L’eterno derbi a souri au Real Madrid, très au-dessus collectivement d’un Atlético de Madrid sans mordant et complètement dépassé par la détermination merengue. Avec ce succès, la Casa Blanca relance le suspense en Liga tandis que les Colchoneros ont été renvoyés à leurs chères études. Voici les 3 points à retenir de ce duel fratricide.
1️⃣ Carvajal – Vázquez : diabolique côté droit
Le match contre le Borussia Mönchengladbach en milieu de semaine n’a pas été rédhibitoire pour Lucas Vázquez. S’il était couru d’avance que Dani Carvajal serait titulaire contre l’Atlético même sans avoir rejoué depuis sa blessure, les bonnes performances de l’ailier reconverti ont été récompensées par Zinedine Zidane qui l’a aligné à son poste de prédilection. Le résultat a été excellent. L’intelligence tactique de ce côté droit merengue, en plus de leurs aptitudes aussi bien en défense qu’en contre-attaque, ont annihilé les velléités colchoneras. En première période, Mario Hermoso s’est cantonné à amortir les assauts des Vikingos, et Yannick Carrasco n’a eu strictement aucun rendement, constamment pris en tenaille et sorti à la pause.
Carvajal et Vázquez sont des cadres discrets mais toujours au rendez-vous des grands matches. Le retour du latéral s’est ressenti dans tous les compartiments du jeu, y compris au tableau d’affichage avec cette demi-volée laser qui a ricoché dans le dos de Jan Oblak. Le triangle formé avec Luka Modric a étouffé les Indios qui n’ont jamais pu se trouver entre les lignes, d’autant que Casemiro a joué les chiens de garde devant ses centraux.
2️⃣ Simeone a eu tout faux
Le Real Madrid n’est pas le FC Barcelone de cette saison. Contre les Vikingos, les largesses sont absolument prohibées car eux ne pardonnent pas. Alors quand 3 changements sont opérés à la pause, c’est l’aveu évident que la composition de départ a été un échec. Diego Simeone l’a admis après le match : son plan n’était pas adéquat. Mis sur le banc, Saúl Ñíguez a assisté au sombrage d’Héctor Herrera. Positionné au côté de Koke Resurrección, le Mexicain a été tout simplement catastrophique, postérisé par Casemiro sur l’ouverture du score, essoré par le milieu merengue. Expédié en tribunes à la mi-temps en compagnie de Yannick Carrasco et Felipe, il a personnifié la faillite colchonera dans ce 3-5-2 pas encore assez rodé pour un tel partidazo. Le retour au 4-4-2 et donc aux basiques a permis aux Indios de mieux s’en sortir lors du second acte mais la finition n’a pas suivi, que cela soit Thomas Lemar alors que le score était encore de 1-0 ou Saúl à la 80e minute quand il a été mis en échec par Thibaut Courtois.
« ils nous ont été supérieurs, ça s’est vu. Nous ne pouvons pas raconter quelque chose qui ne s’est pas vu. Ont-ils été totalement supérieurs dans le jeu ? Peut-être pas. Mais oui, ils ont été plus précis et tranchants ». Diego Simeone
Le Cholo a procédé ensuite à des changements déroutants. Joao Félix, l’un des rares capables à réaliser des différences balle au pied, a été remplacé avant l’heure de jeu et n’a pas manqué d’exprimer son énervement. Luis Suárez a également esquissé un sourire narquois après avoir été inutile, l’Uruguayen étant dans l’impossibilité de courir plus de 10 mètres dans la profondeur.
Au bout du compte, c’est le 3-5-2, principale innovation cette saison, qui pourrait être remis en question. Cependant, son abandon après un match raté serait un aveu d’impuissance du Cholo. C’est au contraire à travers de tels matches que son dispositif se raffermira, avec toujours le 4-4-2, plus rassurant, comme porte de sortie. Cette défaite peut devenir la charnière de la saison 2020-2021 de l’Atlético.
3️⃣ Kroos ne connaît pas la crise
Il était le meilleur sur la pelouse contre Séville la semaine dernière, il était encore excellent contre Gladbach en Ligue des Champions, il a de nouveau été superlatif lors de cet eterno derbi. Toni Kroos était en récital contre l’Atlético. Pointe intérieure du triangle composé à gauche avec Ferland Mendy et Vinicius Jr (cantonné exclusivement aux tâches défensives samedi soir), le métronome allemand a été d’une acuité sans égale, lové dans ce milieu de terrain madridista étanche aux assauts colchoneros. « Lors de la 1re période, le numéro 8 merengue a été indétectable pour le système défensif de l’Atlético acculé par défaut qui n’a pas trouvé le moyen de l’attraper, écrit Lorenzo Calonge dans les colonnes d’El País. Au milieu des cris de quasiment tous les joueurs, des cents pas de l’infatigable Simeone, de la voix grave de Luis Suárez et des ordres de Sergio Ramos, Toni Kroos n’a pas élevé la voix; juste son football ». Avec 87 passes réussies dont 12 longue-distance, l’Allemand a survolé ce derbi dans les grandes largeurs.
François Miguel Boudet