Athletic 1 – 0 Barcelone : Un Barça séduisant mais insuffisant

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Battu cruellement sur la pelouse de San Mamés dans les abîmes du temps additionnel, en quart de finale de la Copa del Rey, le Barça a affiché à l’extérieur son meilleur visage depuis des lustres. Si dans le jeu et l’attitude cette équipe fit plaisir à voir, la saison s’annonce longue pour un effectif totalement déséquilibré, insuffisant, relevant encore une fois au-delà du sportif, les incohérences et l’incompétence planificatrice d’un board totalement déconnecté du sportif.

Imposer le style

Battu à Mestalla lors de son dernier déplacement en affichant des lacunes criantes, les joueurs de Quique Setien ont affiché un visage cohérent et ambitieux face à un adversaire toujours particulièrement compliqué à jouer dans sa cathédrale.

Si le premier quart d’heure fut rude, marqué par l’intensité du pressing basque qui avait à cœur de bousculer les Catalans ; jamais le Barça ne fut mis réellement en danger, tentant indéfectiblement de relancer proprement et de s’assurer la conservation du ballon. Considérablement gênés dans la progression territoriale, en raison notamment du marquage individuel opéré sur ses trois milieux par des locaux organisés défensivement en 5-4-1. Les joueurs de Quique Setien opérèrent leur circulation du ballon de façon plutôt fluide, n’hésitant pas afin de s’assurer le surnombre, à utiliser Ter Stegen et étirant le jeu sur les côtés. Cela n’a pas donné factuellement lieux à de nombreuses situations permettant de déséquilibrer le bloc adverse. Il y a des raisons à cela. 

L’apport des latéraux fut sujet à bien des problématiques. Sur le côté gauche, si Jordi Alba semble montrer quelques progrès dans ses déplacements et prises d’initiative tactiques, sa nervosité cumulée à son manque de justesse dans les derniers gestes ont terni ses bonnes intentions. Actif mais malheureusement improductif.

Sur le côté droit, Semedo qui sortait d’une performance XXL face à Levante ne put avoir le même rayonnement, bien que pourvu des mêmes intentions. Pour cela, il y aurait fallu qu’un Sergi Roberto totalement transparent daigne apporter du mouvement et participer aux constructions offensives, plutôt que de coller une ligne de touche dans laquelle le portugais ne put par conséquence, jamais s’engouffrer. Le manque de polyvalence et d’intelligence tactique de « SR » à ce poste a impacté également la performance de De Jong. Le milieu néerlandais, en manque de solution de part les raisons évoquées ci-dessus, fut mis en difficulté et ne put apporter par conséquence la même verticalité et créativité qu’à l’accoutumé.

Pour se montrer dangereux en première mi-temps, le Barça s’en remettait donc à Messi. Constatant le cadenassage de la salle des machines, la Pulga a eu l’intelligence de venir s’intercaler, autant que faire se pouvait, entre les lignes pour casser les rouages huilés du système défensif de Garitano. Deux de ses percées ont amené le danger mais Fati (encore une fois très intéressant) à la finition ne put conclure.

[Photo de Icon Sport]

Le réalisme aux abonnés absents

En seconde période les hommes de Quique Setien semblaient décidés à appuyer sur l’accélérateur. Sans doute émoussés par l’énorme travail de sape effectué lors du premier acte, les partenaires d’Inaki Williams semblèrent plus en difficulté au niveau du rythme imposé par leurs adversaires.

L’entrée d’Arthur en ce sens a considérablement intensifié cette impression. Toujours dans le sens du jeu, en recherche constante de verticalité et apportant des solutions au porteur du ballon, le milieu brésilien a fait une entrée très intéressante. Elle aurait pu être couronnée d’une sublime passe décisive si Messi n’avait pas croisé un Unai Simon inspiré (88’). Le Barça venait de laisser passer sa chance. Une chance que Griezmann avait déjà érodé sur un bon service de Sergi Roberto (69’). Une chance qui aurait pu aussi venir du penalty évident oublié pour une charge sur De Jong.

