Mercato – Valencia CF : Paco Alcácer, le retour de Pomponette, bonne idée ?

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Paco Alcácer a été le capitaine du Valencia CF avant de trahir son club formateur pour partir sans succès au FC Barcelone. Poussé vers la sortie au Borussia Dortmund, le buteur se verrait bien de retour chez les Blanquinegros, sous l’oeil bienveillant du propriétaire Peter Lim. Retour sur une idylle contrariée et un retour potentiel loin d’être accepté par l’afición.

Si Paco Alcácer était une chanson de Serge Reggiani, ce serait « Ballade pour un traître ». Enfant chéri du Valencianismo, le capitaine est parti sans un mot, sans une explication au FC Barcelone en août 2016, quelques heures avant son 23e anniversaire. Régulièrement sélectionné avec la Roja, sans être un cadre, le natif de Torrent avait le profil pour devenir le titulaire en pointe l’Espagne lors du Mondial. Son départ chez les Blaugrana a mis un terrible coup de frein à sa carrière. Trois ans et demi après sa fuite, peu utilisé au Borussia Dortmund où il évolue depuis 2018, le buteur souhaiterait revenir dans son club. Une volonté qui ne laisserait pas indifférents Peter Lim et Anil Murthy mais qui heurterait les supporters blanquinegros.

« Paquito », l’enfant du pays

Pour comprendre les réticences quant à un éventuel retour, il faut revenir dix ans en arrière. Paco Alcácer a longtemps été le fils préféré du Valencianismo. Né à Torrent, il a fait toutes ses classes avec le club che. Il joue son tout  premier match en coupe d’Espagne en 2010. Le xiquet a tout juste 17 ans et du potentiel à revendre. Son histoire avec le Valencia CF est fusionnelle, surtout depuis que son père est décédé d’une crise cardiaque en 2011 quelques minutes après que son fils a inscrit son tout premier but avec l’équipe A, lors du Trofeo Naranja qui ouvre la saison à Mestalla. Alcácer est suivi par le Barça, déjà. En 2012, il est prêté à Getafe pour s’aguerrir et gagner en expérience. La saison 2013-2014 lance définitivement sa carrière. Roberto Soldado est parti enterrer sa carrière à Tottenham car il ne croyait pas au projet che et Alcácer devient titulaire. 13 buts en 34 matches : « Paquito » est devenu Paco. Les saisons 2014-2015 et 2015-2016 confirment les espoirs placés en lui avec 24 buts en 73 matches. Son chemin est tout tracé : un jour, il aura son portrait sur la façade de Mestalla, ou du Nou Mestalla si le monstre de béton revenait d’entre les morts.

 

Argument de sa défaveur : son exil manqué

C’est un peu trop facile de vouloir revenir, de clamer son amour depuis plusieurs semaines quand la trajectoire n’a pas été celle escomptée. Capitaine de « son » club à 23 ans, Paco Alcácer était destiné à devenir une légende du Valencia CF. Mais au lieu de s’inspirer du contre-exemple Soldado, il décide à son tour de s’envoler vers d’autres cieux, comme un voleur, sans un mot pour son afición. Direction le FC Barcelone.

Mais n’est pas David Villa qui veut. A aucun moment il n’a été en mesure de faire évoluer son jeu pour grappiller des minutes. De roi de Valencia, Alcácer est devenu un quidam au Barça. Son bilan chez les Culés est très moyen : 15 buts en 50 matches et rarement titulaire en 2 ans. Le Mondial en Russie ? C’est Rodrigo Moreno, son remplaçant à Valencia, qui lui a soufflé le dernier strapontin. Prêté en 2018 au Borussia Dortmund, il s’est adapté rapidement à la Bundesliga. Il a même réalisé une première saison de haut vol avec 19 buts en 31 matches. Titulaire en début de saison 2019-2020, son entraîneur Lucien Favre lui préfère désormais d’autres attaquants. L’arrivée cet hiver de la jeune pépite norvégienne, Erling Håland, auteur d’un triplé dès son premier match n’arrange pas sa situation. Alcácer est poussé vers la sortie. Et Valencia devient une porte de sortie appréciable, comme un lot de consolation.

La direction che n’est pas à une bêtise près, les supporters sont habitués. Mais celle-ci serait colossale. Vendre Rodrigo Moreno, un joueur au QI foot très élevé, décisif et qui s’est battu pour devenir une icône du club afin de rapatrier un traître qui a des envies de retour uniquement parce qu’il n’a pas trouvé son bonheur ailleurs, cela frôle l’insulte.

Argument en sa faveur : Valencia a besoin d’un 9 international

Si Paco Alcácer était une chanson de Richard Anthony, ce serait « Amoureux de ma femme ». Le buteur désormais âgé de 27 ans aurait retrouvé sa fibre che ! Aux dernières rumeurs, il ne voudrait qu’une seule chose : un retour à Valencia. Cependant, Villarreal serait aussi à l’affût après le départ de Karl Toko Ekambi à Lyon, tout comme l’Atlético de Madrid et Séville.

Jamais à l’abri d’une idée farfelue, Peter Lim, le propriétaire blanquinegro qui n’avait rien fait pour retenir le capitaine de l’époque, serait enthousiaste à l’idée de faire revenir Alcácer… pour mieux vendre Rodrigo Moreno. Au Barça, évidemment. Après Jérémy Mathieu, André Gomes, Jeison Murillo, Neto et donc Paco Álcacer, le board blaugrana n’a pas peur de retenter sa chance.

Au-delà du fait que les deux joueurs n’ont absolument pas le même style de jeu et que Rodrigo est essentiel dans le jeu che, Lim et par voie de conséquence le président Anil Murthy se feraient encore moins d’amis qu’ils n’en ont déjà. Certes, actuellement 7e de Liga, le Valencia CF a grand besoin de renfort devant au moment d’aborder un calendrier très chargé avec la Copa del Rey et la Ligue des Champions. Alors pourquoi pas Alcácer ? En effet, l’adaptation serait rapide puisqu’il connait le club et la Liga. Mais dans quel rôle ? Pur buteur de surface, il n’a pas du tout le même registre que Rodrigo Moreno. Ce ne serait pas un remplacement poste pour poste et, entre Maxi Gómez et Kevin Gameiro (potentiellement sur le départ cet hiver lui aussi), Valencia n’a pas besoin immédiat pour ce genre de profil. Or, dans l’hypothèse d’un départ du Français, le retour d’Alcácer en prêt avec option d’achat pourrait constituer une bonne compensation. Mais a-t-il le niveau pour devenir titulaire ? Le Borussia Dortmund réclame 40 millions d’euros pour l’attaquant. Hors budget, sauf si Rodrigo, cadre indispensable, est contraint au départ. Sur le plan sportif, cela n’aurait pas de sens; sur le plan financier, beaucoup plus.

Cependant, un retour forcerait Alcácer à redoubler d’efforts pour être de nouveau adopté par une afición qui a la dent très dure avec ceux qui n’ont pas respecté l’écusson. Et puis, sait-on jamais, les places en attaque avec la Roja ne sont pas encore clairement établies. Peut-être que cette fois-ci, « Paquito » repasserait devant Rodrigo pour être dans les 23.

Marine Bardouin et François Miguel Boudet

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