Liga / Betis 2-3 FC Barcelone : Fekir a fait illusion mais le Barça s’en sort quand même

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Enfin vainqueur à l’extérieur, après avoir à l’usure, fait chuter le Betis au Benito Villamarin, le Barca continue à construire le socle de sa résurrection espérée. Entre individualités décevantes, cadre tactique qui s’affirme et ajustements de Setien, les Catalans se sont autant rassurés qu’ils doivent rester mesurés sur leurs capacités. Retour sur un match plaisant à suivre.

Un Betis impactant

C’est peu dire que les hommes de Quique Setien ont mal démarré. Après un numéro de Fekir dans une défense apathique, Lenglet commet l’irréparable et Canales ne se fit pas prier pour ouvrir le score (6’) sur penalty. Heureusement, Messi ne laisse pas le temps à son équipe de douter en trouvant magnifiquement un De Jong irréprochable et brillant hier soir et qui ne laisse aucune chance à Robles (9’). Le match commence tambours battants, le Barça tarde à imposer sa loi et le pressing cohérent du Betis fait mal. 

Alors que les Blaugrana reprenaient le jeu à leur compte et semblaient partis pour faire le siège de Sévillans regroupés autour de la charnière Bartra-Mandi, c’est d’une grossière erreur de Vidal qu’est venue la solution du côté des Andalous. Bien lancé par Aleña qui ne laissa pas passer l’aubaine et bien aidé en cela par la passivité incroyable d’un Umtiti totalement dépassé, Fekir s’en allait tromper Ter Stegen pour la deuxième fois (26’). Un but assez symptomatique des choix du board en matière de recrutement.

Rubi avait choisi de miser sur une base solidifiée par la doublette Guido Rodriguez/Carvalho au milieu pour annihiler les espaces entre la défense centrale et le milieu, proposant ainsi un bloc équipe compact mais prêt à se projeter à tout moment. Il faut dire que les qualités offensives ne manquent pas dans cette équipe en matière d’animation offensive. Entre l’intelligence combinée de Aleña et Canales aussi utiles dans la conservation que dans la projection, la force de fixation d’Iglesias et le poison qu’est Fekir ; les forces sont parfaitement assemblées. Mais les Sévillans ne se contentèrent pas d’attendre. Alternant entre pressing haut à la perte et phases de conservation intense, ils mirent à mal des visiteurs en grande difficulté défensive en cette première mi-temps. Celle-ci sera malgré tout sauvée par l’ultime ballon de Messi, sur lequel un Busquets sur courant alternatif en ce premier acte, remit du baume au cœur des siens ( 2-2,47’).

Des individualités défaillantes

Si cette première bataille fut aussi laborieuse pour les protégés de Setien, elle mit malheureusement en exergue les lacunes de certains face aux exigences techniques du système que l’ex coach du Betis souhaite faire renaître. Vidal a beau être animé des meilleures intentions, à force d’être partout, il n’est finalement nulle part. Ses projections offensives ne sont pas toujours pensées de façon optimale et son apport dans la circulation du ballon souvent réduite à son minimum. Il n’est pas le roi des petits espaces et a considérablement souffert face aux milieux locaux. Son erreur, payée cash, n’est que le reflet de ce qu’il manque au guerrier chilien pour pérenniser sur la durée sa place au sein de ce système.

Crédits : Iconsport

A ses côtés, on se demande bien quel apport Sergi Roberto, dans un rôle légèrement moins marqué qu’à San Mamés, a pu insuffler. Plus actif au milieu que sur la ligne de touche, en raison du positionnement de Vidal, nous avons pu constater, s’il le fallait encore, qu’il est au mieux un joueur de complément. Et encore, sur ses deux dernières prestations, le nostalgique d’Ernesto Valverde ne doit peut-être son temps de jeu qu’aux nombreuses absences au sein de l’effectif Barcelonais. Enfin, défensivement, Samuel Umtiti n’est toujours que l’ombre du joueur qu’il a été. Emprunté, lent, manquant de réactivité sur les deux buts Sevillans, l’ex lyonnais a démontré à ceux qui en doutaient encore, à quel point Piqué est indispensable à cette équipe.