Ces occasions illustrent parfaitement la mainmise indiscutable qui n’a fait que croître au fil du temps dans ce match… jusqu’à ce fameux coup de tête d’un Inaki Williams jusque-là parfaitement contenu par la charnière centrale barcelonaise (93’). Un coup de massue comme un point final rappelant au-delà du manque de réalisme, que le manque des hommes est important et que sur la durée, l’obligation de transiger en raison d’un effectif incomplet, se payera tôt ou tard.

Une planification suicidaire

Pique grimace, suite à une charge d’Inaki Williams, le défenseur central blaugrana essaye mais ne peut pas continuer… suscitant certainement des maux de tête à Setien. 3 défenseurs centraux, 3 attaquants… voici pour finir la saison.

En se débarrassant d’Alena, en envoyant Perez sans rechigner à Rome et en ne conservant pas le prometteur Todibo, le Board n’a pas vraiment rendu service à son équipe fanion. Parmi la vingtaine d’attaquants envisagés (alors oui, il y aurait eu durant ce mercato hivernal, 20 attaquants qui avaient le niveau et le profil pour venir remplacer l’absence de Suarez…), aucun finalement ne fit sa venue. À cela s’ajoutent les gestions médicales désastreuses des cas Suarez et Dembele… puis tout à coup, on repense à un joueur comme Malcom envoyé peut-être trop rapidement dans le froid russe, lui-même qu’on avait arraché au dernier moment à la Roma avec tout le vice dont ce board sait faire preuve. Pendant ce temps, les jeunes pousses de la Masia (Puig, Collado) voient leur intégration repoussée par un contexte un peu compliqué (Setien n’a sans doute pas envie de les lancer dans un bain infesté de crocodiles).

Depuis sa venue, le nouveau coach blaugrana compose avec ses cadres, dont certains continuent à décevoir inexorablement. Hier soir, Rakitic a fait le même match qu’à l’accoutumé et Sergi Roberto prouve encore une fois que la tactique n’est pas sa tasse de thé. Un Alex Collado aurait à coup sûr mieux compris le jeu que lui à ce poste. Quant à Rakitic, faire le comparatif avec les quelques minutes jouées par un Arthur sur le retour suffit à démontrer l’écart abyssale entre ce qu’il propose et ce qu’un milieu de terrain relayeur doit proposer à Barcelone. Au milieu de tout cela on tire donc sur toutes les cordes possibles.

[Photo de Icon Sport]

Fati, 17 ans, doit assumer, Messi doit absolument tout faire sur le terrain, Pique qui s’était entraîné en gymnase cette semaine, a donc rejoint presque logiquement la liste des blessés. À part au milieu de terrain, il n’y a plus de joker et plus de solution de rechanges. Du bricolage, voilà le travail de Setien. Redonner une identité de jeu à un effectif habitué à vivre dans la bouillie collective depuis 3 ans n’est déjà pas une mince affaire, le faire, amputer des coups de couteau marqué du sceau de l’incompétence du board, relève de l’exploit.

Retenir le positif

Dans cet océan de problèmes, le Barça a réussi à montrer un visage plus séduisant, teinté de cette volonté de ne pas transiger avec ses principes nouvellement accueillis. Le travail de Setien porte ses fruits inéluctablement, les progrès sont tangibles et indiscutables. La dernière fois que Barcelone a perdu à San Mames, c’était lors de la première journée de Liga et le magnifique ciseau d’Aduriz. Si les deux scénarios sont identiques, le jeu d’acteur n’a rien à voir et les plus sceptiques de se repasser ce match afin de se rendre compte de l’apport fondamental opéré par l’ex coach du Betis.

C’est dans cette direction qu’il faut aller. Les « resultados » piafferont d’impatience mais même eux ne doivent jamais oublier qu’à Barcelone, le résultat n’est que la conséquence du jeu. Et se rappeler les mots de Xavi qui incarnent on ne peut mieux ce club : « Le style ne se négocie pas ». Setien l’a compris et n’a visiblement pas l’air de vouloir entamer quelque négociation.  C’est bien là le plus important aujourd’hui.

Pierre

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