En ces temps de guerre, comment ça va ?

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Nous sommes en guerre. Vous avez la ref’ ? Le président français Emmanuel Macron l’a répété à maintes reprises lundi soir lors de son allocution. Une guerre sanitaire, certes, mais une guerre quand même. Ce mot avait déjà été employé par François Hollande après les attentats de 2015. Mais à la différence des djihadistes, le Coronavirus – COVID-19 pour les intimes – est invisible et ne se laisse apercevoir qu’au bout de plusieurs jours de fréquentation. En France tout comme en Espagne, les habitants sont désormais confinés. Le football, lui, est arrêté.

En ces temps de confinement, d’utilisation excessive de TikTok, de fermeture des coiffeurs, de sur-fréquentation du site internet du CNED, d’arrêt du football mondial, d’élections municipales mais surtout de guerre, comment ça va ? Il n’est pas simple de répondre à cette question. L’enfant qui n’a plus à aller à l’école y voit une victoire, alors que ses parents se demandent s’ils vont conserver leur emploi. Peut-on réellement lui en vouloir ? La naïveté, mais surtout l’ignorance de l’enfance, sont sûrement un refuge vers lequel beaucoup d’adultes aimeraient se tourner actuellement.

Nous sommes en guerre. Emmanuel Macron a raison, et ce ne sont pas de l’autre côté des Pyrénées qu’ils vous diront le contraire. En Espagne, les personnalités sportives usent de leur influence pour convaincre la population de ne pas sortir de chez elle. Vous avez sans aucun doute vu passer un ou plusieurs tweets comportant le « #MeQuedoEnCasa ». Un message sanitaire davantage qu’un mot-clef renvoyant vers un lien. En revanche, c’est bien un lien qui semble relier de nombreux footballeurs, bien en dehors des frontières hispaniques.

Je parle ici des nombreux défis que se lancent les sportifs à travers les réseaux sociaux, et en particulier sur Instagram. Saviez-vous que l’international français Aymeric Laporte arrive à faire le ‘tour du monde’ avec un ballon, mais également avec un rouleau de PQ ? C’est l’un des défis que se lancent les footballeurs, défendant par la même occasion le fait de rester chez soi en période de confinement.

La région de Madrid est la plus touchée par le Coronavirus en Espagne, suivie de la Catalogne [Crédits : RFI]

Les vidéos prônant le contact social tout en restant chez soi ne sont pas rares sur les réseaux sociaux. Vous avez peut-être eu l’occasion de voir ce DJ amateur italien mettre l’ambiance depuis son balcon, faisant danser ses voisins de l’immeuble lui faisant face. En Espagne, où le Premier ministre Pedro Sánchez a instauré un le confinement samedi soir, les habitants sont autorisés à aller travailler. Il était réellement impressionnant de voir les métros bondés ce lundi, sur les rails de Bilbao, au nord du pays, malgré les mesures annoncées. Dans un pays durement touché par la crise des subprimes, l’économie ne peut pas être arrêtée de la sorte. Du moins, pas sans une aide du gouvernement.

Il n’empêche que les Espagnols ont à cœur de respecter les mesures prises par leur Premier ministre. Iñigo Martinez, défenseur parfois polémique de la Roja, en a fait les frais ce week-end. Les critiques ne se sont pas fait attendre après qu’il ait publié une photo de lui faisant du vélo. « Un peu de sport avant de rester à la maison » peut-on y lire. Ne pas rester chez soi quand on n’a pas l’obligation de sortir, tel est le comportement que ne comprend pas la population. À juste titre, d’autant plus lorsque Pedro Sánchez affirme que la barre des 10 000 contaminations pourraient être franchies dans la semaine.

D’autres essaient de prendre les choses avec légèreté, sans pour autant minimiser la situation, loin de là. C’est par exemple le cas des services de communication du CD Leganés, visiblement frustrés de ne pas disputer leur rencontre face au Real Valladolid. Ils ont donc organisé, sur Twitter, le live du match qui a été – tout comme le reste du championnat – reporté/suspendu. Une idée qui n’a pas manqué d’amuser la Twitosphère. Tout aussi amusant, les rivaux andalous que sont le Sevilla et le Real Betis ont décidé de disputer leur derby… sur FIFA20 ! Aux manettes, les clubs ont respectivement opté pour Segio Reguilon et Borja Iglesias. C’est finalement ce dernier qui permet au Betis de remporter le derby, avec un but inscrit par son propre avatar. Sympa, non ?

L’idée de faire un tournoi FIFA entre les équipes de Liga est née ainsi. Très populaire en Espagne, le YouTubeur Ibai Llanos – qui a organisé le derby andalou virtuel – a par la suite proposé d’organiser une compétition entre les vingt équipes de première division. Chaque club sera représenté par l’un de ses joueurs. Plusieurs d’entre eux se sont rapidement portés volontaires, à l’image de Sergi Roberto pour le Barça. D’autres ont été désignés par leur équipe, tel Lucas Pérez pour le Deportivo Alavés. Une initiative fortement médiatisée de l’autre côté des Pyrénées. On a hâte d’en savoir plus ! La liste des représentants – qui devrait encore évoluer – est disponible ici.

Plus sérieusement, les interrogations autour de l’avenir de cette édition de Liga, de la finale de la Copa ou encore de l’EURO sont passées en second plan. Les 9 000 cas de COVID-19 répertoriés en Espagne – dont plus de 4 000 dans la région de Madrid – inquiètent davantage que le football et le sport en général. Le monde a les yeux tournés vers cette pandémie, et certains en profitent. C’est par exemple le cas de Vladimir Poutine, qui ne rencontre aucun obstacle dans son chemin vers la présidence à durée indéterminée. Chaque pays – et leurs médias – sont concentrés sur leur gestion de la crise sanitaire. À une échelle européenne, mais avant tout locale. Là encore, difficile de leur en vouloir.

Les priorités actuelles sont d’ordres sanitaires, même dans une Espagne qui n’a jamais caché son amour fou pour le ballon rond. Il faut cependant souligner le rôle de ces personnalités footballistiques, qui encouragent à rester chez soi. Les réseaux sociaux sont ici indispensables, car ils permettent d’illustrer le quotidien de ces personnes, bénéficiant d’une certaine influence auprès de leurs fans. Les footballeurs de Liga ne sont pas épargnés par le Coronavirus, et c’est d’ailleurs flagrant au sein du Valencia CF. Le club a communiqué ce lundi soir, affirmant que 35% de son effectif (équipe technique comprise) est positif au virus. Le match de Champions League à Milan semble être en cause.

À titre personnel, je vous encourage à prendre soin de vous et de vos proches. Cela passe évidemment par une réduction de vos déplacements au strict minimum, mais également par une vérification systématique des informations que vous lisez sur Internet. Ces deux semaines – minimum – de confinement risquent de taper sur votre moral, et si c’est le cas, faîtes comme le gardien Iago Herrerín : prenez un rouleau de PQ, et jonglez avec. Si vous respectez les consignes, d’ici quelques semaines vous aussi, vous pourrez dire que vous avez survécu à la guerre.

Jérémy Lequatre-Garat
@Euskarade

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