Malmené par de tenaces Palanganas, le FC Barcelone a perdu ses premiers points en Liga. Face au révélateur que représentait cette intelligente et talentueuse équipe de Séville, les Catalans ont souffert. Ce match a mis en lumière les axes de travail sur lesquels Ronald Koeman doit encore travailler, en même temps qu’il relancera le débat de ses choix sportifs. En face, les hommes de Julen Lopetegui repartent du Camp Nou peut-être un rien frustrés, mais remplis de certitudes.
1️⃣ À droite rien ne va plus
Le déséquilibre des forces entrevu lors des 2 premières journées s’est encore constaté côté blaugrana. Le duo Antoine Griezmann-Sergi Roberto n’apporte absolument rien sur l’animation du flan droit. Pas une nouveauté certes. Les montées de Sergi Roberto ont été rarissimes et non constructives puisqu’il n’a trouvé aucun relais, en plus d’être incapable de déborder. A cet égard, l’entrée de Sergiño Dest en lieu est place de Jordi Alba laisse entrevoir une possible redistribution des cartes à ce poste de latéral droit. Le jeune Américain a en effet montré beaucoup de caractère et d’envie dans la projection offensive pour ses premiers pas.
Quant à Grizou, sa situation commence sérieusement à devenir problématique. Entre sa transparence dans l’élaboration du jeu et son incapacité à jouer dos au but en raison d’une condition athlétique précaire, l’ex-buteur de l’Atlético n’a en outre plus de capacité d’accélération. Prenez le tout et mixez-le au cœur d’une confiance élimée : vous obtenez le néant. Et pourtant, les choses auraient pu tourner dans le bon sens à plusieurs reprises pour l’attaquant français qui notamment a gâché une offrande d’Ansu Fati suite à un relais intelligent de Sergio Busquets… avant de pousser sa balle trop loin alors qu’il s’apprêtait à défier Yassine Bounou. Rien n’y a fait et se dégage inexorablement cette gênante impression que le champion du monde fuit le jeu et toute prise de risque quand son rôle dans ce système sans attaquant de pointe devrait lui conférer un devoir de percussion et de verticalité. En comparaison, même s’il n’a ce soir pas tout réussi, le comportement d’Ansu Fati de l’autre côté est tout aussi éloquent que l’ont été les entrées de Trincao et Pedri. Une volonté de jouer dans le sens du jeu, de provoquer constamment et de varier les appels transpire des concurrents du Français. Déjà critiqué lors des journées précédentes, le côté droit blaugrana devrait subir encore la foudre des socios, surtout quand on voit la différence avec le binôme Jesús Navas-Suso. C’est bien simple, le capitaine nervionense, malgré ses 34 ans, a été exemplaire aussi bien sur le plan défensif (nonobstant son malheureux geste sur le but de Philippe Coutinho) que dans ses montées toujours effectuées à bon escient et apportant le danger. Quant à Suso, il est bien rare que le natif de Cádiz se trompe dans ses choix. Toujours dans le sens du jeu, il a touché beaucoup plus de ballons qu’Antoine Griezmann (48 contre 21 pour un temps de jeu similaire) et a été bien plus tranchant.
2️⃣ Un Barça mis en difficulté tactiquement
Le Séville FC représentait le premier gros test pour ce Barca version Ronaldo Koeman. Et pour cause : l’équipe de Julen Lopetegui est une valeur sûre au niveau national comme à l’échelle européenne. L’effectif a très peu évolué (seul Éver Banega a quitté le club), la cohésion et les automatismes sont implémentés de longue date quand Barcelone entame sa reconstruction. Cela s’est vu. Empêtrés dans un milieu de terrain où Fernando et Joan Jordán qui ont fait preuve de talent et d’autorité, écartelés par les changements d’ailes dans lesquels se sont engouffrés avec délectation Lucas Ocampos et Suso (toujours accompagnés de Marcos Acuña et Jesús Navas), impuissants face à une défense solidement regroupée autour de l’impressionnante charnière formée par Jules Koundé et Diego Carlos, les partenaires de Lionel Messi, discret ce dimanche, ont trouvé un adversaire de haut niveau sur leur route.
Tout ne sera donc pas à jeter au sortir d’un match qui laissera tout de même planer des doutes acérés. Oui le FC Barcelone a souffert, n’a pas réussi à s’octroyer la sacro-sainte possession du ballon et a partagé sa mainmise sur le jeu avec son adversaire. Mais avec du recul, quelques éléments de satisfaction peuvent néanmoins ressortir de la prestation compliquée des Culés. S’ils ont souvent souffert pour trouver des solutions offensives, ils n’ont que rarement été mis en danger également. La prestation de la charnière centrale formée par Gerard Pique et un Ronald Araujo en grand progrès n’y est pas étrangère. Au milieu, Philippe Coutinho a de nouveau proposé une prestation intéressante, combinant sur le côté gauche avec Ansu Fati et Jordi Alba mais brillant aussi par l’intelligence de ses déplacements, toujours complémentaires à ceux de Leo Messi. L’éclosion progressive des solutions qui, aujourd’hui, émanent du banc, devraient également apporter un vivier d’armes permettant à l’équipe de trouver un réservoir de possibilités plus varié. On aurait aimé effectivement voir Pedri, Trincao et Dest plus tôt, comme on peut se demander si le dynamisme de Riqui Puig n’aurait pas été bénéfique au milieu plutôt qu’un Miralem Pjanic propre mais peu incisif.
3️⃣ Rien de neuf pour l’instant
Alors que le mercato touche à sa fin, aucun avant-centre ne viendra remplacer Luis Suárez. Ronald Koeman a affirmé que son équipe pouvait jouer ainsi et que des solutions alternatives existent. Cependant, la problématique semble plus tenace et ce match contre Séville en est un parfait révélateur. C’est typiquement le genre de rencontre que le Pistolero aurait pu débloquer. Pour que cela fonctionne face à un adversaire de ce calibre, le jeu nécessite du mouvement perpétuel, des appels variés, de l’intelligence dans le jeu sans ballon, des dépassements de fonction. Il faut trouver de la verticalité différemment, créer des espaces qu’aucun appui ne favorise. En somme, cela nécessite des automatismes affutés, des prises de décisions optimales de l’ensemble des joueurs qui participent à l’animation du jeu.
Évidemment, il est encore trop tôt pour attendre une copie parfaite des Catalans à ce niveau-là. Ainsi, l’absence d’un réel attaquant de pointe se fera ressentir, c’est inéluctable. Gageons que la mise en place d’automatismes plus travaillés l’effacera progressivement. En attendant, un pur 9 ça peut servir. Ça peut par exemple vous envoyer une mine en pleine lucarne au sortir d’un gros cafouillage et vous permettre de prendre un bon point au Camp Nou.
Pierre
@vz_pierre