Joao Felix devait être le prochain joueur portugais a fracassé le football mondial. Après à peine 21 matchs avec le Benfica et alors qu’il n’avait même pas encore 20 ans, l’Atleti sort le chéquier et rafle la mise contre plus de 100 millions d’euros. Un montant conséquent qui se rajoute à l’étiquette du remplacement de Griezmann sur les épaules d’un joueur qui n’a pas encore terminé sa formation.
Un peu plus de 6 mois après son arrivée à Madrid, le bilan du portugais est mi-figue mi-raisin mais il reste un des seuls à être épargné par la fondre populaire. Parce que sa réussite est logiquement corrélée avec l’environnement dans lequel le natif de Viseu évolue. Et à Madrid, cet éco-système est tout sauf favorable à son football. Etats des lieux.
Tout semblait pourtant parfaitement s’emboiter au début
Sans être annoncé comme le remplaçant officiel de Grizou, Joao Felix arrive logiquement dans cette veine dans l’esprit de Diego Simeone et de tous les supporters de l’Atleti. Surtout que sur le papier, les deux ont des styles très similaires. Véloce, pas très grand sans être avare d’effort, les deux sont des attaquants fuyants, visibles et protagonistes par leur science du jeu et du déplacement. Etre maitre du temps et de l’espace, savoir quand il faut faire le petit pas en retrait pour se libérer du marquage et quand il faut faire le sprint pour griller la priorité à un défenseur, c’est là où Grizou et Joao excellent. Même si le second, logiquement plus jeune n’a pas encore la capacité de pouvoir être versatile au point de pouvoir animer et aussi conclure, l’investissement colossale sur sa nouvelle pépite de l’Atleti semble réfléchi.
Surtout que la meilleure version de Joao Felix dans sa courte carrière, on l’a aperçu dans un 442 taillé pour lui à Benfica. Cantonné à un rôle de supersub dans le 433 de Rui Vitora, c’est dans le 442 de Bruno Lage qu’il va montré la plénitude de ses qualités. Associé à Seferovic à la pointe de l’attaque des rouges, Joao Felix fait étalage de sa classe mais surtout de sa capacité à fuir les défenseurs pour ensuite les prendre à revers avec une course en rupture ou une conduite de balle audacieuse dans le coeur du jeu. Etre un numéro 10 doté d’un cerveau qui voit le jeu très rapidement, ça aide à être performant et s’adapter. Son association avec Haris Seferovic, un buteur qui aime être dans le trafic tout en étant à l’aise en profondeur a fait des ravages.
Cette écosystème, Joao Felix pouvait le retrouver à Madrid sur le papier. Diego Simeone est un apôtre du 442, Morata est capable de faire des courses en rupture, d’user les défenseurs avec un combat physique mais aussi d’être un point d’appui intéressant pour un joueur aussi associatif que Joao Felix. Sauf que très rapidement le portugais se voit exiler sur le côté. Une blessure, une méforme globale et des partenaires offensifs trop peu consistant en terme de performances vont conduire l’Atleti dans une situation complexe et rajouter de la pression sur le jeune portugais.
Une difficile prise de pouvoir
Après des débuts encourageants en Liga en terme de résultats malgré un jeu loin d’être satisfaisant, les problèmes vont vite arriver pour les hommes de Simeone. L’Atleti confirme qu’il n’a pas la qualité pour faire le jeu, sauf que l’équipe est bien plus attendu qu’auparavant. Surtout qu’en plus de ça, l’équipe attaque globalement moins bien et défend avec moins d’assurance qu’avant. Perdre Diego Godin, ça se remarque logiquement. Dans le coeur du jeu, Thomas se montre, mais il est bien seul. Marcos Llorente n’arrive pas à retrouver des sensations, Saul et Koke n’apportent que peu de plus value. Devant, Joao Felix et Diego Costa vont subir des blessures qui vont faire mal.

Forcé de bricoler après avoir investi plus de 200 millions cet été, Diego Simeone doit relancer coup sur coup Vitolo, Correa et Lemar pour tenter de générer du danger. Le 442 n’a plus trop de sens, l’Atleti se retrouve souvent avec le ballon mais semble incapable de pouvoir changer le rythme et générer des décalages. Alvaro Morata n’existe que pas intermittence, ce qui rend l’Atleti encore plus inoffensif qu’habituellement. Alternant le satisfaisant et le moins bon, les Colchoneros sont pourtant pas décrocher au classement et réussissent même à se qualifier pour les huitièmes de finale de C1 tout en finissant l’année 2019 sur le podium de Liga. Une surprise et une prouesse, oui oui.
