Julen Lopetegui, le FC Seville et la résurgence des démons de l’instabilité

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Depuis le départ d’Unai Emery à l’été 2016, pas moins de 6 entraîneurs se sont succédés sur le banc des Palanganas. Hormis Jorge Sampaoli, aucun n’a pu faire une saison pleine avec le FC Seville. Julen Lopetegui, qui avait comme les autres parfaitement commencé vit une période compliquée, et comme pour les autres les rumeurs de licenciement sont déjà nombreuses du côté du Sanchez Pizjuan. Les Andalous veulent grandir mais ne prennent pas le temps nécessaire pour franchir les paliers, reproduisant la même boucle inlassablement.

Le FC Séville s’est imposé depuis le début de ce siècle comme l’un des clubs phares de la Liga. Pourtant le club avait connu la Segunda en 1995 à la suite d’une rétrogradation administrative. Depuis, les Palanganas se sont construits un palmarès européen considérable, sont pour beaucoup la 4e formation espagnole et sont maintenant dotés d’un budget conséquent. Seul bémol, l’équipe n’arrive pas à retranscrire cette puissance nouvelle sur le championnat. Depuis 2009 le club n’est plus monté sur le podium de la Liga, la dernière Copa Del Rey remportée va bientôt fêter son dixième anniversaire et le club donne l’impression d’être dans un cercle sans fin. Etat des lieux.

Ter repetita 

Julen Lopetegui n’est pas encore licencié, mais la pression est toujours plus forte autour de l’ancien sélectionneur actuellement dans une série désastreuse de 5 matchs sans victoires de suite. Rien de déshonorant sur le papier, Seville est un grand club mais pas un cador qui doit remporter chaque matchs. Cependant, ce qui inquiète c’est la production globale de l’équipe. Comme avec Machin ou Berizzo voir même Sampaoli, Seville a cette saison, réalisé une première partie de saison très encourageante avant de baisser le pied.

Souveraine, l’équipe menée par l’ancien entraineur du Real Madrid était vraiment intéressante à suivre lors de la phase aller de la Liga. Seville était solide derrière, tout en étant très productif devant sans pour autant affoler les compteurs. Un équilibre très intéressant, les Palanguanas générant du danger sans pour autant trop se découvrir. Les accidents comme face à Eibar n’inquiétaient pas, l’équipe se remettant rapidement dans le bain. Le rendement de joueur comme Diego Carlos, Jesus Navas, Ocampos ou Munir étaient aussi très satisfaisants.

Crédits : Iconsport

Sauf qu’après les fêtes de Noël, l’équipe qui a repris le chemin de la compétition semble différente. Comme sous Pablo Machin la saison dernière, les mauvais résultats sont apparus, et l’équipe souveraine de la première partie de saison a laissé place à une formation inquiétante, peu emballante et enchaînant les prestations désastreuses. Le nul concédé face à Cluj à l’extérieur pour les seizièmes de finales aller de la Ligue Europe n’ont pas permis à Julen Lopetegui de rassurer une Aficion exigeante et une direction qui n’a pas peur de trancher des têtes. Le technicien basque joue déjà gros face à Getafe et ensuite lors du retour face à Cluj.

Une gestion assez éloigné des standards des grands clubs 

Sans faire du foot fiction, voir Julen Lopetegui autant conspué par son aficion et si peu soutenu par sa direction interroge sur la volonté de Seville de devenir un grand club en Espagne. C’était le souhait de la direction avec le départ d’Unai Emery et Monchi. Le duo avait permis de valider l’excellent du club pour sortir le club de sa crise économique et lui assurer un avenir solide. L’Europe a permis de donner une réputation conséquente à l’équipe, cependant l’objectif est de peser sur la Liga, et devenir le 4e club d’Espagne, le dernier club qualifié d’office en Ligue des Champions.

Seul Jorge Sampaoli, a rempli cet objectif. Il est aussi le seul à avoir survécu à une période de disette importante sans être licencié. Il quitte Seville en 2017, après un an sur le banc pour prendre la tête de la sélection Argentine, une trahison pour beaucoup. Ensuite, l’équipe terminera deux fois sixième et une fois septième tout en licenciant 3 entraîneurs et en finissant deux fois la saison avec Joaquin Caparros en pompier de service. A chaque fois, le début d’année est dévastateur, le jeu se délite et la direction qui voit la Champion’s s’éloigner préfère s’aborder sa fin de saison plutôt que de soutenir son entraineur, lâché à la vindicte populaire.

Une gestion qui interroge, comme si les têtes dirigeantes Palanganas pensaient qu’on devient le 4e club d’Espagne en un claquement de doigts. Sous Unai Emery, l’équipe qui était surtout solide à domicile tout en étant désastreuses à l’extérieur n’a jamais flirté avec le haut de tableau sur la durée. Depuis le départ de Jorge Sampaoli par la petite porte, Seville n’accorde plus sa confiance à un coach sur la durée, se contentant de reproduire le même schéma à chaque fois avec logiquement, des résultats identiques. Des choix pas compatibles avec l’ambition de se stabiliser en haut de la pyramide du football espagnol mais en adéquation avec l’histoire du club. Il est très difficile de s’inscrire dans la durée dans le Nervion.

Mais pourquoi Seville craque aussi facilement ? 

Habitué à bouleverser l’effectif chaque été, Seville n’a pas changé ses habitudes depuis le départ d’Unai Emery. Le retour de Monchi cet été a même accentué ce processus. Les montants sont cependant bien plus importants qu’avant, le club dépasse régulièrement son record de transfert mais à chaque fois, les joueurs tardent à confirmer. Muriel, qui devait mener l’attaque des Palanganas et qui avait été acheté pour 18 millions a coulé avec Vincenzo Montella et a dû plier bagage.

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Cet été, les arrivés de Diego Carlos, Luuk de Jong, En Nesyri, Oliver Torres ou encore Jules Koundé ont permis de redynamiser un effectif qui restait sur deux saisons très compliquées. Pourtant encore une fois, le spectre d’une fin de saison sabordée et d’une élimination précoce en coupe d’Europe après une élimination en Copa rôde. Cette fois, c’est le départ successif des cadres qui semblent avoir quelque peu miné un groupe. Sur les 4 capitaines du club en début de saisons, deux ont déjà annoncé leur départ. Banega quittera le club en fin de saison et Daniel Carriço a déjà fait ses valises pour se mesurer au Coronavirus à Wuhan.

Bien sûr, ces deux hommes n’ont pas permis d’éviter les crises dernières saisons, mais se séparer de joueur aussi important dans le vestiaire à un moment aussi charnière de la saison est inquiétant. Monchi est dans sa logique et doit faire entrer de l’argent et gérer au mieux son effectif pour s’éviter des poids financiers, mais encore une fois, avoir des patrons dans le vestiaire c’est important pour qui veut se stabiliser en haut de l’affiche. On le voit à l’Atleti qui n’a jamais digéré le départ de Gabi et qui pleure le départ de Godin notamment. Seville veut devenir grand mais continue de penser et agir comme le club modeste qu’il a été. Seul le montant des investissement a changé. L’ombre d’une fin de saison en pointillés, avec un Seville qui devra se battre pour une place en Ligue Europa est un scénario très crédible actuellement dans le Nervion. À force d’être impatient, on saccage beaucoup de chose et on perd sur tous les tableaux.

Benjamin Bruchet 

@BenjaminB_13

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