Marqué par la forte présence de joueurs sud-américains ou issus de la Serie A depuis le début de l’ère QSI, le PSG s’est cependant « hispanisé » depuis quelques saisons. Des recrues ne provenant pas du carnet d’adresse d’un directeur sportif comme ce fut le cas pour les premiers cités avec Leonardo mais davantage d’opportunités de marché. Il est vrai que les footballeurs espagnols ont la côte depuis plusieurs années maintenant, jouissant ainsi d’une certaine image méliorative : technique, fiable et avec un très bon état d’esprit. La seule interrogation demeure leur faculté d’adaptation une fois arrivée dans un nouveau championnat.
Le PSG s’est alors laissé mener par la tendance et a vu débarquer dans ses rangs plusieurs joueurs hispaniques comme Jesé ou Berchiche et même un entraîneur en la personne d’Unai Emery. Ce tournant à l’accent espagnol s’est intensifié lors du dernier mercato puisque Bernat, déjà au club depuis un an, a été rejoint par ses compatriotes Sergio Rico, Ander Herrera et Pablo Sarabia. Hormis l’ancien gardien de Séville qui doit faire face à la rude concurrence de Keylor Navas, ancien pensionnaire également de Liga, tous ont joué un rôle dans la première moitié de saison de l’équipe parisienne. Bilan d’intersaison et perspective d’avenir au sein du club de la capitale…
Juan Bernat : une valeur sûre et surprenante
Lors du dernier jour du mercato estival 2018, le PSG signe Juan Bernat. Il est vrai que son arrivée ne provoque que peu de réactions de la part des supporters parisiens. Contraint de se serrer la ceinture après un été 2017 historique avec les venues conjointes de Neymar et Mbappé, Paris ne peut plus se permettre de folies. Recruté pour 5M d’euros seulement en provenance du Bayern Munich, l’Espagnol jouit pourtant d’une solide expérience après ses débuts à Valence et son passage en Bavière. Sa mission ? Remplacer son compatriote Yuri Berchiche transféré quelques semaines plus tôt à l’Athletic après une saison convaincante en France. Concurrent d’un Layvin Kurzawa en perdition depuis de longs mois en raison notamment de blessures récurrentes, Bernat arrive alors dans un contexte favorable.
Titulaire d’entrée, il saisit d’emblée sa chance par des prestations abouties. Il se révèle même décisif en Ligue des Champions comme en atteste ses buts importants en phase de poules contre Liverpool et Naples puis en 8ème contre United lors de la triste élimination de son club. Ses réalisations ont permis d’attirer sur lui les lumières, lui qui était jusqu’alors peu connu du grand public. Très à l’aise techniquement, rapide, mobile et agressif, il fait étalage de ses qualités à chaque sortie. Il varie ses prises de décisions en prenant soit la profondeur qui débouche souvent sur un centre de qualité soit en repiquant dans l’axe tel un ailier pour perforer la défense adverse soit en combinant avec ses coéquipiers pour créer des décalages. Cette polyvalence dans le jeu est un atout supplémentaire non négligeable dans les circuits de jeu à disposition de Tuchel.
Son état d’esprit irréprochable achève de convaincre les supporters parisiens que leur club a bien fait de l’attirer. Les doutes à son arrivée étaient pourtant bien réels. Numéro 3 dans la hiérarchie des latéraux gauches du Bayern derrière Alaba et Rafinha et poussé vers la sortie par ses dirigeants, les doutes sont pourtant très vite chassés. Quant aux interrogations sur sa forme physique, il a participé lors de sa première saison à 42 matchs et en est déjà à 23 cette année. D’ailleurs, il poursuit cette saison sur sa lancée avec une régularité dans les bonnes performances ce qui lui vaut d’être cité parmi les Parisiens les plus compétitifs et d’être rappelé en sélection. Avec cette adaptation réussie, les exigences et les responsabilités vont être de plus en plus importantes à son encontre surtout avec les mésaventures de Kurzawa qui quittera très probablement Paris à la fin de son contrat dans 6 mois.
L’ancien valencian sera donc scruté avec attention lors de la phase finale de la Ligue des Champions. En confirmant son nouveau statut, une prolongation lui sera très certainement offerte, lui dont le contrat court jusqu’en juin 2021. L’arrivée d’une nouvelle concurrence, sans doute plus performante ou le replacement de Diallo à gauche, sera également une nouvelle épreuve pour lui. Quoiqu’il en soit, Bernat a toutes les cartes en main actuellement pour poursuivre son aventure parisienne.
Ander Herrera : l’énigme se poursuit
Arrivée libre en provenance de Manchester United, Ander Herrera avait pour objectif d’amener son expérience et de garnir un milieu parisien souvent peu fourni ces dernières années. Comme Berchiche en son temps, il s’intègre très facilement dans son nouvel environnement et pratique aisément le Français peu de temps après son installation dans la capitale. Mais à l’inverse de Bernat, le contexte sportif ne lui est pas évident avec le recrutement en parallèle de Gueye, la montée en puissance de Paredes et la volonté de Tuchel d’installer Marquinhos au milieu de terrain. Le pari est donc risqué mais il sait qu’avec la malchance du club parisien au niveau des blessures, il aura sa chance tôt ou tard. Il effectue d’ailleurs une pré-saison convaincante avec 4 titularisations en 4 matchs ce qui lui vaut d’être titulaire pour le Trophée des Champions contre Rennes. Mais une blessure au mollet le prive du début du championnat et l’éloigne des terrains pendant 1 mois.
