Segunda / L’Espanyol, une saison pour effacer la honte

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Après une saison catastrophique, l’Espanyol est descendu en Segunda, 26 années après son dernier passage dans l’antichambre de l’élite. Avec une ossature quasi inchangée, les Pericos ne veulent pas rester englués et ont engagé Vicente Moreno, auteur de deux montées consécutives avec Mallorca, pour remonter sans attendre. Une façon de se faire pardonner après la honte. 

A priori, recruter l’entraîneur d’une équipe qui est descendue de Liga est une idée un peu spéciale pour envisager une remontée immédiate après une saison catastrophique achevée piteusement à la 20e place. Mais Vicente Moreno a un CV éloquent dans les catégories inférieures. Avec Mallorca, il a réalisé un doublé comme diraient les braqueurs : deux promotions dans la foulée, de la Segunda B à la Primera. En matière de monument en péril, le Valencien a donc de l’expérience. Il a aussi des principes de jeu à même de plaire à l’Espanyol, sevré depuis plusieurs saisons de beau jeu, y compris avec Rubi qui avait qualifié les Pericos pour la Ligue Europa en 2019 avant de devenir une erreur de casting au Betis.

Même ossature, nouvelle ambition collective

A l’image de Leganés, descendu dans des circonstances autrement plus épiques, l’Espanyol a conservé l’essentiel de son équipe. Arrivé en 2006 en provenance du Betis B, le capitaine Javi López (34 ans) a résilié son contrat. Mais hormis ce départ, les Pericos n’ont pas changé. En réalité, le mercato de Francisco Rufete, éphémère coach en fin de saison dernière redevenu directeur sportif de plein exercice, est pour l’heure rempli de promesses : Miguelón est arrivé en prêt en provenance de Villarreal, Fran Mérida a quitté Osasuna pour Cornellà et Javi Puado est revenu d’un prêt concluant à Zaragoza (5 buts, 4 passes décisives en 21 matches).

Mais le principal tour de force de Rufete est d’avoir jusqu’à présent conservé une équipe digne de la Liga, même si celle-ci a sombré la saison dernière. En conférence de presse le 6 septembre dernier, Vicente Moreno constatait que les automatismes étaient déjà bien développés : « J’ai essayé de connaître les joueurs et de les associer. L’adaptation des nouveaux a été très simple grâce à leurs coéquipiers (…). Les joueurs m’ont facilité la tâche. J’ai la sensation de travailler avec eux depuis longtemps et tout ça facilite le travail de l’entraîneur ». 

Même si le championnat est très long, l’Espanyol dispose donc d’un temps d’avance en matière de collectif. Mais si les Pericos font clairement partie des favoris, Vicente Moreno ne verse pas dans l’euphorie : « nous devons tous avoir l’humilité suffisante pour savoir que nous sommes en Segunda, avec beaucoup d’exigence et la volonté d’atteindre un haut niveau. Ça coûte à toutes les équipes qui changent de division de s’adapter. C’est une question de commencer, de gagner et de renforcer tout ce que nous voulons transmettre ».

Embarba, un meneur de jeu très courtisé en Liga

Un message qui a porté ses fruits puisque l’Espanyol n’a fait qu’une bouchée d’Albacete lors de la 1re journée (3-0) Miguelón et Fran Mérida ont réalisé de bons débuts et l’entrée de Javi Puado a été percutante. Mais c’est surtout la prestation d’Adrián Embarba qui a focalisé l’attention. Arrivé la saison dernière en provenance du Rayo Vallecano, le milieu de terrain a la cote en Liga : le Betis, Granada, Éibar et plus récemment le Celta ont approché l’Espanyol. Il semble que le projet sportif soit prépondérant pour lui puisque, selon Marca, il aurait repoussé une proposition venue de Russie, très avantageuse financièrement.

Auteur du 3e but, sur penalty, contre Albacete, le Madrilène avait confié ses bonnes sensations avant la 1re journée : « nous avons démontré pendant les matches de préparation que nous avons une équipe de grande qualité et nous avons réalisé un bon travail pendant cette pré-saison un peu spéciale. Je crois que je m’améliore de semaine en semaine ». Le niveau de jeu affiché devrait aiguiser les convoitises lors des deux prochaines semaines et Rufete n’est pas encore certain de pouvoir retenir le joueur, à l’image d’autres de ses coéquipiers comme Adrià Pedrosa, Sergi Darder, Óscar Melendo, Marc Roca ou Raúl De Tomás.

Avec un entraîneur expérimenté et un effectif qui pourra survivre même en cas de départs, l’Espanyol veut utiliser cette saison au purgatoire pour changer de paradigme. Proposer du jeu et le valider par les résultats : Vicente Moreno y est déjà parvenu avec Mallorca. Les Pericos sont en mission reconquête de leur afición et cela passe par une opération séduction. La 1re journée a montré que le club avait pris la mesure du défi.

François Miguel Boudet
(@fmboudet)

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