C’est à ce moment charnière de la saison que Joao Felix devait retrouver allant et réussite. Sans but depuis septembre en Liga, le Portugais est souvent hors du coup, ne pèse que trop rarement sur les rencontres et voit un Correa plus protagoniste que jamais. Dans le même temps, alors que février est déjà là, l’Atleti est de nouveau décroché au classement. A perdu la coupe en bois organisée en Arabie Saoudite et surtout a perdu à Eibar avant d’aligner un 0-0 assez pitoyable face à Leganes, deux clubs engagés dans la lutte pour le maintien.
Des prestations affligeantes qui relancent logiquement les questions autour du choix de Joao Felix et de la capacité de l’Atleti à devenir un club qui joue le titre chaque saison. Actuellement l’avenir n’est pas sain autour de Joao Félix, tout est remis en cause, il doit performer dans l’urgence et son développement personnel et mis de côté pour le faire devenir le plus vite possible performant pour l’équipe. Devenir un football professionnel est compliqué, dans de telles conditions, cela relève souvent du miracle.
Un Atleti ralenti par son héritage
Actuellement, l’Atleti fait face à son histoire. Le Cholismo, qui a conduit le club a joué deux finales de Ligue des Champions et remporté une Liga a logiquement enfanté des fidèles qui ont repris des préceptes de l’entraineur argentin. Actuellement, Getafe est une parfaitement illustration de ce que la réussite de Diego Simeone a conduit comme révolution en Liga. Globalement, on cherche surtout à être à solide défensivement actuellement en Espagne. Une situation qui pose problème à l’Atleti qui lui cherche à se changer pour pouvoir faire face à ces équipes toujours plus solides et cohérentes sans le ballon mais qui n’y arrive pas. L’Atleti est bien souvent neutre et sans intérêt quand elle doit faire le jeu.
Joao Felix, a performé dans une championnat ouvert avec une équipe très au dessus des autres et avec des consignes assez libres. Le natif de Viseu a aussi eu avec lui la surprise, il a émergé très rapidement et n’avait pas encore une réputation conséquente au point de concocter des plans pour le bloquer. A Madrid, il trouve un club qui se cherche une animation, doit composer avec des offensifs intermittents du spectacle le tout dans un championnat homogène et surtout qui sait comment mettre en échec le Cholismo. Actuellement il doit déjà être au four et au moulin, attendu et regardé alors qu’il n’a pas vraiment fini sa formation, il ne peut logiquement, pas être le porte étendard du nouvel Atletico si les tauliers du groupe n’impulsent rien en amont.

Quand le natif de Viseu sort son meilleur match (face à Villarreal) avec notamment 9 tirs et pas moins de 2 Key Pass, les Madrilènes doivent concéder un 0-0 et son coéquipier Morata est très discret. Actuellement, l’Atleti est l’équipe qui sous-performe le plus en terme de xGoals en Liga avec 22 buts mais un peu plus de 34 xGoals sur l’ensemble du championnat.
Mais que cherche Diego Simeone chez ses offensifs ?
L’histoire n’est pas encore tragique pour Joao Felix qui peut encore marcher dans les pas de Paulo Futre et Antoine Griezmann mais il semble aussi capable de rejoindre une liste bien moins enthousiasmante : celle des offensifs qui n’ont jamais pu exister sous le Cholo. Dans l’effectif, Vitolo, Angel Correa et Thomas Lemar en sont encore des représentants, les trois n’ont jamais réussi à devenir des titulaires indiscutables et alterne le bon et souvent le mauvais.
Le retour de Yannick Ferreira Carrasco, dernier joueur de couloir a avoir réussi sous Diego Simeone peut permettre à Joao Felix de retrouver un rôle de finisseur qui lui correspond bien et surtout qu’il connait. Cependant ce transfert, valide aussi le choix qu’il est très difficile de trouver sa place à l’Atleti tant le technicien argentin est exigeant avec ses offensifs sans le ballon notamment. Le destin reste dans les mains de Joao Felix, qui n’a que 20 ans et est donc encore maniable mais le temps presse pour l’Atletico qui ne peut plus être patient et doit retrouver régularité dans la performance.
Benjamin Chahine