Il rejoue une vingtaine de minutes contre Strasbourg mais est trop juste pour prétendre à une titularisation contre le Real Madrid quelques jours plus tard. Il entra néanmoins en fin de match pour assurer la victoire de son équipe (3-0). On pense que ce contre-temps est anecdotique avec l’enchaînement de prestations convaincantes comme face à Marseille mais une nouvelle blessure au pied et un claquage mettent fin prématurément à son année 2019. Finalement, l’ancien de l’Athletic n’aura participé qu’à 11 matchs (7 titularisations) sur les 26 disputés par son équipe. Le bilan est donc très contrasté car malgré ses pépins physiques, Herrera a su mettre en avant ses qualités footballistiques. Fin technicien, il a pris le jeu de son équipe à son compte lorsqu’il était sur le pré en imposant son tempo.
Ce n’est pas rien quand on sait que le PSG est dépendant de Verratti voir de Neymar lors des phases de construction. Ses maîtrises technique et tactique ont d’ailleurs libéré l’Italien qui a pu se projeter davantage. Sa combativité est également à souligner quant on sait le manque de personnalité et de gout de l’effort des Parisiens dans ce domaine. Enfin, avec son expérience, il s’est rendu indispensable au sein d’un groupe qui a perdu Buffon et Daniel Alves. La suite de la saison demeure en somme flou pour le Basque qui devra faire face à la progression constante de Paredes et au profil indispensable de Gueye. Encore faut-il que son corps le laisse tranquille…
Pablo Sarabia : des débuts prometteurs avant de finalement rentrer dans le rang
Autre espagnol présent au PSG, l’arrivée de Pablo Sarabia avait été saluée par bon nombre d’observateurs. Après trois saisons pleines du coté de Séville, le joueur formé au Real Madrid débarque dans la capitale avec le titre honorifique de meilleur passeur de Liga. Avec une clause libératoire de seulement 18M d’euros, le PSG investit ainsi sur un joueur dans la forme de sa vie et dont le profil répond aux besoins de l’effectif parisien. Milieu offensif jouant sur un coté et parfois dans l’axe, sa technique et son sens du collectif lui permettent de s’adapter facilement au jeu technique et en transition rapide prôné par Tuchel. Par ses passes tranchantes et ses appels de qualités, il désoriente à lui tout seul une défense adverse à l’image d’un Di Maria.
Malgré un coté un peu brouillon et parfois trop timide, ses débuts sont très prometteurs. Il participe à 16 des 17 premiers matchs de sa nouvelle équipe, seule une légère blessure le prive du choc face à l’Olympique Lyonnais. Son état d’esprit altruiste et travailleur saute tout de suite aux yeux, lui qui bénéficie des blessures de Neymar, M’bappé et Draxler pour gagner du temps de jeu. Robert Moreno récompense alors son bon début de saison en l’appelant pour la première fois avec la Roja. Le premier tiers de saison est donc concluant même s’il n’affole pas autant les stats qu’à l’accoutumée mais son adaptation demeure réussie. Sa polyvalence, chère à son coach, est également louable. La problématique qui se pose alors est son statut une fois les titulaires habituels revenus. Tuchel peut être satisfait de lui mais il n’a pas non plus crevé l’écran de sorte qu’aujourd’hui il ne représente qu’un joueur de rotation qui doit également se méfier du bon retour de Draxler.
À l’instar de Herrera, l’ancien de Getafe continuera de bénéficier de temps de jeu notamment en Ligue 1 voir en Ligue des Champions en cas de blessures ou suspension. Mi-novembre Robert Moreno le convoque de nouveau lui permettant d’ouvrir son compteur en sélection. Mais quid de Luis Enrique ? Sa participation à l’Euro étant pour le moment hypothétique. Son but égalisateur contre le Real Madrid est à même de lui donner confiance afin de montrer qu’il mérite davantage de responsabilités. L’avenir flou de Neymar, M’bappé et Draxler et le vieillissement de Di Maria pourront peut être lui donner plus de chance à moyen terme.

En somme, les récents recrutements de joueurs espagnols ont permis de garnir l’effectif du PSG à moindre coût tout en apportant de l’expérience et de la polyvalence. La réussite de Bernat et les adaptations au sein du groupe de Herrera et Sarabia montrent pour l’instant que ces paris sont réussis. En dehors du terrain, l’hispanisation du club de la capitale en plus des sudaméricains a permis d’intégrer plus facilement des joueurs comme Neymar, Icardi et Navas. Leur apport ne se mesure donc pas uniquement sur le terrain. Cette donnée n’est pas à prendre à la légère quant on sait l’importance du vivre ensemble dans des compétitions aussi fatigantes psychologiquement que la Ligue des Champions. De plus, l’avenir de Neymar et Icardi au PSG dépendra aussi de l’ambiance régnante à l’intérieur du groupe. Réponse en fin de saison…
Melvil Chirouze
@iamxmelvil