Le Barça et le Real Madrid s’étaient inclinés lors de la précédente journée de Liga et ce Clásico revêtait une importance particulière dans une période complexe pour les deux rivaux. Au Camp Nou, c’est la Casa Blanca qui a gagné et a replongé les Blaugranas dans leurs doutes collectifs. Si les hommes de Ronald Koeman ont eu quelques bonnes séquences, le manque de réalisme et l’emprise du milieu merengue sur la durée ont eu raison des Culés. Voici en 3 points les enseignements à tirer de ce Clásico côté catalan.
1️⃣ Ansu Fati, encore et toujours
Commençons par une des (rares) satisfactions barcelonaises. C’est la première fois que Ronald Koeman positionne Ansu Fati dans un rôle de numéro 9 dès le coup d’envoi. Malgré ce changement de rôle d’un match à l’autre (Fati était ailier contre Ferencvaros), le crack blaugrana a une nouvelle fois brillé. Dès la 8e minute et en réponse à l’ouverture du score madridista, c’est lui qui a su faire un appel lancé dans la surface comme un pur attaquant de pointe pour couper le centre de Jordi Alba. A cette occasion, il est devenu, à 17 ans et 359 jours, le plus jeune buteur de l’histoire des Clásicos depuis 1947 et Alfonso Navarro (ça s’est joué à 3 jours près !). Historique.
Le constat surprenant et intéressant à faire avec Ansu Fati, c’est qu’il parvient à briller à des postes différents à un si jeune âge. Le « Kaimán », pour reprendre le surnom de Sport, a fait son match consciencieusement : 31 ballons touchés et 18 passes. C’est sans doute moins que lorsqu’il évolue dansun couloir, mais l’Espagnol surfe encore et toujours sur des bonnes performances, même en cas de défaite. Auteur d’une multitude d’appels dans la profondeur plein axe, ses coéquipiers ne l’ont pas toujours servi. Malgré cela, Fati s’est montré très disponible et s’est même permis de décrocher un petit peu pour distribuer des ballons sur quelques séquences. En bref, Ansu Fati s’est débrouillé pour figurer parmi les meilleurs joueurs de son équipe tout en s’adaptant à un poste qu’il n’avait plus connu depuis ses débuts en professionnel. Il continue d’impressionner.
2️⃣ Une ligne défensive trop hétérogène
La charnière centrale composée de Gérard Piqué et de Clément Lenglet gardera un assez mauvais souvenir de la rencontre. Lors de ce match, le FC Barcelone défendait haut sur le terrain. Dès lors que le Real Madrid parvenait à trouver des joueurs entre les milieux et les défenseurs cblaugranas, le Barça devait défendre en reculant. Problème ? Piqué et Lenglet ont du mal à défendre l’espace situé dans leurs dos et les attaques madridistas sont souvent dangereuses. Le but rapidement encaissé suit bien cette logique. La défense centrale barcelonaise concède beaucoup d’espace derrière elle et l’appel en profondeur de Fede Valverde a porté ses fruits d’entrée de jeu. A noter également que sur cette même action, Piqué se jette et s’avance sur le porteur de balle (Karim Benzema), laissant le champ libre dans son dos au milieu uruguayen du Real Madrid. Ce duo en défense commence à être trop irrégulier, que ce soit en concédant des erreurs de placement, des cartons rouges et des penalties, comme sur la faute évitable de Clément Lenglet sur Sergio Ramos, permettant capitaine merengue de faire basculer le Clásico dans le camp merengue.
En revanche, si la charnière centrale a été en grande difficulté, les latéraux ont rassuré. Jordi Alba qui, comme à son habitude, a reçu une merveille de longue passe lobée de Lionel Messi, a transformé ce ballon en passe décisive pour Ansu Fati. Un match plutôt abouti pour le latéral espagnol qui faisait son retour dans le groupe catalan. Son pendant à droite, Sergiño Dest, a connu son 1er Clásico et il fait indéniablement de lui un des 3 meilleurs joueurs de son équipe. C’est dire. Sa 1re titularisation comme latéral latéral droit au Barça a été une réussite. Défensivement impérial, il a laissé très peu d’espace à Vinicius Jr pour déborder et profiter de sa vitesse. Dest a su contenir son vis-à-vis, en laissant transparaître une certaine sérénité dans ses déplacements avec ballon. Techniquement intéressant sur les phases offensives de son équipe, le jeune Américain a obtenu le taux de passes réussies le plus élevé parmi ses compères en défense (93%). Ses 6 dribbles réussis lui ont permis de trouver bon nombre de combinaisons. L’ancien de l’Ajax a fait forte impression.
3️⃣ Un sacrifice tactique lié aux changements
Les changements en cours de match de Ronald Koeman font souvent parler et ceux survenus lors du Clásico n’y dérogent pas. Les premiers changements ont eu lieu à 10 minutes du terme de la rencontre. Une décision trop tardive lorsque le FC Barcelone était mené 2-1 et ne trouvait pas de solutions pour revenir au score.
Le Néerlandais a fait all-in en attaque en faisant entrer Antoine Griezmann, Trincao, Ousmane Dembélé et Martin Braithwaite. Comme on pouvait s’y attendre, le fait d’entasser autant d’attaquants peut difficilement fonctionner. Lionel Messi et Philippe Coutinho ont donc été obligés d’occuper des positions plus basses, prenant la forme de deux faux milieux relayeurs. En voulant trop miser sur l’attaque, Ronald Koeman a ainsi sacrifié la construction de son équipe au milieu de terrain. En d’autres termes, ce passage en 3-3-4 très déséquilibré a plus mis en difficulté le collectif qu’autre chose. La création au milieu a été indirectement supprimée : la ligne de 3 défenseurs n’avait que Frenkie de Jong devant elle, les 6 offensifs ne pouvaient plus recevoir de ballons en raison d’un espace trop grand sur le terrain entre les joueurs du Barça.
Cette incohérence tactique était telle, que chaque supporter du FC Barcelone a plus ou moins compris que le match était quasiment perdu à 10 minutes de la fin, Luka Modric ne faisant que traduire l’inéluctable dans les dernières secondes. Pour son premier Clásico sur le banc, Ronald Koeman a fait des changements trop tardifs mais, au vu du mauvais apport des entrants, on comprend peut-être pourquoi.
Dorian Faucherand (@DorianFchrd).