Martin Mequelanz est un offensif très intéressant. Ailier, buteur, dribbleur mais aussi créatif il a pourtant une histoire très particulière avec le monde professionnel. Par deux fois, il a touché de près son rêve avec la Real Sociedad avant de le voir à chaque fois se briser. Prêté à Mirandes pour se relancer, Martin est devenu l’un des joueurs les plus en vus de Segunda et la base de beaucoup dans le bon parcours du club de Castille et Leon en Copa. Portrait d’un joueur qui a pris une épaisseur considérable, à retardement.
24 ans, c’est tard pour vivre sa première saison dans une formation professionnelle. Loin d’être un choix, Martin Merquelanz a dû faire preuve de résilience mais aussi de patience pour enfin avoir la chance d’être un footballeur accompli. Pourtant, il fait parti d’une génération 95 de grand talent sur le papier mais qui a eu du mal à confirmer pleinement sur le terrain à la Real Sociedad. Seul Odriozola qui a ensuite rejoint le Real Madrid est pleinement devenu un joueur de Liga. Sangalli tarde à prendre son envol, Guridi et Merquelanz sont encore sous contrat avec les Baques mais ont dû partir en prêt pour se montrer. Jon Bautista ronge son frein en Belgique. Pour Martin, se sont surtout les blessures qui l’ont bloqué plus qu’une difficulté à être consistant sur le terrain.
Deux rendez-vous manqués avec la Real Sociedad
Natif d’Irun, il a quasiment toujours porté la tunique du club de San Sebastian en jeune. Ailier virevoltant, il gravit les échelons sans flamber mais en se faisant toujours remarquer. Malgré un physique assez banale, Martin est de ces joueurs qu’on aime regarder quand il manie le cuir. Sans être le plus doué, il a ce truc qui attire le regard et qui nous fait nous dire : « il a du talent ce petit ». Offensif capable de jouer en soutien d’un buteur ou sur un aile, il sait autant faire jouer que marquer. En 2014 il devient un joueur de Sanse, la B de la Real Sociedad. De plus en plus protagoniste, il prolonge son contrat en 2017 et rapidement il se dit qu’il sera le prochain à percer du côté de la Real Sociedad.

En 2017 alors que c’est Carlos Vela la star des Basques, Martin est annoncé comme son remplaçant attitré. Les deux ont des styles assez similaire avec cette étiquette de joueur flexible. Alors que l’équipe pro est proche, le destin fauche pour la première fois le natif d’Irun. En décembre de cette même année, il subit une rupture des ligaments croisés à l’entrainement. L’indisponibilité est longue et surtout arrive à la plus mauvaise période pour un joueur alors en apprentissage. Sa convalescence n’est pas précipitée et la Real prolonge même son contrat en janvier 2018, alors qu’il est toujours sur le flanc.
En août 2018, il est promu avec l’équipe professionnelle de façon officielle. Martin a retouché le ballon et n’a pas perdu grand chose de son talent. Sous Asier Garitano, il est proche de débuter en Liga. Le 31 août 2018, lors des déplacements à Eibar, il rentre alors que son équipe perd. Sur son premier ballon il s’effondre. Il hurle, il connait cette douleur, cette sensation. Une nouvelle fois, les ligaments croisés sont touchés. La boucle semble sans fin pour Martin Merquelanz.
Un cocon basque à Mirandes
Il ne jouera plus un match jusqu’à la fin de saison et reste presque sur deux ans sans un match officiel lorsque lors de l’été 2019, la Real Sociedad se met à réaliser un mercato ambitieux. Portu, Odegaard ou encore Monreal et Isak rejoignent un effectif où Merino, Januzaj, Oyarzabal ou encore Remiro sont présents. Le palier est encore plus haut et Martin n’est plus au mieux mentalement. Cette seconde blessure lui a fait du mal, il décide donc de plier bagage, bien poussé par ses dirigeants. Alors que son contrat se termine en juin 2020, ce départ sonne comme la dernière chance pour Martin de percer rapidement dans le football.
« Je reviendrai sûrement plus fort » Martin Merquelanz en mars 2019
C’est là que l’occasion Mirandes survient. Tout juste promu en Segunda, le club dispose d’une marge financière très réduite mais doit se doter d’un effectif ambitieux pour éviter de faire l’ascenseur trop vite. Andoni Iraola, la légende basque, se met donc à appeler la Real Sociedad et l’Athletic pour solliciter des prêts peu chers. C’est avec le club de San Sebastian qu’il va nouer le plus de lien. Guridi et Merquelanz ont rejoint le club, tout comme Sagnan ensuite dont le capitaine est un ancien de Zubieta, le centre de formation des Txuri Urdin. Le défi est grand, Mirandes ne semble pas vraiment préparer pour se lancer dans une saison à 42 matchs, mais Merquelanz y voit l’opportunité de jouer et la saisit très rapidement.

