A un coup de sifflet dans la surface près contre le Real Madrid, Leganés aurait pu sauver sa peau en Liga au bout du temps additionnel de la 38e journée. Les Pepineros sont donc descendus en Segunda et font figure de favoris à la montée. Mais dans un championnat homogène, indécis et foutraque, la route est aussi longue qu’accidentée. Avec un nouveau coach, quelques jolis coups sur le mercato et une ossature pour le moment inchangée, le Lega se donne les moyens de ses ambitions.
Perdre coup sur coup ses buteurs Youssef En-Nesyri et Martin Braithwaite n’a pas aidé Leganés à se maintenir en Liga. En revanche, ce sont peut-être ces transferts rémunérateurs qui lui permettront de ne passer qu’une saison au purgatoire. Ce samedi, le club de la banlieue sud de Madrid débute sa saison contre l’UD Las Palmas, autre candidate à la montée mais engluée depuis 2 ans dans la categoría de plata. S’il reste encore 3 semaines de mercato et que rien n’est encore figé, le Lega paraît particulièrement bien armé pour jouer les premiers rôles.
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Nouveau coach pour une nouvelle mentalité
La présidente María Victoria Pavón a dû faire son deuil de Javier Aguirre qui a bien failli maintenir Leganés sur le fil. « El Vasco » parti, c’est José Luis Martí, ancien coach de Tenerife, du Depor et de Girona qui s’est installé sur le banc début août. Une demi-surprise car Andoni Iraola, auteur d’une très belle saison à Mirandés, était attendu dans un premier temps du côté de Butarque. Mercredi, au micro de Radio Marca, le nouveau Míster pepinero a estimé que « les sensations sont bonnes et nous avons hâte de pouvoir nous battre à notre meilleur niveau, sachant que nous proposerons notre meilleure version dans quelques matches ». Lors de la pré-saison, son équipe a battu Éibar (3-1) et le promu Cartagena (1-0) mais a perdu contre le Rayo Vallecano dirigé par… Iraola (1-0).
Lors de sa présentation à la presse, Martí n’a pas caché ses ambitions car, pour lui aussi, cette saison peut devenir un tournant dans sa carrière de coach.
« nous chercherons à être une équipe compétitive et unie, où tout le monde travaille pour atteindre les objectifs. Nous voulons une équipe protagoniste mais surtout qui soit capable de s’adapter aux circonstances »
En somme, une équipe caméléon mais qui essaiera de réaliser en Segunda ce qu’elle n’a jamais fait en Liga, que cela soit avec Asier Garitano, Mauricio Pellegrino ou Javier Aguirre : jouer la possession et plus uniquement le contre.
Une ossature inchangée… pour le moment
D’ici le 5 octobre, l’effectif pepinero pourrait évoluer. Mais au coup d’envoi de cette saison, l’ossature est restée la même. Óscar Rodríguez et Bryan Gil, tous deux prêtés, sont à Séville, et Recio a mis le cap sur Éibar. En revanche, Pichu Cuéllar, Unai Bustinza, Dimtrios Siovas, Jonathan Silva, Kenneth Omeruo, Rosales, Rodrigo Tarín, Javier Eraso et Rubén Pérez sont toujours là. Si le club parvient à les conserver, alors les Pepineros disposeront d’un effectif digne d’une équipe de Liga et auront un temps d’avance en termes d’automatismes. Les mésaventures de la saison dernière et le cruel épilogue de la 38e journée sont de nature à souder encore plus un groupe qui ne s’est jamais désuni alors que les circonstances auraient pu encourager un délitement moral. 12e défense en Primera la saison dernière, le Lega a toujours été solide. C’est un secteur qui n’a pas besoin d’être nécessairement renforcé (le club a tout de même recruté Sergio González en provenance de Mirandés), la première préoccupation étant surtout de conserver le plus de cadres.
Prêts pour le Bastón ?
Même si cela reste une déclaration d’intention, José Luis Martí a également ajouté qu’il souhaitait avoir une équipe offensive. Si la solidité défensive est ancrée depuis plusieurs saisons, le réalisme offensif a toujours pêché. Alors, Leganés a mené un mercato résolument tourné vers le but adverse. Ex du rival Getafe, Gaku Shibasaki aura la mission de devenir le leader créatif des Pepineros. Auteur de belles prestations en Liga mais trop tendre physiquement, le Japonais sort d’une saison difficile au Deportivo de La Corogne, descendu en Segunda B. A 28 ans, il s’est engagé pour 3 ans et retrouvera Sabin Merino, de retour à Butarque après 6 mois en Galice. Autre revenant, Rober Ibañez devrait occuper un rôle important sur le côté. Après 6 mois convaincants à Alcorcón, le milieu de terrain Luis Perea pourrait être le « successeur » d’Óscar Rodríguez.
Muy ilusionado por esta nueva etapa y con ganas de devolver la confianza que el @CDLeganes ha puesto en mi ⚪🔵 #VamosLega #BB2️⃣4️⃣ pic.twitter.com/Al20Ddb5kI
— Borja Bastón (@BorjaBaston) September 8, 2020
Mais le gros coup du mercato pepinero, c’est Borja Bastón. Méconnaissable depuis ses 18 buts en 2015-2016 à Éibar, l’attaquant formé à l’Atlético a enchaîné les échecs depuis son transfert à Swansea où il n’a joué qu’une saison avant d’être prêté à Málaga (2 buts), Alavés (5 buts) et Aston Villa (0 but). A 28 ans, le Madrilène revient en Segunda pour se relancer, avec l’objectif de retrouver le chemin des filets comme il avait pu le faire au Depor (10 buts en 2013-2014) et Saragosse (22 buts en 2014-2015). Son duo avec José Arnaiz pourrait valoir le coup d’œil. « Le football d’aujourd’hui exige d’être un attaquant complet, a-t-il déclaré lors de sa présentation officielle. On nous demande de marquer mais nous devons faire un bon travail défensif pour le groupe et les mouvements que réclame l’entraîneur. J’espère marquer beaucoup de buts et aussi aider mes coéquipiers, car cela peut nous aider à être en haut du classement ».
Si Bastón se convertit en référent offensif de Leganés, alors les Pepineros seront les grands favoris pour retrouver l’élite, malgré l’absence de ses fidèles supporters qui remplissent immanquablement Butarque. Mais entre les espoirs de septembre et la réalité de juin, il y a souvent un monde d’écart dans cette Segunda aussi bordélique que passionnante. Après tout, grâce à une anticipation de la descente et une politique intelligente de renforcement des acquis, Huesca est bien parvenu à remonter en un an. Alors pourquoi par le Lega ?
François Miguel Boudet
(@fmboudet)