Valencia CF : Anil horribilis

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Anil Murthy est ce qui se fait de pire en matière de dirigeant : incompétent, provocateur, jaloux de la réussite des autres. En dépit d’une gestion ahurissante, le président du Valencia CF est plus que jamais en place. Après avoir détruit les bases posées par Mateu Alemany et Marcelino García Toral, il s’est mis les supporters, les journalistes et les joueurs à dos avec une rigueur effarante.

Le Valencia CF n’est jamais à un paradoxe près. Après la victoire en Copa del Rey l’année du centenaire, les hauts dirigeants du club ont décidé de littéralement massacrer tout ce qui avait été entrepris pour arracher ce premier trophée depuis 2008. De qui parle-t-on ? Du propriétaire Peter Lim, du président Anil Murthy et du conseiller Kim Koh. Au centre de ce jeu absurde, Murthy, ancien diplomate, n’a pas fait dans la demi-mesure. En premier lieu, il a très mal pris que joueurs et staff décident de jouer à fond la Copa contre ses instructions et celles venues de Singapour car l’objectif principal était la 4e place en Liga et donc la qualification en Ligue des Champions. Problème : cet objectif a aussi été atteint. Et au passage, les Blanquinegros ont disputé le dernier carré de la Ligue Europa. Difficile de mieux faire pour une année aussi symbolique. Et pourtant, ce qui constituait le début d’un projet sportif ambitieux est devenu le début de la fin. Par pure jalousie.

L’unanimité contre lui

Alors que les arrivées de Mateu Alemany et Marcelino García Toral étaient les premières décisions cohérentes de l’ère Lim et qu’elles ont eu des bénéfices concrets rapides, Anil Murthy a pris un plaisir non dissimulé à saborder l’édifice, entreprise facilitée par le fait que le propriétaire est à Singapour et dont la gestion du club relève de l’absolue méconnaissance du football. Il faut être clair : ce Valencia pouvait viser très haut, pourquoi pas le titre de champion d’Espagne vu le piètre niveau général du Real Madrid, du FC Barcelone et de l’Atlético de Madrid.

Le « palmarès » de Murthy au cours des derniers mois est aussi éloquent qu’accablant. Il a fermé la grada animació sans solution d’évolution, moqué ouvertement les supporters, modifié la cellule de communication qui s’est déjà mise à dos l’ensemble des journalistes locaux dont une partie a pu admirer son postérieur quand il a expliqué où en étaient les travaux du Nou Mestalla (entendons-nous bien : il a littéralement baissé son pantalon), viré Alemany, Marcelino et Pablo Longoria qui s’occupait du secrétariat technique, intronisé un médecin qui après plusieurs mauvais diagnostics a subi la fronde de l’effectif (Francis Coquelin a failli en venir aux mains), indiqué à des totems du vestiaire qu’ils pouvaient déjà faire leurs bagages avant un match capital pour encore espérer une qualification en Ligue Europa et sauver une saison minable. Du grand art. Malgré tout, lui reste en poste. C’est dire la confiance aveugle que lui voue Lim.

Politique de la terre brûlée

Murthy fait honte au Valencianisme et c’est un euphémisme. Chaque sortie est une nouvelle provocation. Mais le club n’a plus de conduite institutionnelle logique depuis de très longs mois. La politique de la terre brûlée a ses limites, surtout avec ceux qui se croient plus malins que les autres. Récemment, le service communication a émis plusieurs tweets pour valoriser le passage d’Albert Celades, entraîneur sans expérience ni personnalité, recalé par Castellón en Segunda B peu de temps avant, refourgué par son ami Julen Lopetegui (le choix numéro 1 avant sa nomination à Séville) et Jorge Mendes sans qui rien ne peut se faire depuis l’arrivée de Lim.