Setien réagit

Setien ne tarda pas à effectuer du changement. Arthur prenant la place de Vidal et Alba prenant la place de Firpo Junior, qui sans être décevant, n’a pas fait d’étincelles non plus (56’). A sa décharge, se coltiner Emerson représente un challenge tant le latéral droit du Betis est solide, tout en n’hésitant pas à se projeter vers l’avant. L’entrée combinée de ces deux joueurs va considérablement changer le scénario.

Si Alba est régulièrement la cible des quolibets pour le déchet que son jeu génère, son entente technique avec Messi reste un classique qui fonctionne. Preuve en est faite peu de temps après son entrée, mais Robles est décisif (62’). Messi déjà dangereux dès le début de la seconde période retentera le même lob somptueux que la saison passée, pas avec la même réussite (67’). L’entrée d’Arthur, même s’il n’a pas tout réussi, a également permis à l’intégralité du bloc équipe de remonter. Le Brésilien joue haut sur le terrain et se met toujours dans le sens du jeu avec une recherche constante de verticalité, faisant ainsi reculer l’adversaire.

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Le Barca se trouvera récompensé de sa mainmise devenue sans partage, quand Messi distillera un nouveau coup franc sur la tête de Lenglet (71’). Trois passes décisives pour la Pulga, qui porte, malgré son manque de réussite actuel face au but, le poids de l’animation offensive catalane. Le jeu se hachera ensuite entraînant les expulsions de Fekir et Lenglet. Les dix dernières minutes se jouant donc à 10 contre 10. Un penalty évident ne sera pas sifflé sur Messi. Cela n’empêchera pas le Barca de décrocher une victoire primordiale pour la confiance sur un terrain compliqué. Le Betis reste de fait engoncé dans le ventre mou de la liga, une place qui n’est pas la sienne au regard du potentiel qui existe dans cette équipe. Mais on l’a encore vu hier soir, les deux équipes ont encore du mal à avoir de la continuité dans le jeu durant 90 minutes. 

Le bilan et les hommes 

Face à une équipe dans un premier temps conquérante mais vite essoufflée, Quique Setien a pu se satisfaire de la prestation une nouvelle fois collectivement encourageante, et mentalement aboutie des siens. Il lui reste alors à définir une structure type afin de consolider les automatismes, chose difficile dans un contexte de blessures à foison. Mais des questions se posent légitimement à lui maintenant. Araujo ne mérite t-il pas sa chance face à un Samuel Umtiti amorphe ? Quel « trident » se dessine au milieu pour accompagner Busquets et De Jong ? Arthur semble marquer des points. Rakitic et Vidal semblent en tout cas eux en avoir perdus entre San Mamés et Villamarin. Quid du cas Puig, utilisé avec une curieuse parcimonie ? 

L’absence de Fati s’est faite bien plus ressentir que la présence de Griezmann ce soir. On ne louera pas éternellement le sens du sacrifice du Français. Il ne marque plus, ne pèse plus et ne présente toujours pas l’ombre d’une complicité avec Messi et le reste de l’équipe. Quique Setien reussira t-il à le (re)lancer ? Maintenant que l’idée de jeu commence à trouver des automatismes, c’est le choix des hommes et les cas individuels sur lesquels il va falloir se pencher. En attendant, le Barca a enfin gagné à extérieure en restant fidèle à l’identité de jeu prôné par son nouvel entraîneur. Après Mestalla et San Mamés, le résultat est cette fois-ci au rendez-vous, récompensant un groupe qui ne triche plus avec le style, à défaut de l’avoir encore totalement apprivoisé.

Pierre Vairez

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