Liga – Ernesto Valverde au Barça, une union qui se termine sans surprise

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Le timing est incohérent mais les dirigeants du FC Barcelone se sont enfin décidés à virer Ernesto Valverde. Ancien attaquant recruté par Johan Cruijff, « Txingurri » a payé une défaite en demi-finale de la SuperCopa, après des mois sur la corde sensible. Tacticien reconnu, Ernesto Valverde n’a jamais été en mesure de s’adapter aux vertus du Barça, sans jamais, crise de lèse-majesté pour les socios, promouvoir la Masia.

Ernesto Valverde est-il un bon entraîneur ? Oui. Ernesto Valverde est-il un bon tacticien ? Oui. Ernesto Valverde était-il fait pour le Barça ? Absolument pas. Les 30 derniers mois l’ont peut-être fait oublier mais le natif d’Estrémadure est un vrai bon coach, performant quand ses équipes n’ont pas la charge du jeu, privilégiant un travail de défense conséquent et la contre-attaque.

Alors, quand Josep María Bartomeu va le chercher à l’Athletic, soit l’antithèse du Barça, Valverde dispose d’une réputation flatteuse et a le bénéfice de connaître la maison puisqu’il a porté le maillot blaugrana à la fin des années 1980, recruté par un certain Johan Cruijff. Cependant, un point majeur demeure en suspens : « Txingurri » (la fourmi en basque, sa terre d’adoption depuis ses 7 mois) a-t-il la capacité d’adapter ses préceptes à la philosophie culé ? Le bilan est sans appel : c’est un échec massif.

Faites entrer l’accusé

Peut-on sauver le soldat Valverde au lendemain de son licenciement ? Messi-dépendance exacerbée, projet de jeu absent, éliminations précoces en Ligue des Champions contre la Roma puis Liverpool : ce Barça-là a beau avoir remporté des titres, il n’a jamais séduit. Pire : il a été renié par une partie de l’afición, l’autre n’osant remettre en cause le board de Bartomeu, trop heureux des résultats économiques du club.

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Valverde n’est coupable que de deux choses : ne pas avoir su s’adapter à la culture maison et ne pas avoir promu Carles Aleñá et Riqui Puig, deux perles de la Masia. Pour autant, est-il responsable à 100% ? Quand les dirigeants arrachent sa signature, « Txingurri » n’apporte aucune garantie quant au jeu de possession. Ce serait même l’inverse. L’avoir choisi est une erreur ontologique de Bartomeu et son équipe. Reprocher à Valverde d’être Valverde n’a aucun sens, d’autant que sa méthode a fonctionné partout où il est passé (Espanyol, Valencia, Olympiakos, Athletic). De plus, et c’est certainement LA vraie interrogation de son mandat, quelle était sa place au sein d’un vestiaire en auto-gestion, voire en roue libre, qui l’a mâché pendant plus de 2 ans avant de le recracher au retour d’une défaite anecdotique en Arabie Saoudite ?

Crédits : Iconsport

Il est facile de blâmer le messager et, assurément, Valverde n’a pas été au niveau escompté. Mais qui l’a été ? Cet effectif qui n’avait manifestement pas envie de progresser avec cet entraîneur, laissant Messi multiplier les coups de génie pour faire oublier ses propres manquements. A ce titre, l’arrivée de Quique Setién sera révélatrice : cette équipe a-t-elle encore l’envie de courir, de se sacrifier, de tout simplement se remettre en question ? Avec le Cantabre, il ne faudra pas longtemps pour passer au révélateur.

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Jeunes mais pas si jolis ?

Ernesto Valverde n’a pas puisé dans le vivier de la Masia, utilisant trop peu les Carles Aleñá, Riqui Puig, Carles Pérez et Ansu Fati. S’il y a bien un domaine dans lequel il a été performant, notamment à l’Athletic, c’est bien celui de faire progresser les jeunes. Soit il est complètement incompétent, ce que pense une bonne partie des supporters culés, soit, et ça risque de beaucoup moins plaire, ces canteranos ont-ils le niveau requis pour le Barça ? Le club rêve encore de sa génération dorée mais la Masia est-elle capable de ressortir de tels joueurs susceptibles d’encaisser le passage de la B à la A et de s’imposer sur la durée ?

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Quand le club signe Frenkie De Jong dès janvier 2019, le message est aussi envoyé par les dirigeants. A un poste clef, le Barça recrute à prix d’or et ne pioche pas dans ses propres ressources. Cela avait déjà été le cas avec l’arrivée rocambolesque d’Arthur Melo un an plus tôt. Par ailleurs, la volonté excessive de voir jouer des canteranos est un phénomène qui s’observe régulièrement dans les clubs en crise de jeu. Cela relève parfois même de l’incantation tant cela semble simple : les gamins redoreront le blason écorné. Et si, tout simplement, le Barça n’était plus le meilleur endroit pour faire progresser les meilleurs de la Masia ?

Si économiquement le FC Barcelone n’a jamais été aussi puissant, cela faisait très longtemps qu’il n’avait proposé un jeu aussi pauvre, tourné vers les éclairs d’une individualité géniale. Ernesto Valverde ne pouvait restaurer le jeu blaugrana car son style ne correspondait pas au paradigme de l’afición. Est-il le seul à devoir porter cette croix et être le paratonnerre d’un effectif atone et de dirigeants à côté de la plaque ? En choisissant Quique Setién pour remplacer Txingurri, Bartomeu procède à un virage à 180 degrés. Ce qui, outre le timing de la décision, a le mérite de démontrer une chose à la face du monde du football : sur le plan sportif, il ne sait absolument pas où il va.

François Miguel Boudet

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