Place à l’un des derbis les plus sensationnels et attendus du football mondial. Ce dimanche, le Real Madrid reçoit son rival de toujours l’Atletico de Madrid à l’estadio Santiago Bernabeu. Le leader du championnat aborde cette rencontre avec 10 points d’avance sur son voisin madrilène et est plutôt serein dans le jeu tandis que l’Atleti, déjà décroché au classement, peine à développer son football et surtout n’arrive pas à être dangereux offensivement. Ce match si spécial peut-il enrayer la machine merengue? L’Atleti arrivera-t-il à se relever et faire abstraction de la situation actuelle pour, comme à son habitude, tenter de résister au Real Madrid?
L’Atletico de Madrid n’avance pas et ne progresse plus. Deux défaites et un nul sur les trois derniers matchs, se faisant même justement sortir en Copa del Rey par le CD Leonesa (club de D3), tel est le triste bilan de l’équipe du Cholo. Dans l’urgence de résultat après trois déconvenues coup sur coup et surtout un jeu tristement pauvre et alarmant, la réaction est impérative face au rival madrilène pour ne pas sombrer et perdre pied avant les échéances européennes.
L’Atleti dans la tourmente…
On croyait l’Atletico de Madrid relancé après la bonne série de victoires juste avant les fêtes de Noël et la surprenante remontée au classement effectuée en se replaçant 3e à seulement 6 points du leader. Aussi, il y a eu cette prestation encourageante début 2020 en guise de reprise face au Barça lors de la demi-finale de Supercoupe d’Espagne (si sujette à débat…). Cette rencontre a souligné un réel engagement de toute l’équipe en retournant un match mal embarqué et a donc logiquement donné un peu d’espoir pour entamer la deuxième partie de saison.
Mais c’était sans compter sur un terrible coup d’arrêt face à un Eibar toujours très solide et si difficile à manœuvrer à Ipurua. Dominés dans presque tous les secteurs du jeu, les Rojiblancos se sont logiquement inclinés chez des Basques en opération maintien. Les coéquipiers de Joao Felix n’ont pas réussi à concrétiser leurs maigres occasions devant le but et les locaux, plus tranchants, ont su profiter d’errements défensifs pour semer le doute dans les têtes madrilènes. Le premier grain de sable dans le mécanisme Cholo, certes peu huilé cette année, a malheureusement endommagé tout un collectif.
L’Atleti devait alors se reprendre face à l’avant-dernier de Liga, le CD Leganes, dans un match a priori déséquilibré. Mais à nouveau, l’équipe n’a pas imposé sa domination sur la rencontre et ce petit derbi madrilène a accouché d’une partie tristement pauvre dans tous les compartiments du terrain. Sans rythme ni liant, les Rojiblancos sont clairement décevants tant ils ne montrent rien ou presque. Certes, il y avait peu d’espaces à exploiter face à cette défense à cinq pour les attaquants colchoneros, mais si l’équipe ne crée rien offensivement (décalages, courses) c’est tout de suite plus compliqué pour espérer marquer. Et même lorsque les attaquants colchoneros arrivent à se procurer une occasion sur un coup d’éclair du prodige portugais, ils ne sont pas assez habiles devant le but pour la mettre au fond. Ces deux rencontres ont tout simplement mis en lumière toutes les difficultés de l’équipe du Cholo à créer du jeu…
Cholo cherche encore la bonne formule…
Le coach argentin en est clairement conscient et l’a bien fait comprendre à ses nombreux détracteurs en conférence de presse : cette équipe a besoin d’un changement dans l’animation pour espérer mieux jouer. On pouvait s’en douter, avec les nombreux départs des cadres incarnant l’âme Choliste à l’intersaison, l’équipe n’aura plus la même identité footballistique. On peut évidemment citer Godin, Filipe Luis, Juanfran ou encore Griezmann. Ce dernier avait un tel rôle dans l’équipe que la tâche à réaliser pour combler cette perte est monumentale. Et même si Joao Felix a des similitudes avec l’attaquant français, il n’est pas encore en capacité d’à la fois occuper les espaces, les attaquer, animer un couloir, exercer un contre pressing ou encore être discipliné défensivement pendant 90 minutes.
