Son nom était annoncé plus que proche de la Roja après avoir brillamment remis sur le droit chemin Alaves. Sauf que le retour de Luis Enrique a tout chamboulé et le Pitu Abelardo a du attendre la bonne offre pour retrouver l’ivresse des terrains quelques mois après avoir quitté sa deuxième grande réussite avec Alaves. Meilleur pompier de service d’Espagne, l’Asturien retrouve un défi à la hauteur de son CV, mais qui s’annonce encore épuisant moralement. Etat des lieux.
Dans le fond, on se dit que l’Espanyol a bien fait d’enfin appeler le faiseur de miracle Abelardo mais on se dit aussi que l’Asturien aurait mérité mieux. Pas que l’Espanyol soit un petit club, les Barcelonais sont par exemple qualifiés pour les phases à élimination directe de la Ligue Europa et restent un club important en Espagne. Sauf qu’actuellement, les Pericos sont derniers du championnat, n’ont marqué que 10 points en 18 journées et sont déjà à 5 points du premier non relégable, 9 du premier groupe de clubs hors de la zone rouge. Une situation qui rappelle ce qu’a vécu Abelardo à Alaves, avec le même dénouement ?
Mêmes problèmes, mêmes solutions ?
Comme au Pays Basque, Abelardo retrouve un club qui n’a jamais trouvé la bonne formule cette saison, qui a écumé 2 entraîneurs sans jamais réussir à trouver de la continuité. L’effectif est cependant plus qualitatif à Barcelone qu’à Vitoria mais il lui manque une ligne directrice pour retrouver les succès. Comme lors de ses deux précédentes nominations, Abelardo a un lien particulier avec l’Espanyol. Cette fois, il n’a jamais joué sous le maillot Pericos mais il vit à Barcelone et c’est dans cette ville, sous le maillot du Barça qu’il a rempli son armoire à trophées.
« J’ai eu la chance de pouvoir sortir Alavés d’une situation compliquée mais chaque club est différent et les situations le sont aussi. Commençons maintenant à partir de zéro. Une ligue de 20 matchs commence et nous avons un désavantage de cinq points que nous devons surmonter. Il nous reste 60 points à jouer et nous devons les jouer comme si c’était la finale de la Ligue des champions«
Au Pays Basque, Abelardo avait très vite apposé son 442 strict et vertical. Son Alaves était une des équipes qui réalisait le moins de passes de Liga. Adapté parfaitement à ses joueurs, il a permis à Jony et Ibai de prendre une épaisseur différente lors de sa deuxième saison au club. Sur une année civile, il avait marqué près de 60 points avec une formation qui semblait condamner à la descente lors de sa nomination. Abelardo semble être un génie, il a vécu deux missions qui semblaient perdues d’avance sur les bancs et à chaque fois, il a tutoyé les sommets, amenant ses groupes à leur maximum ou presque.

Après être devenu une légende vivante du Sporting Gijon et d’avoir permis à Alaves de s’installer en Liga durablement, Abelardo a la lourde tâche de remettre l’Espanyol en première partie de tableau. Sa méthode est simple, travailler, travailler, travailler et surtout, ne jamais virer dans le fatalisme. Sa première conférence de presse en tant que mister des Pericos a tout de la masterclass. Des sourires, des petites blagues et des déclarations qui font sens. Abelardo a plus d’expérience que David Gallego et est moins dogmatique que Pablo Machin, suffisant pour redresser une mission qui semble perdu d’avance ?
De nombreux travaux
Sans identité ni satisfaction sur ce début de saison, l’Espanyol doit lancer sa saison, avec 18 journées de retour et un malus de 5 points. C’est le Leitmotiv d’Abelardo, cela ne sert à rien de ressasser le passé, il reste 20 journées et 60 points à distribuer, il faudra être l’une des meilleures pour espérer se maintenir et le technicien Asturien fera tout pour réussir ce paris. Au programme, comme Machin avant lui, il va devoir relancer un bon nombre de joueurs mais aussi reconnecter un effectif qui ne semble toujours pas avoir digérer le départ de Rubi.
« Nous devons transmettre ce désir de gagner, de rivaliser pour que les gens veuillent être avec nous«
Des différents transfuges estivaux, seul Bernardo et Vargas ont montré des choses intéressantes. Le premier a surtout profité de la défense à 3 de Pablo Machin pour exister quand le reste de l’équipe continuait de sombrer. De son côté, l’offensif Argentin, l’un des plus gros achats du club, a été longuement blessé et a surtout existé par séquences. Actuellement, Marc Roca, Melendo, Calero, Pedrosa, Calleri ou encore Chucky Ferreyra sont loin de leur meilleur niveau. C’est le premier grand travaux d’Abelardo, réussir à relancer ce beau monde pour espérer retrouver les succès. Quand Pablo Machin était venu avec un schéma très exigeant, Abelardo va surement proposer un 442 connu du plus grand nombre et très facilement assimilable par ce groupe.

L’autre grand mission d’Abelardo est de reconnecter la figure de l’entraîneur à ce groupe, orphelin du départ de Rubi. L’actuel coach du Betis avait un lien très fort avec son groupe, lui avait donné beaucoup de confiance en lui et une capacité de résilience importante. C’est après une longue période sans victoire que les catalans ont réussi un sprint final parfait pour accrocher une qualification en Ligue Europa.
« Je veux une équipe qui vibre, debout et qui n’abandonne pas une balle perdue. Toujours compétitif. Nous devons sortir avec la mentalité de gagner.«
Les figures de Gallego et Machin n’ont jamais réussi à tisser de tels liens avec ce groupe. Pire encore, l’ancien de Séville a eu des mots très dur à son encontre, ce qui a scellé la fracture avec celui-ci, même pas un mois après son arrivée. Très bon dans la gestion des hommes, Abelardo aura fort à faire sur ce point qui est pourtant crucial pour la performance.
Limiter la casse face au Barça et espérer un match fondateur rapidement ?
Pour la première journée de 2020, l’Espanyol reçoit le Barça. Un club qu’Abelardo connait parfaitement, l’Asturien a joué plus de 200 matchs avec les blaugrana mais n’a jamais connu le succès sur les bancs face à son ex. Pire encore c’est face à l’autre club de Barcelone qu’il a un de ses pires billets en tant qu’entraîneur. Cependant, ce match peut permettre de proposer des choses avec le moins de pression possible. Pas que les matchs face au Barça peuvent être pris par dessus la jambe, mais quand on attend pas beaucoup de toi, il est plus facile de performer ou en tout, le terrain est plus favorable.

Après ce premier match, l’Espanyol d’Abelardo va enchaîner deux matchs compliqués sur le papier avec un déplacement à Villarreal et la réception de l’Athletic après un match de Copa del Rey. L’idée est pourtant d’espérer un « miracle » qui ferait du bien à tout le monde. À Alaves, sa formidable remontée a débuté face à Girona, après avoir été mené 2-0, les basques ont marqué 3 buts dans la dernière demi-heure et se sont fait du bien au moral et au classement. Ce genre des matchs est impossible à prévoir mais un formidable antidote au marasme ambiant. Abelardo a signé jusqu’à la fin de la saison avec les Pericos, on verra donc rapidement si la méthode de l’Asturien est une faiseuse de miracle ou si la situation de l’Espanyol était la marche de trop pour l’ancien de Gijon.
Benjamin Chahine
@BenjaminB_13