Avec une 6e place lors de l’exercice 2017-2018 juste devant son voisin rojiblanco et un jeu alléchant qui attirait le regard des observateurs, le Betis semblait revenir durablement sur le devant de la scène. Las, le club verdiblanco est retombé dans ses travers en raison d’une erreur de casting pour remplacer Quique Setién et une irrégularité chronique. Alors pour rebâtir et redonner des frissons, le Manquepiedra a fait appel à l’Ingénieur Manuel Pellegrini.
Club instable par excellence, le Betis n’a pas failli à sa réputation. Après le départ de Quique Setién il y a 2 ans, la direction verdiblanco a fait le choix étonnant de Rubi qui sortait d’une saison excellente avec l’Espanyol mais avec un jeu diamétralement opposé à celui du Cantabre. Son mandat n’a pas duré un an et après le court intérim d’Alexis Trujillo, il était d’urgent de relancer la machine afin d’exploiter pleinement le potentiel de cette équipe. Les Béticos se sont alors tournés vers un profil plus expérimenté que les précédents en la présence de Manuel Pellegrini. Le CV du coach chilien parle pour lui, avec des passages à Villarreal, au Real Madrid et plus récemment à Manchester City. Après une expérience compliquée en Angleterre du côté de West Ham, l’Ingénieur fait son grand retour en Espagne avec un effectif qui sied parfaitement à ses idéaux footballistiques, au cœur de l’un des projets les plus intéressants d’Europe.
Une animation offensive dynamique
Le beau jeu est de retour du côté du Benito-Villamarín, du moins pour le moment… Contrairement à ses prédécesseurs, Manuel Pellegrini ne prône pas un jeu de position. Fidèle à ses inspirations sud-américaines, il souhaite tout de même avoir le contrôle de la possession mais opte pour une construction plus rapide vers l’avant faites de mouvements à répétitions et de profondeur. Défensivement, le bloc bético est positionné assez haut pour récupérer le ballon à la perte.
Fidèle à son 4-2-3-1, « El Ingeniero » offre une grande liberté et de l’autonomie à ses joueurs offensifs. Des profils comme Nabil Fekir ou Sergio Canales peuvent être alignés sur un côté, mais ils n’hésitent pas à rentrer dans l’axe ou encore à venir apporter la supériorité au milieu de terrain. Cette liberté crée énormément de mouvements sur le front de l’attaque et provoque le déséquilibre.
Une bonne animation offensive facilitée par l’apport des latéraux, notamment d’Álex Moreno qui retrouve des sensations cette saison. L’arrivée d’un concurrent direct, en la présence de Juan Miranda, n’est certainement pas étrangère à ce regain de forme. Avec les espaces laissés dans leur dos par les trequartistas, Emerson et Moreno n’hésitent pas à venir s’y engouffrer et à se projeter loin de leur but. Ce sont eux qui apportent cette profondeur à l’équipe, ainsi que Cristian Tello lorsqu’il est aligné sur le côté gauche. Manuel Pellegrini a réussi à dynamiser le secteur offensif d’une équipe trop prévisible l’an passé.
Des joueurs transcendés
Pour le moment, l’une des plus grandes réussites du nouvel entraîneur est sa capacité à exploiter à 100% le potentiel de ses joueurs. On pourrait évoquer le cas de Cristian Tello, totalement relancé, auteur de 4 buts en Liga et qui apporte beaucoup de déséquilibre sur son côté gauche. Mais l’ancien Blaugrana n’est pas le seul. Antonio Sanabria, qui n’avait jamais réellement convaincu en Andalousie, est l’une des bonnes surprises de ce début de saison. De retour de son prêt au Genoa, le Paraguayen peut s’appuyer sur la confiance de Pellegrini. Titulaire lors des deux derniers matchs et auteur de l’ouverture du score le week-end passé face à Elche, il se distingue de la concurrence (Borja Iglesias et Loren Morón) qui n’apporte pas grande satisfaction.
Mais l’un des joueurs à retenir dans ce début de saison côté verdiblanco, c’est Guido Rodríguez. L’international argentin, arrivé en janvier dernier en provenance du Club América, épate de nouveau les observateurs. Au cœur d’un double pivot avec William Carvalho ou Sergio Canales qui était redescendu d’un cran face à Elche, il est la tour de contrôle au milieu. Cela permet au Betis de passer en 4-3-3 lors des phases offensives, avec le deuxième homme de ce double pivot qui peut se projeter plus haut.
On pourrait également évoquer Claudio Bravo. Le Chilien est de retour en Espagne après un passage mitigé à Manchester City. À 37 ans, il a encore de beaux restes et s’inscrit comme un gardien idéal pour relancer depuis derrière, chose dont n’est pas capable Joel Robles, certainement l’un des gardiens les plus faibles de Liga. Il est capable de casser des lignes, que ce soit au sol ou sur du jeu plus long, avec des qualités de pieds déjà observées à Anoeta et au Camp Nou.

Ça bloque contre les grosses équipes
Ce qui distinguait l’équipe de Quique Setién en 2018, c’était sa faculté à poser de gros problèmes aux cadors espagnols. Il avait battu tout le podium : Barça, Real Madrid, Atlético de Madrid. Cette saison, si les Verdiblancos sont séduisants dans le jeu et semblent monter en puissance au fil des rencontres, cela ne suffit pas encore pour s’imposer face aux concurrents de haut de tableau. Des défaites contre le Real Madrid, la Real Sociedad, Getafe et plus récemment sur le terrain de l’Atlético de Madrid. Si les scores ont été sans appels face à Getafe et la Real (3-0), ils se sont montrés plus intéressants lorsqu’il s’agissait d’affronter les deux clubs madrilènes. Un penalty en toute fin de rencontre a scellé le sort du Betis qui a pourtant mené 2-1 face aux Merengues (score final 3-2). Au Wanda Metropolitano, leur très bonne première mi-temps n’a pas été récompensée par un but, ce qui leur a été fatal lorsque les Colchoneros ont haussé le ton après la pause.
Ce samedi (16h15), c’est une nouvelle occasion pour les Béticos de s’imposer face à un rival théoriquement plus fort sur le papier car, pour l’heure, le Barça de Ronald Koeman demeure intermittent. Malgré un effectif sensiblement similaire à celui des années précédentes, Manuel Pellegrini insuffle une énergie positive à son groupe. Après un bon début de saison sur le plan comptable et footballistique, le plus dur pour commence pour les Verdiblancos qui doivent confirmer les nombreux espoirs placés en eux. Comme un éternel recommencement.
Fabien Chevallier
@fabchevallier