Sportivement, la saison a été une calamité, sauvée par une qualification inespérée en 1/8 de finale de la Ligue des Champions avant une humiliation contre l’Atalanta. Le vestiaire a implosé. La gestion du cas Ezequiel Garay, dont la prolongation malgré sa blessure au genou était actée avant d’être retirée au dernier moment, a été la première étincelle avant l’embrasement. Ont suivi les bisbilles mettant aux prise le capitaine Dani Parejo à la révélation Ferran Torres et la solidarité des joueurs français (surnommé « el lobby francés) vis-à-vis de Mouctar Diakhaby chargé ad hominem en conférence de presse par Celades. Forcément, les résultats sur le terrain ont été catastrophiques. Sans jeu, sans idée, sans sauveur pour cacher la misère, les Blanquinegros achèvent la saison comme des âmes en peine. Valencia navigue à vue, infoutu de prévoir les prolongations de contrat de Ferran Torres et Hugo Guillamón, capable de poser 12M€ sur Thierry Correia, latéral droit dont même Stevie Wonder verrait qu’il n’a absolument pas le niveau pour jouer en Liga ou encore de laisser le champ libre à Jorge Mendes pour décider de la politique sportive du club. Même Netflix trouverait le scénario peu crédible !

Tout doit disparaître

À présent, que peut-il se passer de suffisamment idiot pour creuser davantage ? Tout d’abord, les dirigeants vont à l’encontre de la logique pour bâtir la saison 2020-2021. L’ensemble de l’effectif est à vendre, exceptions faites de José Luis Gayà et Carlos Soler. Il faut dégraisser pour faire la place à de jeunes joueurs qui faciliteront les culbutes financières et aussi compenser le manque à gagner dû à la non-qualification en C1 et en C3. Le salaire moyen est 3.1M€ bruts annuels et le temps est fatalement aux économies.

Mais quelle est la ligne directrice sportive ? Nul ne le sait. Car la décision de liquider l’effectif intervient avant la désignation d’un directeur sportif, poste vacant depuis la démission du transparent César Sánchez, et celle d’un entraîneur. Rencardé par Jorge Mendes, Laurent Blanc tiendrait la corde et les rumeurs font état d’un contrat de 4 ans qui serait déjà dans les tiroirs. La durée est totalement surréaliste mais le club n’est plus à une aberration près. En d’autres termes, l’idée serait d’alléger la masse salariale de l’effectif pour signer à prix d’or un coach qui ne s’est pas assis sur un banc depuis 2016 et qui n’aurait pas complètement la mainmise sur le recrutement et la composition de son vestiaire. Difficile d’imaginer Blanc, si tatillon depuis son départ du PSG quant à ses conditions de travail lui qui se voit en manager à l’anglaise, venir dans un tel guêpier. La réalité est beaucoup moins tapageuse : le profil idéal sera celui d’un coach qui accepte les combines de Lim et Mendes, donc a priori un coach estampillé Mendes. L’espoir faisant vivre, une partie de l’afición rêve de Pepe Bordálas, actuellement à Getafe et dont les représentants ont soumis le nom aux dirigeants che.

Murthy, bientôt l’épilogue ?

Quel est le futur de Murthy ? Avec le poids pris par Mendes dans l’organigramme officieux, même le rôle de Murthy se vide de sa substance, si bien que la presse locale affirme qu’il ne sera pas consulté pour la nomination du prochain entraîneur. Une bonne motivation pour pratiquer son activité favorite : savonner la planche. Arrivé en septembre 2018 pour assister le président honni, Sean Bai pourrait prendre la suite. La manœuvre est connue à Valencia : Murthy avait peu ou prou connu la même trajectoire quand Layhoon Chan, présidente guère plus compétente, avait été progressivement poussée vers la sortie.

Un départ dans les plus brefs délais serait à même de calmer une partie d’une afición qui ne rêve que d’emplafonner Murthy pour l’ensemble de son oeuvre. Si Peter Lim n’en est pas à son coup d’essai pour faire profiter ses amis, le maintien du l’ancien diplomate constitue la pire des publicités pour le club et donc l’investissement réalisé. De quoi amèrement regretter la gestion des présidents valencianistes qui ont plongé le club dans une crise économique sans précédent qui a abouti à la vente à un magnat singapourien totalement étranger aux aspects sportifs d’un club et à sa réalité humaine quotidienne.

François Miguel Boudet

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