Moins guerrière et plus joueuse donc, avec de bons manieurs de ballons dans l’effectif, l’équipe du Cholo doit entamer sa mutation. L’idée serait donc d’utiliser les qualités des joueurs en présence pour construire un environnement favorable et ainsi ne pas se retrouver dans des situations que l’équipe ne sait pas gérer. Il semble alors judicieux de limiter au maximum les longs ballons vers un Morata totalement esseulé et de demander aux intérieurs d’évoluer plus haut pour combiner avec les latéraux, dont l’apport est primordial comme souligné lors du début de saison. Ensuite, il faut absolument réussir à trouver Joao Felix entre les lignes ou/et dans de bonnes conditions lorsqu’il effectue ses (très) nombreux décrochages. Grâce à sa qualité technique et son bon placement, il arrive à jouer en une touche pour accélérer le jeu ou bien se sortir d’une zone de forte densité, ce qui, bien utilisé, permettrait d’amener des zones de déséquilibre à l’opposé que l’équipe pourrait exploiter, surtout quand on connaît la qualité de Morata pour orienter les attaques en étant dos au jeu.
Mais ce changement stylistique prend logiquement du temps et connaissant Simeone, toujours maître de la situation et bien lucide, il ne mettra rien de nouveau en place sans la certitude d’avoir une animation qui tient la route… D’autant plus qu’il a évidemment des garanties défensives avec son 4-4-2 préférentiel et que cette organisation peut toujours faire l’affaire dans certaines rencontres, comme celle de ce week-end. En attendant, c’est très souvent Correa qui débloque des situations pour permettre à l’Atleti de ne pas sombrer et prouve que c’est un élément très intéressant dans cet effectif (contrairement à ce que certains essayent de nous faire croire).
Les clefs du match : brider Isco, animer les couloirs et vivre sans Felix.
On l’a vu lors de la Supercoupe (en carton) organisée il y a un peu plus de deux semaines, Isco est un vrai poison pour l’équipe de Simeone. Pendant les 15 premières minutes de la rencontre, il a été dans tous les bons coups et a permis au Real d’asphyxier l’Atleti dans ses 30 derniers mètres. Ce n’est pas nouveau, le numéro 22 madrilène est un superbe joueur de ballon et adore venir entre les lignes pour contrôler ou accélérer le jeu à sa guise. D’où la nécessité d’avoir un gros travail de la part du double pivot rojiblanco pour venir couvrir les zones où Isco aime venir s’engouffrer, en particulier dans le half space gauche, et ainsi limiter son influence.
Aussi, il faudra exploiter la fébrilité des latéraux du côté de la maison blanche. Marcelo, récemment hué par le Santiago Bernabeu, n’est plus aussi performant et son remplaçant Ferland Mendy connaît quelques passages à vide au cours d’un match. Correa adore dévorer ces espaces et, on l’espère, fera parler sa vitesse pour déstabiliser la défense merengue. L’Argentin pourra également profiter du manque de mobilité de Kroos pour espérer avoir plusieurs situations de un contre un face au latéral français au cours de la partie. De l’autre côté, le coffre et la fougue de Lodi seront essentiels pour bloquer les montées de Carvajal et contre-attaquer pour amener le surnombre dans la moitié adverse.
Finalement, il faudra certainement faire sans Joao Felix pour ce derbi, touché musculairement à la jambe droite. Le retour du si fréquent « parte medico » a encore frappé et cette fois c’est au tour de l’élément le plus créatif de l’effectif d’être forfait. On l’a déjà vu pendant sa première absence d’un peu plus d’un mois en octobre, si le Portugais n’est pas là l’équipe est sans idée. L’équipe devra alors à nouveau se baser sur une assise défensive solide et espérer concrétiser l’une des rares occasions dont elle disposera, que ce soit sur coup de pied arrêté ou dans le jeu. En attendant mieux (et le retour de Joao), il faudra se contenter de ce peu…
XI probables
Atletico
Julien (@TorresismoATM)