Actuellement 11e d’un championnat qui compte 22 équipes, Mirandes vit sa saison de promotion assez tranquillement malgré la troisième plus basse masse salariale de la Ligue et le deuxième plus petit budget. Le style d’Andoni Iraola tout en ajustement avec un 4-2-3-1 assez modulable fait de bonnes choses. Le club de Castille et Léon n’a pas vraiment de gros points forts mais réussi à s’adapter à chacun de ses adversaires. Hormis la défaite lors de 6e journée face à Santander 4-0, l’équipe n’est jamais vraiment passé à côté de son sujet en Segunda cette saison. Avec 9 buts, 6 passes décisives et une moyenne de 1,6 passes clés par match en D2, Martin Merquelanz est l’un des offensifs les plus en vu de Mirandes. Il est impliqué sur 40% des buts de son équipe en championnat, des stats considérables pour un ailier.
La Copa Del Rey comme vitrine
Pourtant ce n’est pas grâce à ses très bonnes statistiques en Segunda que Martin Merquelanz attire la lumière en ce moment. Son club qui va jouer une demi finale retour de Copa del Rey à la maison face à la Real Sociedad est une des sensation cette saison en Espagne. Ce match, en plus d’être le rendez vous de la saison pour un club qui est tout proche de jouer une finale de Coupe, est particulier pour le natif d’Irun. Toujours sous contrat avec la Real, il avait été tout proche de ne pas pouvoir être apte, la faute a une petite blessure. Cependant, tout semble aller mieux maintenant et il va avoir de nouveau l’occasion de se montrer après avoir quitté San Sebastian par la petite porte l’été dernier.


Discret lors de l’aller perdu 2-1 par les siens, Martin est pourtant encore l’un des meilleurs de son équipe en coupe cette saison. Derrière les stats ahurissantes de Matheus Arias et ses 6 buts en 4 matchs, Martin a trouvé les filets deux fois. Face à Villarreal en quart de finale, le natif d’Irun a été le meilleur tout simplement. Impliqué sur les 4 buts des siens, il a trouvé le chemin des filets une fois et a délivré trois passes décisives, montrant à une formation de Liga l’étendu de sa palette technique. Surtout à gauche sur ce match comme le montre sa carte de chaleur, il a aussi réalisé 4 passes clés et cadré deux frappes. Pas le plus à l’aise dans le dribble, il a surtout une très bonne lecture du jeu et des espaces. Des qualités qui le rendent très intéressant à suivre parce qu’il arrive toujours à trouver l’endroit parfait pour recevoir et ensuite donner le ballon.
Dans une équipe qui n’a plus gagné depuis fin décembre en Segunda mais qui dans le même temps, n’a perdu que deux fois en championnat tout en éliminant Seville et Villarreal en Copa, Martin Merquelanz a retrouvé le sourire et un haut niveau de performance en Liga. Même si plusieurs joueurs se démarquent avec Mirandes cette saison, le natif d’Irun par son jeu très intelligent et mature est celui qui attire le plus les regards. En fin de contrat et sans véritable avenir à la Real Sociedad dans un secteur très concurrentiel, il est certain que son nom va être associé à de nombreuses formation à l’approche de l’été.
Avant de penser contrat et transfert, Martin et Mirandes ont rendez vous avec l’histoire face aux Txuri Urdin dans un Anduva qui s’annonce bouillant. La saison du club de Castille et Léon est déjà historique, elle peut devenir légendaire en cas de qualification en finale. Un juste retour des choses pour un garçon comme Merquelanz qui attend que le football lui rend ce qu’il a donné.
Benjamin Chahine
@BenjaminB_13