous n’étudions pas la situation en fonction des circonstances d’un match ou d’un ultimatum ».

Un avis que ne partagent pas les médias. El Correo, qui semble avoir ses entrées à Ibaigane (le siège de l’Athletic, ndlr), affirme régulièrement que le poste de Garitano déprendra du résultat de tel ou tel match. À écouter le président, Garitano disputera les deux matchs que compte cette semaine. Pour la suite ? Difficile à dire. Les supporters espèrent plus que jamais voir le départ de celui qui a relevé l’Athletic en 2019.

Garitano passera-t-il 2021 ? [Photo de IconSport]

Il n’est pas prétentieux d’affirmer que sans Elizegi, le natif de Derio postulerait aujourd’hui à un poste dans une autre équipe. Le président devra prendre une décision dans les prochains jours. La tenue dans une dizaine de jours de l’Assemblée Générale, durant laquelle les socios doivent notamment valider le budget, pourrait influer sur les futurs événement. Garitano restera-t-il protégé longtemps ? Rien n’est moins sûr.

Jérémy Lequatre-Garat
@Euskarade

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