📝Analyse / Les 3️⃣ enseignements de Portugal – Espagne (0-0)

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Avec une Roja fortement remaniée, Luis Enrique est reparti de Lisbonne avec de nouvelles certitudes sur ce qu’il veut appliquer lors du prochain Euro. Malgré un match nul sans but, la Selección a proposé de la vitesse et de la verticalité, principalement en première période. Dani Olmo et Adama Traoré ont fait sensation. Voici notre analyse en 3 points de ce Portugal-Espagne. 

Luis Enrique avait annoncé un XI remanié pour affronter le Portugal et il a tenu parole avec 9 titulaires sur 11 avec moins de 10 sélections. Une composition de départ très « anglaise » avec 6 joueurs de Premier League (Kepa Arrizabalaga, Eric García, Diego Llorente, Sergio Reguilón, Dani Ceballos et Rodrigo Moreno). Le sélectionneur a lancé une nouvelle charnière en mettant Sergio Ramos au repos pendant 80 minutes, titularisé Sergi Roberto, arrivé de dernière minute après la blessure de Dani Carvajal, à la place de Jesús Navas et privilégié Sergio Canales et Dani Ceballos à Mikel Merino.

1️⃣ Recherche immédiate de la verticalité

Pendant les entraînements à Las Rozas, Luis Enrique a insisté sur l’importance des triangles. Il s’était d’ailleurs plaint du manque d’implication de ses joueurs, sous les caméras de télévision. Son équipe a retenu la leçon. L’objectif de la Roja était de combiner pour trouver de la verticalité très rapidement et se mettre en position de tir. Avec un pressing très haut, l’Espagne a beaucoup gêné le Portugal et a récupéré des ballons dans le camp des Quinas.

Cette volonté de trouver la profondeur s’est également manifesté par le positionnement de Sergio Canales, reculé pour mieux organiser (ce qui ne l’a pas empêché d’animer plus haut), ainsi que par l’activité de Dani Olmo sur le côté gauche. Très en vue, l’ailier du RB Leipzig a amené de la percussion pour centrer et frapper. C’est principalement la connexion Canales-Olmo qui a animé le jeu de la Selección et qui a le mieux perforé le bloc portugais. En alliant la possession à la verticalité, la Roja n’a rien laissé ou presque aux Quinas en première période. Le dernier quart d’heure du 1er acte a été moins soutenu mais globalement le contenu, avec une équipe composite, a été très encourageant.

2️⃣ Adama Traoré, débuts en flamme

Entré à la 62e minute, Adama Traoré est enfin international avec la Selección ! Davantage que tout le contenu collectif de la Roja, c’est bien lui dont toute l’Espagne parle aujourd’hui. Supersonique, débordant Nélson Semedo, son nouveau coéquipier à Wolverhampton, le Golgoth de L’Hospitalet (intéressant de le voir plus souvent qualifié de joueur de foot US, d’haltérophile, de cyclone que de joueur de football) a ensuite adressé un caviar à Dani Olmo, de nouveau mis en échec par Rui Patricio. Après Ansu Fati lors de la dernière trêve internationale, l’Espagne s’est trouvé une nouvelle coqueluche pour animer un côté. De quoi conforter le 4-3-3 de Luis Enrique qui dispose de joueurs en adéquation avec sa philosophie de jeu.

« Adama a été Adama à l’état pur. Il a montré ce qu’il est et que nous voulons qu’il soit, avec une énorme capacité pour surmonter les adversaires. Nous avons changé pour générer plus de situations de passes pour lui. C’est un spécialiste du un contre un, peu importe qui il a en face, un, deux ou trois adversaires, il se capable de centrer et de générer de la supériorité »
Luis Enrique, en conférence de presse d’après-match

3️⃣ Toujours pas de 9 incontournable

C’est un problème récurrent et il est couru d’avance que cette trêve internationale ne le résoudra pas. La Roja n’a aucun profil d’attaquant de surface pur. C’est pourtant ce qu’il aurait fallu à l’équipe de Luis Enrique pour marquer la différence d’état d’esprit avec le Portugal. « Il manque un Cristiano Ronaldo à cette équipe » a écrit Marca. Il est certain qu’avec un profil de tueur, cela faciliterait le travail de la Selección. Mais même sans aller aussi haut en termes de rendement et de leadership, l’Espagne souffre de l’absence d’un authentique 9. Gerard Moreno et Rodrigo Moreno sont davantage dans la combinaison et ne sont pas assez létaux, ce qui peut s’expliquer par leur activité incessante.

Absents de la convocation, Álvaro Morata et Diego Costa auraient ce profil mais ils n’ont tout simplement pas le niveau pour intégrer cette équipe. Alors, à moins de l’explosion d’un 9 cette saison, la Roja devra apprendre à moins pardonner et à frapper pour faire véritablement mal. Vu les séquences réalisés à Lisbonne, l’apprentissage est cours et c’est plutôt encourageant avant de poursuivre le parcours en Ligue des Nations contre la Suisse et l’Ukraine.

François Miguel Boudet
@fmboudet

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