Liga – Du spectacle au silence

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Si l’on occulte le côté business, le retour du football après cette sombre période est bien le signe d’une vie reprenant petit à petit son cours normal. Pourtant, à quelques heures du grand retour de la Liga, l’excitation est loin d’être à son maximum. Coronavirus oblige, les stades seront déserts. À distance, les supporters seront néanmoins servis en terme de suspens. En Espagne tout est encore en jeu, le titre, l’Europe, la relégation. Avant le derby entre le FC Séville et le Betis, zoom sur cette fin de saison décidément très particulière.

« Jouer sans supporters est aussi triste que de danser avec votre sœur. » Les mots de Luis Enrique ont aujourd’hui une résonance toute particulière dans la tête des supporters du FC Séville et du Bétis. Aucun cris, aucun chant, aucune fumée n’accompagneront les joueurs dans l’arène du Sánchez Pizjuán. Aucun feu d’artifice ne sera tiré alors que le bus se fraye un chemin vers le stade. L’ambiance bruyante et bouillante laissera place à un silence sûrement pesant et certains joueurs n’entendront pas le cris du cœur battant de leurs supporters.

Après 93 jours passé dans les limbes, le football espagnol revient mais à huis clos. Au total, se seront 110 matchs qui se joueront, 11 tours en cinq semaines, des matchs tous les jours pendant près de 40 jours. Dans le jeu rien n’est certain. Le Barça se tient à deux points devant le Real Madrid. Cinq points séparent le troisième et le sixième du classement (Séville, Real Sociedad, Getafe, Valence). Dans le haut du tableau au moins trois autres équipes ont des ambitions européennes. C’est sous une pression certaine et sous un soleil de plomb que les équipes espagnoles retournent au combat. La «nouvelle normalité» est sur le point de commencer et il est désormais temps d’analyser certains aspects clés de ce redémarrage.

Catalans et Madrilènes face à face

Cette pause forcée risque peut-être de tout chambouler. Au coude à coude dans la lutte pour le titre de champion d’Espagne, pour la première fois depuis la saison 2016/17, le FC Barcelone et le Real Madrid se livrent une lutte acharnée. Les deux équipes ne devront rien laisser au hasard. Avec le retour des blessés, les deux cadors du championnat espagnol auront de nouveaux arguments à faire valoir en leur faveur. Les retours d’Eden Hazard pour les Madrilènes et de Luis Suarez pour les Catalans devraient peut-être faire pencher la balance. Et c’est un vrai duel de joueurs qui s’annonce. D’un côté, Karim Benzema est la référence pour los Blancos. Le Français est à Madrid ce que Messi est à Barcelone : le grand catalyseur du torrent offensif.

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D’un point de vue tactique, les deux géants progressent et se livrent une bataille sans merci. Alors que les Catalans sont les meilleurs de Liga en termes de buts marqués, de pourcentage de possession, de nombre de passes et de passes terminées, étant les leaders de ces quatre concepts, ils sont pourtant dans la partie inférieure du ratio des buts encaissés. L’équipe de Setién peut être endommagée avec peu, et devra plus qu’avec Messi se forger un vrai mental collectif. Le Real de Zidane concède moins, a un bloc plus solide mais doit lui encore trouver ses marques sur le long terme.

La grande guerre pour l’Europe

Un mot pour définir le haut de tableau : intensité. Seulement deux points séparent la 3e et la 6e place. La bataille pour la Ligue des Champions et l’Europa League devrait être elle-aussi haletante. Alors que l’Atletico attend que João Felix fasse ses preuves, les Colchoneros n’ont que le 11e record du meilleur buteur de la Liga, et espèrent qu’un triomphe sensationnel en Ligue des Champions contre Liverpool les incitera à atteindre au moins le top quatre pour s’assurer qu’ils seront parmi l’élite la saison prochaine.

Du côté du FC Séville, Julen Lopetegui a connu une première saison relativement réussie en Andalousie, même si les frustrations liées au style de jeu restent un facteur majeur de mécontentement du côté des supporters.

Aucun problème de ce genre à la Real Sociedad, dont le football entreprenant et offensif en a fait l’une des équipes les plus attrayantes de la Liga cette saison. Avec de jeunes talents tels que Martin Ødegaard, Mikel Oyarzabal et Alexander Isak, ils se sont mis en position de force pour une qualification en Ligue des champions.

Crédit photo : LaLiga.fr

Getafe a également connu une autre saison exceptionnelle. L’équipe de Jose Bordalas continue de surfer sur le succès de la saison dernière en continuant à être très difficile à briser tout en offrant juste assez de qualité dans le dernier tiers pour gagner beaucoup de matchs. Avec leurs exploits en Europa League leur donnant un goût pour le football européen, Getafe aura faim d’aller encore plus loin.

Malgré une saison difficile, Valence ne peut pas non plus être écarté de la bataille pour la qualification de la Ligue des Champions. Après le renvoie plutôt mouvementé de Marcelino, par les propriétaires impopulaires du club, son remplaçant Albert Celades, était à première vue un choix décevant. Les blessures ont fait des ravages, mais les 5 victoires lors de leurs 8 derniers matches toutes compétitions confondues, assurent que la pression sera fermement exercée lorsque l’équipe reviendra à la compétition.

Un autre casse tête côté relégation

Elles aussi voudraient rêver de grandeur. Le Celta Vigo, Majorque, Leganes et l’Espanyol vivent pourtant des heures compliquées et doivent lutter pour leur survie. Après une victoire vitale contre Eibar, le Celta est la seule équipe à s’être offerte un énorme coup de pouce lors de leur dernière sortie en championnat. Quant à leurs espoirs de maintien, Leganes voit les choses plus en noir. Le club ayant vendu ses deux plus grandes menaces de but (Youssef En-Nesyri et Martin Braithwaite), a peut-être déjà signé son arrêt de mort. Contrairement à Leganes, l’Espanyol s’est considérablement renforcé en janvier, versant environ 40 millions d’euros dans les signatures de Raul De Tomas, Adri Embarba et Leandro Cabrera dans une tentative désespérée pour tenter d’éviter une première relégation depuis les années 1990. Bien que De Tomas ait fait déjà sensation, son équipe n’a remporté aucun de leurs quatre derniers matches de championnat avant l’arrêt de la saison.

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Face à un calendrier et des enjeux aussi serrés plusieurs questions se posent. Comment les équipes réagiront-elles après cette longue pause ? Le risque accru de blessures, combiné avec les équipes qui devraient être autorisées à effectuer cinq remplacements par match, peuvent également donner un avantage aux clubs ayant une plus grande force sur le banc. De nouvelles variables sont à prendre en compte et toutes les cartes pourraient bien être redistribuées avant la fin de la saison prévue pour le 19 juillet.

Soledad Arque-Vazquez
@solearquev

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