📝 Analyse / Les 3️⃣ enseignements d’Espagne 🇪🇸 – 🇨🇭 Suisse (1-0)

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L’Espagne a assuré l’essentiel samedi soir en battant la Suisse sur la plus petite des marges (1-0). A la moitié de la phase de groupe de la Ligue des Nations, la Roja est donc en tête avec 7 points, ce qui était loin d’être assuré au mois de septembre. Toujours à la recherche de son organisation offensive, Luis Enrique a effectué de nouveaux essais et le plus complexe arrive pour le sélectionneur. Voici les 3 enseignements de la victoire de la Selección contre la Nati. 

1️⃣ L’efficacité du pressing

Le seul but du match est venu d’un cadeau de la défense suisse mais c’est une erreur provoqué par le pressing très haut de la Roja en début de match. C’est la marque de fabrique de la Selección de Luis Enrique qui profite de la vitesse de ses joueurs pour harceler les premiers relanceurs.

Cela a aussi ses désavantages puisque le bloc espagnol est également très haut et peu à l’aise avec l’idée de défendre avec beaucoup de profondeur pour l’adversaire. Mais pour l’heure, le 4-3-3 et ses modulations tiennent et offrent de la stabilité au sélectionneur. Ce n’est pas toujours flamboyant mais ça a le mérite de l’efficacité tout en fatiguant les adversaires. La Nati a eu toutes les peines à développer un jeu construit et ne s’est procurée qu’une seule véritable occasion en 90 minutes.

Titularisé en pointe, Mikel Oyarzabal n’a pas tremblé pour convertir la récupération de Mikel Merino, son acolyte de la Real Sociedad. Le capitaine txuri-urdin aurait pu inscrire un voire deux buts supplémentaires mais la réussite l’a fui. Et si c’était lui l’attaquant de pointe titulaire que se cherchait la Roja ? En tous cas, dès le coup de sifflet final, la presse espagnole a placé le joueur de 23 ans bien en évidence dans les satisfactions de ce match.

2️⃣ La défense, valeur refuge

Hormis sur une tentative de Loris Bentio à la 11e minute, bien sortie par De Gea, la Roja n’a pas été mise en danger. Luis Enrique a trouvé son équilibre défensif et il sera très difficile pour la concurrence de le remettre en question, y compris pour Dani Carvajal. Les absents ont toujours tort et s’il est évident que le Merengue reste une référence, la confiance acquise par l’éternel Jesús Navas peut faire de lui un titulaire en puissance. Même si son jeu au pied laisse à désirer face à un pressing haut, De Gea n’a pas de rival à sa hauteur, ce qui ne signifie pas qu’il soit au sommet de sa forme, mais plutôt qu’il s’agit d’une victoire à la Pyrrhus face à un Kepa Arrizabalaga en rade à Chelsea.

La défense Jesús Navas-Sergio Ramos-Pau Torres-José Gayà a une nouvelle fois démontré sa vigueur et les automatismes se développent, ce qui n’était pas gagné d’avance avec le capitaine contraint à l’exil côté droit pour faire la place au crack de Villarreal. Quand il y a des points en jeu, Luis Enrique ne tergiverse pas longtemps et relègue Diego Llorente et Eric García au rang de remplaçant, même après le 0-0 encourageant au Portugal. La charnière n’a enregistré qu’une seule faute, de Ramos, à plus de 45 mètres des cages de De Gea. Sur les 10 fautes commises en 90 minutes, seulement 2 ont été sifflées dans le camp espagnol (la 2nde est de Busquets, également au-delà des 45 mètres). Cette propreté défensive est éloquente.

3️⃣ Une animation offensive trop approximative

Contrairement à ce qui avait été annoncé par la presse madrilène, Dani Ceballos et Rodrigo Moreno n’ont pas débuté le match. Ils ne sont même pas entrés par la suite. Au coup d’envoi, c’est Dani Olmo qui accompagnait Sergio Busquets et Mikel Merino au milieu et Mikel Oyarzabal qui prenait la place d’attaquant de pointe. En d’autres termes, la Roja a débuté avec 4 ailiers de formation. Cela s’est vu. Le capitaine de la Real Sociedad, placé dans l’axe, n’a touché que 4 ballons (dont 2 aux 18 mètres) dans la surface en 73 minutes (2 tirs : 1 but, 1 frappe poteau sortant). Quant à Gerard Moreno qui disputé les 20 dernières minutes, il n’a eu qu’un seul ballon à jouer dans la surface, aux 18 mètres (1 tir). Si la Roja a frappé 12 fois contre la Nati, ce manque de connexion dans la surface demeure très ennuyeux car il est récurrent.

Seul Merino a apporté une véritable plus-value au jeu espagnol en recherchant la verticalité. Bien serrés par la défense helvétique, Ansu Fati et Ferran Torres n’ont guère eu d’influence. Entré en 2e période, Adama Traoré a eu guère plus de réussite, hormis sur son slalom spécial dès ses premiers instants sur la pelouse, une des rares fois où il a privilégié l’intérieur plus que le débordement. Étant donné que c’est la hype du moment (Fati est déjà critiqué, il n’a pas fallu attendre longtemps), le joueur de Wolverhampton peut s’en sortir avec des accélérations quoique suivies d’un choix douteux. Le sélectionneur a privé volontairement les supporters d’une combinaison Fati-Adama que tout le monde espérait et attendait.

Dani Olmo a été beaucoup moins en verve dans un position plus reculée et axiale (pointe haute du 4-3-3, autrement dit 4-2-3-1) que contre le Portugal. Sa position préférentielle reste sur un côté, sa heatmap en atteste : le joueur du RB Leipzig n’a eu guère d’influence, avec une tendance à s’orienter côté droit. Il a également perdu 6 ballons, un record sur le match.

Heatmap de Dani Olmo : 51 ballons touchés en 57 minutes (WhoScored)

Le grand vainqueur de la soirée est donc Merino qui a toutes les chances de s’insérer au milieu avec Busquets qui n’a pas besoin de courir (le peut-il encore ?) pour faire vivre le ballon (98 ballons touchés, au calme) et de Thiago Alcantara qui, sauf nouveau contretemps, sera de retour lors de la trêve internationale de novembre.

Mikel Merino : 84 ballons touchés en 90 minutes (WhoScored)

Ligne par ligne, Luis Enrique détache son équipe-type mais ses joueurs offensifs n’ont toujours pas acquis des repères pour ne pas se marcher sur les pieds. Le sélectionneur a encore un match et la fenêtre de novembre pour trouver son attaque modèle. Il ne pourra tenter des combinaisons sans cesse. Le temps presse car, jusqu’à présent, aucun attaquant ne s’est clairement détaché du lot pour affronter une compétition comme l’Euro.

François Miguel Boudet
@fmboudet

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