Des buts, mais surtout des beaux buts, du jeu, mais surtout du beau jeu, un public, mais surtout quel public ! Le match entre l’Osasuna et la Real Sociedad était attendu bien au-delà de l’Euskal Herria et n’a déçu les attentes de personnes. Les Navarrais auraient pu espérer mieux sans une expulsion, mais les Donostiarrak ont confirmé être l’une des équipes les plus redoutables actuellement. Retour sur l’un des plus beaux matchs de cette première partie de saison.
Des équipes menées par deux individualités
Parler de l’équipe d’un joueur, comme certains parlent du « Barça de Messi », peut parfois sembler réducteur et injuste pour ses coéquipiers. Surtout quand le joueur en question n’est pas le capitaine de cette équipe. Mais dans le cas de l’Osasuna et de la Real Sociedad, ce sont bien des footballeurs qui ne sont pas capitaines – qui ne sont pas non plus Navarrais ou Basque – qui sont obligatoirement attachés au nom de leur équipe. L’Osasuna rime avec Ávila quand la Real Sociedad rime avec Martin Ødegaard. Les deux hommes sont arrivés cet été et ont depuis gagné une place des plus importantes dans leurs équipes respectives.
L’Osasuna est une équipe de guerriers, dont le 4-4-2 a pour mission de ne jamais rien lâcher. Accompagnés par la quinzaine de milliers de supporters du Sadar, les Rojillos n’ont pas le choix et se battent du début à la fin, enchainement tentatives sur tentatives, peu importe le score. Chimy Ávila y trouve ici l’environnement le plus propice pour son jeu. N’hésitant pas à chercher le contact, à courir comme une lionne après une gazelle sans jamais s’arrêter, l’Argentin emmène avec lui les 9 autres joueurs de champ.
La Real Sociedad a trouvé avec Imanol Alguacil le style de jeu qui lui convient. Une tactique que l’on le doit au coach basque mais également à l’une de ses recrues estivales, Martin Ødegaard. Prêté par le Real Madrid, le Norvégien importe une nouvelle lecture du jeu et surtout des frappes aussi puissantes que précises. Son style profite à toute l’équipe et Ødegaard a déjà prouvé qu’il est un jeune attaquant bourré de talent.

Une entame de jeu dominée par les Txuri-urdin
Quand deux équipes ont pour habitude de commencer au plus fort chacun de leurs matchs, l’objectif est de le faire avant l’adversaire. Il n’aura fallu qu’une quinzaine de minutes à la Real Sociedad pour y parvenir. Martin Ødegaard, ayant vu le trou dans la défense adverse, lance Oyarzabal qui ouvre le score. Environ trois minutes après, c’est Portu qui se propulse au centre de la surface de l’Osasuna pour y tromper Sergio Herrera. Avant la première demi-heure de jeu, Ødegaard se charge d’un coup franc bien placé et envoie le ballon en pleine lucarne.
Si la Real Sociedad semble alors dominer le match, l’impression laissée par le tableau d’affichage ne se retrouve pas forcément dans le jeu. L’Osasuna persévère bien que le troisième but ait modérément affecté le moral des joueurs. On le sent, les Gorritxoak sont moins précis et la connexion entre ses différents joueurs est altérée par l’effet néfaste du score. Même Chimy Ávila est moins dangereux, continuant ses ruées folles vers la surface d’Alex Remiro, mais cherchant davantage une faute qu’autre chose.
Seul El Sadar, et surtout son public, n’est pas affecté par le score et continue d’encourager les Navarrais comme il se doit. Finalement, c’est bien sur un coup franc obtenu juste avant la mi-temps que les choses vont changer. Roberto Torres, capitaine de l’Osasuna, envoie son ballon sur la tête d’Aridane Hernández avant que celui-ci ne marque le premier but des Rojillos. Le retour aux vestiaires se fait dans le calme et on sent que nous allons assister à une seconde période encore plus folle.

Une expulsion des plus pénalisantes pour l’Osasuna
Jagoba Arrasate est un entraîneur qui aime gueuler, et la mi-temps a sans aucun doute été l’occasion pour lui de mettre la pression à ses joueurs. Moins de deux minutes après la reprise du match, Chimy Ávila profite d’une erreur défensive pour mettre le feu au Sadar, humiliant par la même occasion Alex Remiro avec une piquette parfaitement maitrisée. L’espoir renait pour Osasuna.
Avec encore un but à rattraper, les camarades de Chimy Ávila se battent pour revenir au score. Mais l’Osasuna est pénalisé par une charnière défensive moins rassurante. En effet, David Garcia est maladroit et Aridane Hernández – auteur du premier but – se laisse facilement dépassé. Ce dernier était pourtant, avant de souffrir d’une blessure musculaire, l’un des défenseurs centraux les plus performants de Liga. Heureusement, le but d’Ávila a relancé toute l’équipe et les Navarrais reprennent le contrôle du ballon. Jusqu’à la 70e minute, l’égalisation ne semble être qu’une question de temps.
Tout bascule après les 25 premières minutes de la seconde mi-temps. Facundo Roncaglia donne un violent coup sur la nuque de Le Normand, rentré en jeu trois minutes auparavant. Si l’arbitre ne voit rien, l’action se déroulant dans son dos, il vérifiera la VAR à la suite des contestations de Willian José – qui prendra un carton jaune. Roncaglia est quant à lui exclu et laisse son équipe à 10 dans le pire moment possible. Peu après, Alexander Isak rentre en jeu dans l’attaque de la Real Sociedad et il ne faudra qu’une minute au Suédois pour se retrouver seul dans la surface et marquer.

Pas une minute d’ennuie dans ce Partidazo
À 10 et mené 2-4, l’Osasuna ne perd pourtant pas le moral et continue de se battre pour remonter. À la 83e, c’est le capitaine Roberto Torres qui envoie un ballon aérien à Chimy Ávila, qui parvient à le contrôler devant deux défenseurs de la Real, avant de se faire une auto-passe et d’envoyer le ballon de la tête au bout du filet.
L’Osasuna s’incline finalement 3-4 mais aura participé à l’un des plus beaux matchs de cette première partie de saison. Jagoba Arrasate aura bien joué le coup après l’expulsion, faisant rentrer Fran Mérida et Jon Moncayola pour solidifier le milieu de terrain – et non pas la défense fraichement amputé d’un membre. Porté par un public enflammé et par un Chimy Ávila qui est à fond du début à la fin, l’Osasuna s’incline pour la deuxième fois de la saison à Iruñea, toujours face à une équipe basque. De son côté, la Real Sociedad confirme avoir un jeu offensif redoutable. Après avoir obtenu le nul sur sa pelouse face au Barça, le club de Donostia profitera de belles vacances en place européenne. Porté par Martin Ødegaard, la Real Sociedad est parvenu à ne pas trembler sur l’une des pelouses les plus exigeantes de la Liga.

C’est un match qui a tenu en haleine les supporters des deux équipes, mais aussi les amateurs de football en général. Une belle vitrine pour le championnat espagnol, avec deux équipes peu médiatisées mais proposant un jeu des plus agréables à regarder. Leurs parcours respectif seront évidemment à suivre en 2020.
Jérémy Lequatre-Garat
@Euskarade