Sa place n’est pas réservée et son apport pas encore vital. Ses qualités elles semblent bien indéniables, pourtant Arthur Melo n’apparaît pas encore comme l’indispensable qu’il devrait être au milieu de terrain catalan. Annoncé titulaire pour le Clasico de ce soir, le Bresilien n’est pas encore un homme de Setién. Pourquoi et comment le devenir ? Test grandeur nature ce soir contre le rival madrilène.
Indiscuté et indiscutable Arthur Melo est loin de l’être. Encensé au début de saison pour son bon départ sous Ernesto Valverde, l’ancien de Gremio a baissé le curseur de l’exigence. Dans un flou artistique qui a occasionné rumeurs et questionnements, Arthur a par la suite abandonné les terrains pour un problème physique au pubis, avant de revenir fringant et opérationnel pile au moment de l’arrivée du nouveau coach, Quique Setién. Et si l’on a d’abord cru que l’histoire d’amour entre les deux allait couler de source, tant ils semblent parler le même football, la réalité elle n’est pas si évidente. Arthur doit encore prouver à son entraîneur que son talent vaut le coup pour entamer une belle histoire. Car pour l’instant leur relation s’apparente plus à un flirt sympathique mais bien sans engagement.
La place est prise ?
Si la concurrence est accrue en quantité dans ce secteur surpeuplé qu’est le milieu de terrain catalan, elle ne l’est pas vraiment en qualité. Entendons-nous bien Arturo Vidal et Ivan Rakitic resteront des immenses joueurs, mais si le premier a encore des aspects de son jeu à offrir pour parvenir à faire gagner cette équipe, le second semble lui déjà loin de la capitale catalane mentalement et footballistiquement. Lent, sans panache et incapable de faire progresser correctement le jeu de son équipe, le Croate déçoit et chacune de ses apparitions plongent une partie des supporters catalans dans un état proche de la neurasthénie.
Malgré tout, Arthur Melo n’est pas encore indiscutable. Jamais cantonné au banc très longtemps le natif de Goiânia est toujours entré en jeu en cours de match lorsqu’il n’était pas titulaire. Un signe de confiance mais qui n’en fait pas pour autant une pièce centrale de Quique Setién comme à pu le devenir Frenkie de Jong. Décevant contre Valence, pour son deuxième match depuis son retour de blessure et dans un système toujours en 3-4-3, le coach lui a préféré Ivan Rakitic et Sergi Roberto pour les échéances suivantes en championnat qui ont sonné le retour au 4-3-3. De retour titulaire contre Getafe il a oscillé comme toute l’équipe entre le intéressant et le très mauvais. Pourtant il apparaît toujours comme le bon candidat dans ce trio au contraire de ses concurrents qui souffrent tous d’un déficit plus ou moins rédhibitoire. Mais le Bresilien doit s’améliorer dans des aspects où ses coéquipiers l’attendent et où ses concurrents ,pourtant moins à l’aise avec le ballon, ironiquement le surpassent.
Si Arthur Melo n’apparaît pas encore comme le solution infaillible pour son entraîneur, la réponse trouve peut-être sens en partie dans la situation structurelle dans laquelle se trouve l’équipe de Quique Setién. Avec un effectif limité et des manques de profils clés, l’ancien de Las Palmas doit trouver des solutions sur place afin d’offrir l’équipe la plus cohérente possible. Pour y parvenir bon nombre de joueurs doivent aller au-delà de leur fonction primaire et offrir d’autres garanties. Et c’est en ça qu’Arthur Melo semble peiner.

Toca y… nada
Aimant privilégier la prise de ballon proche de ses centraux, Arthur a une tendance naturelle a redescendre systématiquement pour être à l’origine des actions et dicter le tempo depuis une position basse. Pas un problème dans l’absolu, mais un problème pourtant dans le Barça de Quique Setién, lorsqu’on sait que Frenkie de Jong est également de ce profil-là. Étonnamment Carles Aleña aurait ou être le joueur idéal dans ce rôle de piston du milieu mais le canterano n’est plus là. Incroyable dans le contrôle et la gestion du ballon, Arthur Melo offre des garanties conséquentes au moment de retrouver une possession de balle protectrice et contrôlé, mais aussi un pourvoyeur d’actions notamment avec des espaces supplémentaires, ce qui explique sans doute le choix de son entraîneur de le faire entrer systématiquement en cours de match malgré les scénarios.
Mais là ou Quique Setién pourrait privilégier l’apport d’un Sergi Roberto ou d’un Arturo Vidal c’est dans l’impact du joueur sans le cuir. Face à Getafe, le Brésilien n’a que trop peu profité des espaces laissés libres par ses partenaires notamment Antoine Griezmann. Pas assez en mouvement, le Brésilien distribuait ses passes oubliant la deuxième phase lorsque l’on veut être joueur du Barça : se déplacer, occuper l’espace libre, ouvrir une brèche entre les lignes adverses, avancer.
En ce sens bien que en-dessous du Brésilien dans la gestion du ballon, Sergi Roberto et surtout un Arturo Vidal offrent plus de possibilités d’avancer au jeu catalan. Surtout lorsque l’on constate que de l’autre côté Frenkie de Jong rencontre la même problématique mais en phase de progression bien plus avancée que son coéquipier, le choix de Quique Setién apparaît comme un rempart contre la possession stérile qui pourrait être aggravée pour une équipe qui souffre d’un déficit criant dans les couloirs.

La carte à jouer face au Real Madrid ?
Sergi Roberto blessé, Ivan Rakitic auteur d’une prestation neutre pour ne pas dire mauvaise face à Naples, le chemin semble tout tracé pour la titularisation du Brésilien ce soir (le joueur est annoncé titulaire par Mundo Deportivo, sur le banc au profit d’Arturo Vidal pour Sport). Face à un milieu de terrain madrilène surement revitalisé avec le retour de son meilleur atout Toni Kroos, le Barça aura fort à faire. Si les Catalans sous Setién ont entrepris une progression notable dans le pressing avec une récupération bien plus haute et une sortie de balle qui pose moins de problème sans être totalement parfaite encore, le travail reste colossal dans la manipulation du ballon en phase d’attaque. Face à Naples l’absence d’ailiers à fortement handicapé le jeu de l’équipe, mais aussi ternie la prestation des latéraux, notamment celle d’un Nelson Semedo pourtant bien présent mais esseulé.
Arthur Melo pourrait être le facteur X de cette soirée. Résister à la charge physique que va sans doute tenter d’insuffler le milieu madrilène mais aussi disputer le ballon a un Toni Kroos au sommet de son art. À moins que Zidane se contente bien volontiers de laisser le contrôle du cuir au Barça profitant de la qualité de l’Allemand pour lancer rapidement Karim Benzema en rapidité à la récupération.
Pour Arthur cependant le défi est là : montrer qu’il est peut-être le joueur des grands matchs, celui dont la place n’est plus discuté. Et quoi de mieux qu’un Clasico pour commencer une grande histoire d’amour avec son entraîneur ?
Tracy RODRIGO (@tracy_rdg)